Edouard Philippe Premier ministre : avec cette nomination, la recomposition est bien en marche
ENCHAINEMENT DROITE-GAUCHE - Elle était promise, annoncée, serinée même sur tous les tons: c'est désormais une réalité. La recomposition du paysage politique français est en marche depuis la nomination du juppéiste Édouard Philippe en tant que premier chef de gouvernement d'Emmanuel Macron, lundi 15. L'ex-ministre d'un gouvernement de gauche a pris comme Premier ministre un élu de droite et qui se revendique comme tel. Pas un centriste teinté de bleu ou de rose, un élu LR, un vrai, qui a participé à la fondation de l'UMP, aïeul des Républicains, fait la campagne de la primaire de la droite pour Juppé et participé -bien qu'un moment seulement- à celle pour la présidentielle de Fillon. C'est qui plus est un choix de la part d'Emmanuel Macron, et non un diktat lié à une défaite aux législatives ayant entraîné une cohabitation.
Et si certains ténors LR, en vieux routiers de la politique, clament que c'est le signe qu'il faut donc élire un maximum de candidats de leur parti pour donner à ce Premier ministre de droite une majorité de droite, c'est un écran de fumée. Loin de donner raison à ses adversaires, Emmanuel Macron leur a ainsi plutôt tendu un piège qui se veut mortel, ou au moins mortifère.
Le plus jeune président de l'histoire de France veut la majorité aux législatives pour pouvoir gouverner et mettre en œuvre son programme. Et face au champ de ruines qu'est devenu le paysage politique, son constat est simple.
"A qui la faute?"
Il estime ainsi que la gauche n'est pas en mesure de lui faire de l'ombre, entre un PS laminé, payant des divisions trop fortes et de trop longue date, et une France insoumise certes en pleine dynamique mais qui paiera son manque d'ancrage et de militants expérimentés faute d'avoir réussi à s'allier au PC. La stratégie est certainement volontaire de la part de Jean-Luc Mélenchon, qui veut en finir avec le boulet rouge et porter le coup de grâce à une place du Colonel Fabien agonisante depuis les premières banderilles plantées par Mitterrand. Mais le résultat est là: Mélenchon devra attendre encore. Et pourrait même échouer à obtenir les 15 députés synonymes d'un groupe à l'Assemblée nationale, et donc de moyens.
Le FN, défait au second tour par Macron et qui doit gérer la déception de ceux qui y ont cru -avec son cortège de bagarres internes pour savoir "à qui la faute"- n'est pas une menace, encore empêché qu'il est par le plafond de verre. Mais le parti engrangera tout de même une victoire avec probablement des dizaines de députés et un groupe.
En réalité seule la droite, flanquée de son supplétif de centre droit UDI, est en mesure de concurrencer Emmanuel Macron aux législatives. Ou "était" plutôt.
Car la nomination d'Edouard Philippe, boxeur dans la vie privée et puncheur de la vie politique, qui ne craignit pas d'en venir "presque aux mains" avec Nicolas Sarkozy, a été chaleureusement accueillie par des ténors LR. Une vingtaine d'élus de la "gauche de la droite", partisans de Juppé et Le Maire en tête, ont ainsi publié dès lundi soir un texte de soutien à Macron, très vite rejoints par Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Louis Borloo. "Plutôt que les anathèmes, les caricatures, les exclusions, nous demandons solennellement à notre famille politique d'être à la hauteur de la situation de notre pays", écrivent-ils dans cet appel à "répondre à la main tendue" par Macron. Difficile de faire plus clair.
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