Scandale UberFiles : Emmanuel Macron à nouveau dans la tourmente

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FranceSoir
Publié le 11 juillet 2022 - 14:55
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Travis Travanick Emmanuel Macron Uber
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AFP - F. Froger / Z9 - DR
Travis Travanick, PDG de Uber, et Emmanuel Macron.
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Après McKinsey, Rothschild et Alstom, entre beaucoup d'autres affaires sensibles, voici venus les "UberFiles". Un nouveau scandale politico-économique dont les faits remontent à l'année 2015, et dont l'ampleur met (encore) à mal le gouvernement Macron. Et pour cause ! Le 10 juillet dernier, nous apprenions par la voie de The Guardian que pendant son mandat de ministre de l'Économie sous François Hollande, Emmanuel Macron jouait l'avocat du diable pour la société de VTC américaine Uber, louvoyant avec la justice française en dépit de l'intérêt national.

“Vous êtes des flibustiers !”

Le journal britannique The Guardian a récupéré des milliers de documents compromettants sur le lobbying d'Uber à l'international, puis les a partagés avec le Consortium international des journalistes d’investigation. On y découvre la participation secrète de l'actuel président français.

Nous sommes à l'été 2015, quand Emmanuel Macron et Travis Travanick, président directeur général d'Uber, échafaudent leur plan. C'est avec leur offre "Pop" que la société américaine prévoit de faire un malheur en France. Cette dernière permettait à tout un chacun de s'improviser chauffeur, écrasant par là même le marché des taxis français. Et, si cette pratique a rapidement été jugé illégale, Emmanuel Macron s'est évertué à la faire perdurer contre vents et marées.

Entre rendez-vous de lobbying, négociations avec la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et investissement personnel, le jeune ministre de l'Économie français obtiendra tant bien que mal l'adoucissement de la règlementation pour Uber. Le revers de la médaille, c'est que les taxis français ont manifesté en nombre, et que cela a déclenché de vives tensions.

Lire aussi : Stade de France: les déflagrations politiques d'une "soirée du chaos"

"Devrions-nous faire confiance à Cazeneuve ?", demande alors Travis Travanick à Emmanuel Macron. Alors ministre de l'Intérieur — donc responsable de la bonne gestion des manifestations, l'intéressé faisait montre d'une farouche opposition au développement de la société de VTC en France, leur premier marché d'exportation. "Vous êtes des flibustiers", martelait Bernard Cazeneuve aux dirigeants d'Uber, sachant qu'ils étaient sous le coup de nombreuses enquêtes dans l’hexagone, sur le plan pénal comme sur le plan fiscal. Néanmoins, le ministre de l'Économie sait ce qu'il fait. Comme le rapporte Radio France, il répond : "Nous avons eu une réunion hier avec le Premier ministre. Cazeneuve va faire taire les taxis et je réunirai tout le monde la semaine prochaine pour préparer la réforme et la bonne loi. Caz accepte l'accord. Quand êtes-vous sur Paris ? Best."

Quelques autres fois, alors qu'Uber se frotte à la justice française, Emmanuel Macron botte en touche. Mais la plupart du temps, il s'en occupe "personnellement". Radio France résume ainsi : "Les Uber Files révèlent d’autres contacts directs, réguliers, presque familiers, entre les dirigeants d’Uber et Emmanuel Macron. Bercy semble avoir pris la main sur le dossier des VTC - un secteur pourtant placé sous la responsabilité du ministère des Transports. Et Uber se montre reconnaissant. Pour Uber, l’accueil dans les autres ministères est en revanche beaucoup plus froid. Aux Transports et à l’Intérieur, on dénonce les méthodes “de cow-boys” ou de “pirates” employées par l’entreprise américaine peu encline à se plier aux lois françaises."

Voir aussi : "Je n'ai jamais autant douté de la volonté de transparence du gouvernement" Laurence Muller-Bronn, sénatrice

Nous savons aujourd'hui que le président français n'a pas hésité à réitérer ce genre de pratiques, que ce soit avec l'entreprise Alstom, le cabinet de conseil McKinsey ou la banque Rothschild. Alors que son parti vient d'arracher de justesse une majorité relative à l'Assemblée nationale, et que le nouveau gouvernement, à peine constitué, est déjà sous le coup d'une motion de censure, cette nouvelle révélation pourrait bien achever la "Macronie".

De corruption à destitution

Sans surprise, la toile s'est enflammée en apprenant la nouvelle. Sur Twitter essentiellement, les internautes enragent :

"Alors que les citoyens se paupérisent, les conflits d'intérêt continuent au sommet de l'État", écrit Jean-Baptiste Rivoire, fondateur de Off Investigation.

À gauche, le secrétaire national d'Europe Écologie les Verts Julien Bayou accuse : "Macron ou celui qui a mis les lobbys au cœur du pouvoir. Autoroutes, General Electric, Uber, banques, la liste est longue des intérêts privés favorisés par l'ancien ministre de l'Économie devenu Président. Notre pays doit encadrer les lobbys."

À droite, le président du Rassemblement national Jordan Bardella se montre plutôt d'accord : "C'était de notoriété publique, les #UberFiles le démontrent une fois de plus. Malgré le « en même temps » permanent, le parcours d'Emmanuel Macron a une cohérence, un fil rouge : servir des intérêts privés, souvent étrangers, avant les intérêts nationaux."

De son côté, l'essayiste Mathieu Slama résume : "Macron a donc été le lobbyiste en chef d’une entreprise qui méprise les réglementations nationales, fait de l’optimisation fiscale, refuse le statut de salarié à ses chauffeurs et impose des pratiques managériales violentes. Il faut se rendre compte du scandale…"

Et d'aucuns profitent de l'occasion pour remettre sur la table les autres affaires de la Macronie :

En somme, cela donne encore du grain à moudre aux oppositions à la majorité d'Ensemble ! Ce lundi 11 juillet, alors qu'Élisabeth Borne se rend confiante à l'Assemblée nationale pour y assister au vote d'une motion de censure déposée à son encontre, il se pourrait que ces dernières nouvelles renversent la vapeur.

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