En meeting à Lyon et en hologramme à Paris, Jean-Luc Mélenchon refuse "les combines" et attaque frontalement Marine Le Pen
En chair en os à Lyon et sous la forme d'un hologramme à Paris: Jean-Luc Mélenchon a peaufiné ce dimanche 5 l'accélération de sa campagne, en s'attaquant de front à Marine Le Pen, en meeting à la même heure.
Après plus 10.000 personnes samedi 4 au meeting lyonnais d'Emmanuel Macron, porté par des sondages très flatteurs, M. Mélenchon a tablé sur une démonstration de force au moins aussi imposante, voire plus, pour sortir du passage à vide qu'il traverse depuis que le "frondeur" Benoît Hamon a été désigné candidat du Parti socialiste.
Alors que le Front national prévoyait entre 4 et 10.000 personnes au meeting de Marine Le Pen dans la même ville, l'équipe du leader de la France Insoumise a fait état de 12.000 personnes à Lyon et 6.000 à Aubervilliers, auxquelles s'ajouteront ceux qui seront postés devant des écrans géants hors des salles.
Le candidat de La France insoumise féru de nouvelles technologies a préparé son effet: c'est son hologramme qu'ont vu les spectateurs en Seine-Saint-Denis. Un dispositif préparé par l'entreprise "Adrénaline", pour un coût estimé par l'équipe de M. Mélenchon entre 30 à 40.000 euros. Et, selon son équipe, ce sera une première qu'un hologramme projette, via une transmission par satellite, un homme politique en quasi simultané, "avec deux secondes de décalage".
Le sujet des "frontières de l'humanité" était d'ailleurs au cœur de l'intervention du candidat à la présidentielle. "On va faire un discours très positif, déconnecté de la tambouille politicienne, donner un peu d'oxygène aux gens", a expliqué Manuel Bompard, son directeur de campagne. Il a donc été question de transition écologique, d'économie de la mer, de numérique et d'espace.
"Ce jour-là, à Lyon, il y aura, entre les deux fleuves, la Saône et le Rhône, les trois grandes pensées qui animent notre époque", avait expliqué le candidat dans une vidéo postée mercredi 1.
Affichant sa différence avec la présidente du FN et le meneur d'En marche!, il a détaillé "le communautarisme de Madame Le Pen", "l'indifférence aux autres qu'incarne le libéralisme de Monsieur Macron" et "notre pratique à nous, l'humanisme, celui de la solidarité, de la coopération, plutôt que de la compétition, et de l'universalisme".
Où est-ce que madame Le Pen a pu avoir l'idée de ne plus enseigner aux enfants d'étrangers ? #JLMHologramme
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 5 février 2017
Quant à l'hologramme, ce doit être "l'occasion de découvrir ce que tout le monde sait: quand l'esprit humain invente, quand on ne lui pose pas avant des conditions de couleur de peau, de religion ou de genre, eh bien l'imagination se déchaîne et elle met en partage les savoirs!", a-t-il plaidé, en faisant allusion au projet de Marine Le Pen, qu'il avait tenté d'affronter aux législatives à Hénin-Beaumont en 2012.
Dans un paysage politique incertain alors que François Fillon est empêtré dans le scandale d'emplois présumés fictifs de son épouse et de deux de ses enfants, M. Mélenchon va essayer de sortir plus fort de cette séquence, en s'ancrant dans la "cohérence de sa démarche et de son programme", explique M. Bompard.
Ce programme, "l'Avenir en commun", succès de librairie depuis sa sortie le 1er décembre, doit, selon lui, pouvoir "faire la synthèse de deux électorats": celui qui "se retrouve encore dans la latéralisation gauche-droite" et celui qui "ne veut plus des appareils et est dans une dynamique +dégagiste+".
Ce terme, emprunté à la révolution tunisienne de 2011, est théorisé par M. Mélenchon comme l'expression de l'"indignation" des Français face aux affaires.
Ce dimanche, le candidat de La France insoumise a aussi marqué ses différentes avec Benoît Hamon. Notamment sur le sujet des traités européens, dont Mélenchon veut sortir. Il a aussi déclaré: "Ce dont nous ne voulons pas, c'est des combines et des arrangements".
Benoît Hamon, qui a été officiellement investi par le parti socialiste, l'a interpellé pour former avec lui un "contrat de majorité". M. Mélenchon a déjà expliqué qu'il ne ferait alliance qu'à condition d'une révision des investitures socialistes pour les législatives, comme celle, symbolique, de la ministre du Travail Myriam El Khomri.
Une condition refusée jeudi 2 par le socialiste "frondeur", qu'un sondage diffusé samedi 4 créditait de 16% à 17% d'intentions de vote, devant Jean-Luc Mélenchon qui tourne autour de 11%-11,5%.
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