Le préfet de police veut empêcher les "convois de la liberté" de rallier Paris

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Par Alexandre HIELARD - Paris (AFP)
Publié le 10 février 2022 - 10:31
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Une participante à un "convoi de la liberté" brandit les drapeaux français et canadien le 9 février 2022 à Nice
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© Valery HACHE / AFP
Une participante à un "convoi de la liberté" brandit les drapeaux français et canadien le 9 février 2022 à Nice
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Le préfet de police a interdit le rassemblement annoncé dès vendredi à Paris des "convois de la liberté" partis de tout le pays pour dénoncer les restrictions sanitaires, sans dissuader leurs participants toujours fermement décidés à rejoindre la capitale.

"On a organisé ça depuis suffisamment longtemps (...) On ira sur la capitale quoi qu'il arrive", a affirmé à l'AFP Adrien Wonner, un éboueur et "gilet jaune" de 27 ans qui sera au départ depuis la Normandie.

"Il n'y a aucune loi qui nous empêche de prendre notre voiture et d'aller passer un week-end à Paris. C'est impossible d'empêcher tout le monde d'arriver", a renchéri Michel Audidier, un retraité de 65 ans, devant partir de Beauvais (Oise).

Plusieurs cortèges du mouvement inspiré de la contestation née au Canada sont partis dès mercredi de Nice, Bayonne ou Perpignan et continuaient à se mettre en marche jeudi.

Ses organisateurs le définissent comme "l'étape d'après" de la mobilisation antigouvernementale des "gilets jaunes" qui a agité la France fin 2018 - début 2019, et des opposants au pass sanitaire.

Tous prévoient de se retrouver à Paris vendredi soir puis de rallier Bruxelles pour une "convergence européenne" lundi 14 février. Les autorités belges ont toutefois décidé de leur interdire l'accès à Bruxelles, faute d'en avoir fait la demande.

Quant à la préfecture de police de Paris, elle a annoncé jeudi l'interdiction, de vendredi à lundi, de cette mobilisation pour "risques de troubles à l'ordre public". Elle prévoit aussi un "dispositif spécifique" pour "empêcher les blocages d'axes routiers, verbaliser et interpeller les contrevenants".

Le préfet Didier Lallement a rappelé que l'entrave à la circulation était passible de deux ans d'emprisonnement et que l'organisateur "d'une manifestation interdite" encourait six mois de prison et 7.500 euros d'amende. "Les participants seront verbalisés", a insisté la préfecture.

- "Pas la chienlit" -

"Des task forces composées de policiers de la préfecture de police, d'unités de forces mobiles, d'engins d'enlèvement ont reçu des consignes de fermeté et pourront se projeter sur d'éventuelles tentatives de blocage", a écrit jeudi soir la préfecture de police sur Twitter.

Au total, 7.200 policiers et gendarmes seront mobilisés dans la capitale ce week-end, a annoncé la préfecture de police de Paris dans un communiqué, évoquant un "dispositif conséquent"

"S'il y a blocage de routes, on sera sans pitié. L'addition risque d'être salée (...) On a des engins de levage pour enlever les véhicules et les emmener en fourrière", a indiqué à l'AFP une source policière.

L'avocat Juan Branco a annoncé jeudi avoir déposé un référé liberté devant le tribunal administratif de Paris contre l'arrêté du préfet. L'audience se tiendra vendredi à 14H30, a-t-on appris auprès du tribunal.

"Ils ont peur que ça fasse un effet de foule, ils voient que ça monte !", s'est réjoui Mathis Dubois, un jeune Charentais membre d'un convoi de quelque 250 véhicules qui faisait étape à la mi-journée à Maine-de-Boixe, au nord d'Angoulême (Charente).

Environ 2.500 personnes ont été comptabilisées au plus haut jeudi, "avec plus d'un millier de véhicules" au total, a-t-on appris de source policière, soulignant que le mouvement était fluctuant, ce qui rend le décompte délicat.

Le "mouvement reste encore très mesuré", ont précisé d'autres sources, ajoutant ne pas voir à ce stade de "stratégie de blocage en amont de Paris".

Interrogé jeudi soir sur LCI, le ministre de l'Intérieur a affirmé que les manifestations seraient autorisées mais "dans un cadre légal et accepté par tous".

"Si les gens veulent manifester normalement, ils pourront le faire. S'ils veulent bloquer la circulation, on interviendra (...) Ce n'est pas la chienlit la République Française", a ajouté Gérald Darmanin.

- "Essayer autre chose" -

Rémi Monde, l'un des initiateurs du mouvement, a indiqué à l'AFP que la revendication principale des manifestants était "le retrait (...) du pass et de toutes les mesures de contrainte ou de pression liées à la vaccination", en plus de mesures sur le pouvoir d'achat ou le coût de l'énergie.

"Nous avons manifesté, et nous pouvons continuer mais nous voyons que ça ne mène qu'à la confrontation, à la répression et à la violence", a-t-il ajouté, "nous voulons essayer autre chose, et voir quelle sera la réponse du gouvernement face à des gens pacifistes et joyeux".

Ces manifestations interviennent alors que le "Monsieur vaccin" des autorités Alain Fischer et le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal ont évoqué mercredi la fin du pass vaccinal "d'ici la fin mars" ou "début avril".

Le mouvement est "loin d'être solidement structuré" mais "ce nouveau mode d'action particulièrement médiatique pourrait permettre aux différents groupes contestataires de retrouver un nouvel élan", indique en outre une note du renseignement territorial, consultée par l'AFP.

Interrogé mercredi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a estimé que l'exécutif était "lucide, parfaitement conscient qu'il y a une lassitude vis-à-vis de cette épidémie et des mesures" de restriction.

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