Des bourses genrées pour davantage de mixité au lycée, dès la rentrée 2022

Auteur(s)
FranceSoir
Publié le 23 novembre 2021 - 17:02
Image
Un rapport remis au ministère de l'Education nationale par neuf experts préconise de remettre à la rentrée prochaine les mathématiques dans le tronc commun dès la classe de première
Crédits
© Martin BUREAU / AFP/Archives
Les enfants choisiront-ils leur filière pour remplir des quotas ?
© Martin BUREAU / AFP/Archives

Selon un rapport de l'Éducation nationale publié en 2019, le parcours et la réussite des jeunes, ainsi que leurs choix d’orientations et de poursuite d’études, sont très différents chez les filles et les garçons. Ces différences ont un impact sur l'insertion sur le marché de l'emploi, et sont source des inégalités professionnelles et salariales entre les femmes et les hommes. Pour combattre ces inégalités professionnelles, Claude Roiron, déléguée ministérielle à l'égalité filles-garçons, s’est fixé un objectif de mixité de 30 % dans les enseignements de spécialité au lycée d'ici à cinq ans. Pour ce faire, des bourses seront attribuées en fonction du genre, à partir de la rentrée 2022.

Pour une vraie mixité, les garçons devraient s’orienter davantage vers des métiers réservés aux filles

En 1959, la réforme Berthoin a légalisé la mixité des lycées. À partir de ce moment, de plus en plus de femmes se font une place dans “un monde d’hommes”. Cependant, comme le reflètent des études concernant le changement de perception des rôles traditionnels attribués aux sexes, ce sont souvent les filles qui changent leur manière de voir les choses, qui occupent de plus en plus des rôles et emplois “non traditionnels”. Ce changement ne s'opère pas de la même manière du côté des garçons. Selon une enquête réalisée par Lego, par exemple, les filles auraient effectivement changé leurs perceptions, qui suivaient auparavant les stéréotypes longuement véhiculés dans la société. Au contraire, 71 % des garçons interrogés craignaient qu'on se moque d'eux s'ils jouaient avec ce qu'ils qualifiaient de « jouets de filles ». À l'école aussi, explique Claude Roiron dans L’Express, le changement s'est toujours fait dans un seul sens : “ce sont les filles qui se sont orientées progressivement vers des formations autrefois réservées aux garçons. Jamais l'inverse.”

Il n'y a pas réellement d'égalité fille-garçon à l'école

Selon Claude Roiron, on a vécu dans une fausse égalité garçon-fille à l'école, car l'institution scolaire n’a pas encore analysé sérieusement le sujet. Résultat, les choix d'orientation sont aujourd'hui plus genrés qu'il y a vingt ans. Une note de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance de l’Éducation nationale : "près de neuf élèves sur dix ayant choisi « mathématiques et SI » ou « mathématiques et NSI » sont des garçons. La doublette « mathématiques et physique » demeure largement masculine (64 %). À l’inverse, parmi les élèves ayant choisi « humanités et LLCER » et « humanités et SES », plus de 8/10 sont des filles. Elles sont aussi surreprésentées dans les doublettes « LLCER et SES », « HGGSP et LLCER », et « HGGSP et humanités ». C'est sur ces filières que l'Éducation nationale veut travailler.

Une bourse minoritaire de genre

Les "bourses de l'égalité" viseront donc à changer la donne, et viseront à apporter une vraie mixité dans ces formations historiquement réservées soit aux filles, soit aux garçons. Dès la prochaine rentrée scolaire, dans un premier temps, des élèves boursiers de seconde se verront offrir une sorte de bonification de leur allocation, qui pourrait aller jusqu'à plusieurs dizaines d'euros par mois s'ils choisissent un enseignement de spécialité en première où ils sont minoritaires en genre. Ces garçons qui opteront pour la philosophie et la littérature, ou ces filles qui choisissent les sciences de l'ingénieur ou le numérique, seront donc récompensés. “Cette bonification pourrait être doublée en classe de terminale si l'enseignement est conservé”, détaille la déléguée ministérielle. Pour éviter de stigmatiser les élèves les plus pauvres en réservant cette bourse aux élèves boursiers, cette expérimentation espère s'élargir à un public plus large. Cependant, selon Claude Roiron, cela risque de prendre quelques années, car “nous allons nous donner du temps pour atteindre notre objectif.”

À LIRE AUSSI

Image
Debout les femmes ! François Ruffin
François Ruffin vent debout dans "Debout les femmes !"
CRITIQUE — Avec Debout les femmes ! François Ruffin, député de la France insoumise et journaliste de formation, n'en n'est pas à son premier documentaire. Après "Merci...
23 novembre 2021 - 15:35
Culture
Image
Smartphone
Comment repérer une éventuelle addiction aux écrans ?
Le temps passé à consulter les réseaux sociaux, les actualités, une recette ou une adresse a explosé depuis que les dispositifs portables et la connexion internet se s...
04 novembre 2021 - 11:54
Lifestyle

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.