"Bitoniau à huis clos" : le Conseil national de la refondation d'Emmanuel Macron boycotté par les oppositions

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FranceSoir avec AFP
Publié le 08 septembre 2022 - 12:40
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Ludovic Marin/AFP
Boycotts, absences et réserves : Emmanuel Macron lance le Conseil national de la refondation avec beaucoup de peine.
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Emmanuel Macron a donné jeudi le coup d'envoi du Conseil national de la refondation (CNR), destiné à "rebâtir du consensus" pour réformer la France, mais boycotté par les oppositions et une partie des syndicats, qui estiment qu'il s'agit d'un "bitoniau à huis clos" et que la politique française se décide à l'Assemblée nationale. Pour réponse, le chef de l'État a estimé que "les absents ont toujours tort".

"Nous sommes dans une situation historique", avec les défis climatique, énergétique et la guerre en Ukraine, a martelé le chef de l'État devant la presse avant d'ouvrir la séance inaugurale du CNR en présence d'une quarantaine de représentants des élus, du patronat, de syndicats et d'associations, ainsi que d'une dizaine de ministres.

Dans ce contexte, il faut "s'armer de bonne volonté, de courage" et "agir sur le terrain" pour "changer les choses en profondeur", a-t-il lancé dans le décor du Centre national du rugby à Marcourssis (Essonne).

Cette nouvelle méthode de gouvernance, annoncée par le président avant les législatives en juin et voulue comme un outil de "renouveau démocratique", est très contestée et tous les partis d'opposition ont choisi de la boycotter.

"Les absents ont toujours tort", a répliqué Emmanuel Macron, en notant que douze représentants des "forces vives de la Nation", sur les 52 invités, n'étaient pas au rendez-vous. Mais la "porte sera toujours ouverte", a-t-il dit.

De droite à gauche, les oppositions voient avant tout dans le CNR un moyen pour le président de contourner le Parlement, où son camp n'a plus de majorité absolue, pour reprendre la main dans le débat public.

Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, a qualifié ce CNR de "bitoniaux à huis clos".

De son côté, Jordan Bardella a fait savoir sur Twitter que le Rassemblement national ne prendrait pas part à ce Conseil de défense, estimant que "l'avenir de la France se décide et se débat à l'Assemblée nationale".

"Il ne faut pas expliquer après qu'on n'a pas été consulté, ou que c'est trop vertical", a averti le chef de l'État en dressant le programme de la nouvelle instance.

"Je n'exclus rien"

Les propositions issues des débats du CNR pourront "déboucher sur des référendums", a-t-il relevé: "Je n'exclus rien".

Cinq grands thèmes ont été retenus dans les échanges à venir dans les prochains mois : le plein emploi, l’école, la santé, le "bien vieillir" et la transition écologique.

Un "consultation nationale très large" des Français sera aussi proposée en ligne "dès la semaine prochaine", a-t-il annoncé. Un site dédié au CNR doit aussi être lancé dans la soirée, a précisé l'Elysée.

Le CNR a débuté ses travaux loin des yeux du public, à huis clos, certains participants n'ayant pas souhaité une diffusion des débats, selon l'Elysée. "La clé (était) d'installer la confiance", a relevé Emmanuel Macron, pour justifier ce choix.

Le président du Sénat, Gérard Larcher, a refusé de venir, estimant que "la démocratie représentative", c'est le Parlement, et qu'il existe déjà un "forum de la société civile" avec le Conseil économique, social et environnemental (Cese).

Côté majorité, l'ex-Premier ministre Edouard Philippe, retenu par un congrès au Québec, était le grand absent mais s'est fait représenter.

Seuls trois syndicats ont répondu présents : la CFDT, la CFTC et l'Unsa.

Démarche "confuse"

"Je veux savoir si c'est une démarche loyale ou si ce n'est pas le cas", a déclaré le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, à son arrivée tout en expliquant être dans une logique de "propositions".

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a appelé à "donner sa chance au produit".

Guy Geoffroy, vice-président de l'Association des maires de France (AMF) y voit une "main tendue" mais il sera "très vigilant sur le point d'arrivée de la démarche engagée". La démarche "nous semblait un peu confuse. Le président a fait en sorte que ce soit moins confus", a-t-il rapporté à Marcoussis.

Après un propos introductif du président, les participants ont présenté leurs attentes et priorités. Dans l'après-midi, la Première ministre Élisabeth Borne présidera une réunion pour déterminer les chantiers et établir leur mise en œuvre dans la durée.

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