Depuis la Jordanie, François Hollande s'alarme de la situation en Syrie
Le président français François Hollande s'est alarmé mardi à Amman du blocage des négociations de paix sur la Syrie et de la reprise des combats, qui font craindre, selon lui, un nouvel afflux de réfugiés en Jordanie.
"Pour la Jordanie, ce qui se passe à Genève est très important. La suspension des négociations est préoccupante. Car si la trêve est rompue, les combats reprendront, les civils vont fuir de nouveau. Il n'y aura pas d'espoir", a déclaré M. Hollande lors d'un entretien avec le roi de Jordanie Abdallah II.
Le chef de l'Etat français achève en Jordanie un périple de quatre jours au Moyen-Orient, après le Liban et l'Egypte, dominé par les crises de la région.
Lundi au Caire il avait appelé à "tout faire" pour maintenir la trêve entre le régime et les rebelles en Syrie.
L'opposition syrienne a suspendu sa participation "formelle" aux délicates négociations de paix de Genève pour protester contre la "détérioration" de la situation en Syrie, où la trêve est menacée.
Une aggravation de ce conflit, qui a fait 270.000 morts et jeté des millions de personnes sur les routes de l'exil, pourrait provoquer un nouvel afflux de réfugiés dans les pays limitrophes, au Liban, en Jordanie et en Turquie.
Le royaume hachémite est, comme le Liban, sous forte pression: il accueille plus de 600.000 Syriens selon les chiffres de l'ONU, 1,4 million selon les autorités.
Et le flux ne se tarit pas. Les autorités jordaniennes ont annoncé lundi qu'environ 50.000 Syriens se pressent aujourd'hui dans un no man's land désertique sur la frontière syro-jordanienne. Un nombre en forte augmentation alors qu'ils étaient 16.000 trois mois plus tôt.
Saluant "la grande solidarité" du royaume pour accueillir ces réfugiés, François Hollande a aussi donné raison à la priorité sécuritaire affichée par Amman face aux risques d'infiltration de membres du groupe Etat islamique (EI) parmi les réfugiés.
"Il y a encore des réfugiés qui viennent de Syrie pour fuir les combats autour de Raqqa et de Palmyre. Vous devez leur donner du soutien mais aussi faire attention à ce que le terrorisme ne s'infiltre pas parmi eux", a-t-il ainsi affirmé.
M. Hollande devait évoquer cette question lors d'une table ronde des responsables du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), de l'Unicef et des ONG françaises, avant de gagner la base aérienne Prince-Hassan, à une centaine de km au nord-est d'Amman.
C'est de ce site que décollent les avions français pour aller bombarder des cibles de l'EI en Syrie et Irak dans le cadre de la coalition conduite par les Etats-Unis.
Auparavant, il a promis de soutenir le royaume dont toute l'économie "se trouve affectée" par l'afflux des réfugiés, a-t-il dit au Forum d’affaires franco-jordanien.
"Je suis venu pour réaffirmer le soutien de la France à la Jordanie", a affirmé M. Hollande, promettant une aide d'un milliard de dollars pour les trois prochaines années, principalement sous forme de prêts. L'Agence française de développement (AFD) a signé à Amman un mémorendum d'entente prévoyant un montant cumulé de prêts de 900 millions d'euros pour la période 2016-2018.
Les deux pays ont signé d'autres accords de coopération notamment dans les domaines de la justice, de l'énergie solaire, de l'eau et de l'agriculture.
Par ailleurs, une question délicate pourrait être abordée par M. Hollande. Avant son départ de France, l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT) lui a demandé de plaider en faveur de l'extradition de deux personnes mises en cause dans l'attentat de la rue des Rosiers à Paris, qui avait fait six mort le 28 août 1982.
La justice française avait émis en 2015 quatre mandats d'arrêts internationaux contre des membres présumés du commando ayant mené l'attentat au cœur de Paris, il y a près de 34 ans, dont deux hommes d'origine palestinienne résidant aujourd'hui en Jordanie.
La justice jordanienne a refusé de livrer ces deux suspects à la France mais le procureur général d'Amman a fait appel en février de cette décision.
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