Edouard Philippe Premier ministre : avec cette nomination, la recomposition est bien en marche

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 16 mai 2017 - 11:28
Image
Le maire du Havre Edouard Philippe présente les candidats du parti "La République en marche" pour le
Crédits
© CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Le nouveau Premier ministre de Macron Edouard Philippe se revendique comme un "homme de droite".
© CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Une bonne gauche, une bonne droite et une garde bien centrée: voilà à quoi pourrait ressembler le futur paysage politique français après la recomposition déjà largement avancée. La nomination à Matignon d'Edouard Philippe, un vrai "homme de droite", lundi, présage ainsi d'autres ralliements. Voire de l'explosion de LR?

ENCHAINEMENT DROITE-GAUCHE - Elle était promise, annoncée, serinée même sur tous les tons: c'est désormais une réalité. La recomposition du paysage politique français est en marche depuis la nomination du juppéiste Édouard Philippe en tant que premier chef de gouvernement d'Emmanuel Macron, lundi 15. L'ex-ministre d'un gouvernement de gauche a pris comme Premier ministre un élu de droite et qui se revendique comme tel. Pas un centriste teinté de bleu ou de rose, un élu LR, un vrai, qui a participé à la fondation de l'UMP, aïeul des Républicains, fait la campagne de la primaire de la droite pour Juppé et participé -bien qu'un moment seulement- à celle pour la présidentielle de Fillon. C'est qui plus est un choix de la part d'Emmanuel Macron, et non un diktat lié à une défaite aux législatives ayant entraîné une cohabitation.

Et si certains ténors LR, en vieux routiers de la politique, clament que c'est le signe qu'il faut donc élire un maximum de candidats de leur parti pour donner à ce Premier ministre de droite une majorité de droite, c'est un écran de fumée. Loin de donner raison à ses adversaires, Emmanuel Macron leur a ainsi plutôt tendu un piège qui se veut mortel, ou au moins mortifère.

Le plus jeune président de l'histoire de France veut la majorité aux législatives pour pouvoir gouverner et mettre en œuvre son programme. Et face au champ de ruines qu'est devenu le paysage politique, son constat est simple.

"A qui la faute?"

Il estime ainsi que la gauche n'est pas en mesure de lui faire de l'ombre, entre un PS laminé, payant des divisions trop fortes et de trop longue date, et une France insoumise certes en pleine dynamique mais qui paiera son manque d'ancrage et de militants expérimentés faute d'avoir réussi à s'allier au PC. La stratégie est certainement volontaire de la part de Jean-Luc Mélenchon, qui veut en finir avec le boulet rouge et porter le coup de grâce à une place du Colonel Fabien agonisante depuis les premières banderilles plantées par Mitterrand. Mais le résultat est là: Mélenchon devra attendre encore. Et pourrait même échouer à obtenir les 15 députés synonymes d'un groupe à l'Assemblée nationale, et donc de moyens.

Le FN, défait au second tour par Macron et qui doit gérer la déception de ceux qui y ont cru -avec son cortège de bagarres internes pour savoir "à qui la faute"- n'est pas une menace, encore empêché qu'il est par le plafond de verre. Mais le parti engrangera tout de même une victoire avec probablement des dizaines de députés et un groupe.

En réalité seule la droite, flanquée de son supplétif de centre droit UDI, est en mesure de concurrencer Emmanuel Macron aux législatives. Ou "était" plutôt.

Car la nomination d'Edouard Philippe, boxeur dans la vie privée et puncheur de la vie politique, qui ne craignit pas d'en venir "presque aux mains" avec Nicolas Sarkozy, a été chaleureusement accueillie par des ténors LR. Une vingtaine d'élus de la "gauche de la droite", partisans de Juppé et Le Maire en tête, ont ainsi publié dès lundi soir un texte de soutien à Macron, très vite rejoints par Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Louis Borloo. "Plutôt que les anathèmes, les caricatures, les exclusions, nous demandons solennellement à notre famille politique d'être à la hauteur de la situation de notre pays", écrivent-ils dans cet appel à "répondre à la main tendue" par Macron. Difficile de faire plus clair.

À LIRE AUSSI

Image
Le maire du Havre Edouard Philippe présente les candidats du parti "La République en marche" pour le
Edouard Philippe : ce que l'on sait de la vie privée du nouveau Premier ministre
Beaucoup de Français n'ont découvert le visage du nouveau Premier ministre Edouard Philippe que lors de sa nomination ce lundi. Son parcours politique mais aussi sa vi...
15 mai 2017 - 20:11
Politique
Image
La vice-présidente du MoDem Marielle de Sarnez à Paris, le 13 mai 2017
La nomination de Philippe, "signal de rassemblement", selon Sarnez (MoDem)
Le président du MoDem François Bayrou s'est dit "très heureux" lundi sur Twitter de la nomination d’Édouard Philippe à Matignon, "en raison de ses qualités humaines et...
15 mai 2017 - 17:27
Image
Le Premier ministre Edouard Philippe sur TF1 à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 15 mai 2017
"UMPS", "annexion de la droite, "regrets" : les réactions à la nomination d'Edouard Philippe comme Premier ministre
L'annonce de la nomination d'Edouard Philippe, membre du parti Les Républicains, au poste de Premier ministre ce lundi a provoqué de nombreuses réactions, la gauche y ...
15 mai 2017 - 22:49
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.