Dupond-Moretti annonce un effort "inédit" pour la justice à Marseille
Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a annoncé vendredi un effort "inédit" pour la justice marseillaise, qui souffre d'un manque d'effectifs et de salles d'audiences, avec des magistrats supplémentaires et la construction d'ici 2028 d'un nouveau palais de justice.
"C'est un plan Marshall pour la justice phocéenne que nous annonçons", a affirmé le garde des Sceaux lors d'un discours devant des magistrats et les chefs de juridiction de la deuxième ville de France.
"A Marseille, comme partout en France, la justice a besoin de moyens", a ajouté le ministre en se félicitant d'avoir obtenu une "hausse du budget de 30% sur ce quinquennat" au niveau national.
Face au manque d'espace du tribunal de Marseille, le troisième de France -le plus important après Paris et Bobigny-, et à l'éclatement forcé de ses activités en six sites, M. Dupond-Moretti a promis une nouvelle cité judiciaire d'ici 2028, avec une nouvelle construction sur 40.000 mètres carrés.
"La construction d'un nouveau palais de justice est nécessaire", a insisté le ministre.
Depuis des mois, le président du tribunal judiciaire de Marseille Olivier Leurent et la procureure Dominique Laurens alertaient aussi sur le manque de moyens humains dans cette juridiction qui a le plus grand pôle social de France mais aussi des compétences très larges pour juger les affaires de criminalité organisée et d'atteintes à l'environnement.
Marseille est officiellement dotée d'un effectif de 118 juges et de 46 magistrats pour le parquet.
Le garde des Sceaux a annoncé qu'en 2023 le tribunal disposera de 139 juges, dont quatre sur un contrat d'objectif et de moyens de trois ans, et le parquet de 56 magistrats, sans précision sur la part de postes supplémentaires pérennes.
Il a également annoncé 10 postes de greffiers pour 2022.
"Marseille avait pris un retard tel qu'on était au bord du précipice. On bénéficie d'un rattrapage indispensable, c'est un effort considérable", a réagi le président du tribunal Olivier Leurent, qui avait alerté dans le passé sur le risque d'un "déni de justice" si les moyens n'étaient pas renforcés.
Le maire de Marseille, le socialiste Benoît Payan, qui a rencontré le ministre de la Justice, s'est félicité "des renforts historiques obtenus auprès du garde des Sceaux" qui marquent selon lui "une réponse concrète aux attentes de la mairie et du monde judiciaire".
"Évidemment c'est bien qu'il y ait de nouveaux postes, mais ce n'est pas assez", a réagi de son côté le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche) en regrettant qu'il y ait de "grands oubliés" comme le "tribunal pour enfants, exsangue", ou le pôle civil "en prise quotidienne avec les besoins des citoyens, (...) qui ne seront pas renforcés".
"On a aussi de grandes interrogations sur le caractère pérenne des postes annoncés, est-ce que ce sont de vraies créations", a ajouté Laurence Buisson, membre de ce Syndicat, soulignant que "10 greffiers c'est dérisoire, les besoins sont évalués à 25".
Dans un communiqué commun avec le SM, le Syndicat des avocats de France (SAF) a dénoncé lui une visite "électoraliste", "annoncée la veille", et des "annonces encore loin de la réalité des besoins de la juridiction marseillaise, de ses professionnels et de ses justiciables".
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