Hollande à Florange, Sarkozy à Gandrange : la "vallée des anges", cimetière des promesses présidentielles
Pour la troisième fois en trois ans, François Hollande s'est rendu ce lundi à Florange (Moselle), ville qui accueille le site sidérurgique d'ArcelorMittal marqué par l'extinction de ses hauts-fourneaux en avril 2013. Et ce alors même que le président de la République s'était engagé à l'empêcher.
Lors de la campagne présidentielle de 2012, le candidat Hollande l'avait promis: il ferait tout pour éviter la fermeture des hauts-fourneaux de Florange. En campagne, il voulait faire du site de la vallée de la Fensch, surnommée la "vallée des anges" en raison de la terminaison de la plupart de ses villes, le symbole de sa détermination à lutter contre la désindustrialisation de la France. Perché sur une camionnette, devant les salariés du site, il promettait même une loi qui obligerait les "firmes" à trouver un repreneur avant toute fermeture de site. Cette loi –dite "loi Florange"– a bien été votée, mais trop tard pour sauver l'aciérie lorraine.
Malgré un bras de fer de plusieurs semaines entre le gouvernement et Lakshmi Mittal, marquées notamment par l'évocation d'une nationalisation par l'alors ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, le site ferme. Et avec lui, 639 emplois sont supprimés. Un échec présidentiel perçu comme une trahison par les salariés. Ceux-là même devant lesquels François Hollande proclamait le 24 février 2012: "je viens devant vous prendre des engagements. (...) Je ne veux pas me retrouver dans la situation d'être élu un jour sur une promesse et ensuite de ne pas revenir parce qu'elle n'aurait pas été tenue".
Une promesse en forme de tacle appuyé à Nicolas Sarkozy, alors président de la République. Car l'échec de François Hollande à Florange renvoie directement à celui de son prédécesseur à Gandrange, quelques années auparavant.
4 février 2008. Le même groupe ArcelorMittal vient d'annoncer la fermeture partielle de son site de Gandrange. Un peu plus de 600 des 1.100 emplois du site sont menacés. Nicolas Sarkozy décide lui aussi d'en faire un symbole de sa politique industrielle et se rend sur place. "Gandrange vivra", lance-t-il devant les ouvriers. Son discours est offensif: "vous n'êtes pas seuls. On ne vous laissera pas tomber", dit-il, avant d'assurer qu'il faut "garder des usines en France (…) parce qu'un pays qui n'a plus d'usines est un pays qui n'a plus d'économie". Là aussi, le président en exercice promet de revenir, "avec des solutions".
L'aciérie ferme un an plus tard, le 31 mars 2009. Un échec dont se défend Nicolas Sarkozy, mais qui restera comme "un caillou dans (sa) chaussure", selon Edouard Martin, emblématique délégué syndical CFDT devenu depuis député européen PS. Nicolas Sarkozy reviendra bien, en octobre de la même année, mais par la petite porte, sans avoir prévenu ni les ouvriers ni la presse nationale, pour faire quelques annonces en faveur de l'activité dans la région. Ce sera sa dernière visite à Gandrange.
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