Les convois anti-pass s'arrêtent aux portes de Paris, Macron appelle "au calme"
Partis en convois de toute la France, des milliers d'opposants au pass vaccinal ou au gouvernement se sont arrêtés vendredi aux portes de Paris, interdit d'accès par la préfecture de police tandis qu'Emmanuel Macron appelait "au plus grand calme".
"Nous sommes tous collectivement fatigués par ce que nous vivons depuis deux ans. Cette fatigue s'exprime de plusieurs manières: par du désarroi chez les uns, de la dépression chez d'autres. On voit une souffrance mentale très forte, chez nos jeunes et moins jeunes. Et parfois, cette fatigue se traduit aussi par de la colère. Je l'entends et la respecte", a souligné le chef de l'Etat dans un entretien à Ouest-France.
"Mais, ajoute-t-il, "j'en appelle au plus grand calme".
Les centaines de voitures particulières, camping-cars et camionnettes partis au lever du jour de Lille, Strasbourg, Vimy (Pas-de-Calais) ou Châteaubourg (Ille-et-Vilaine) se sont arrêtés vendredi soir aux portes de Paris, une source policière affirmant qu'aucun convoi n'est entré dans la capitale.
Beaucoup de fatigue et un début d'énervement étaient ressentis dans le cortège parti de Bretagne, qui s'est arrêté sur le parking d'un centre commercial de la périphérie de Chartres encadré par des escadrons de gendarmerie mobile, selon une journaliste de l'AFP.
Un point de ralliement donné pour samedi se trouve à Fontainebleau, sur un parking au cœur de la forêt entourant la ville.
La police avait estimé dans l'après-midi leur nombre à 3.300 véhicules, dont un millier sur la RN20 en provenance d'Orléans et 500 sur l'autoroute A10-A11 venue du Mans. C'est une action "d'une ampleur phénoménale", a dit à l'AFP un coordinateur du mouvement.
L'interdiction de rassemblement des convois a toutefois été maintenue vendredi soir par le tribunal administratif de Paris, qui a rejeté deux recours.
"C'est une trahison. Les fondements de l'arrêté ne sont pas respectueux de la loi, de la liberté de manifester", a déclaré à l'AFP la militante anti-vaccin et "gilet jaune" Sophie Tissier, à l'origine d'un recours.
Rassemblement hétéroclite d'opposants au président Emmanuel Macron et de "gilets jaunes", le mouvement s'est constitué sur le modèle de la mobilisation qui paralyse la capitale canadienne Ottawa.
A deux mois de l'élection présidentielle, les manifestants exigent le retrait du pass vaccinal et défendent des revendications sur le pouvoir d'achat ou le coût de l'énergie.
Le gouvernement affirme envisager pour fin mars ou début avril la levée du pass vaccinal.
- "Ne pas déranger" -
Réfutant toute volonté de bloquer la capitale, les participants espèrent grossir samedi les rangs des cortèges contre le pass vaccinal organisés chaque semaine.
"C'est important de ne pas déranger les autres usagers, de garder la population de notre côté, comme au Canada", a lancé Robin, depuis un parking à Illkirch-Graffenstaden, en banlieue de Strasbourg.
"Est-ce qu'on est en train de rendre service au gouvernement en passant pour des emmerdeurs ?", s'interroge David, un artisan de 51 ans qui a rejoint le convoi breton et qui, comme la plupart des interlocuteurs des journalistes, préfère ne pas donner son nom.
Certains manifestants entendent atteindre ensuite Bruxelles pour une "convergence européenne" prévue lundi 14 février. Les autorités belges ont interdit l'accès de la capitale.
Vendredi, d'autres répandaient aussi des appels à occuper des ronds-points.
"Je lance un appel à rejoindre toutes les grandes villes pour les occuper, multipliez les points de rassemblements", a lancé dans une vidéo l'un des initiateurs du mouvement, Rémi Monde.
Si les participants s'affirment "apolitiques" et "apartisans", le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a mis en garde vendredi contre la "tentative d'instrumentalisation" de la "lassitude des Français", à deux mois de la présidentielle.
- "Empêcher les blocages" -
Le chef de file des Patriotes Florian Philippot, dont les troupes défilent chaque samedi à Paris contre les restrictions sanitaires, avait lui organisé un rassemblement de soutien place Denfert-Rochereau, dans le sud de la capitale.
"On manifeste en soutien aux convoyeurs (...) C'est pas des casseurs, c'est pas des bobos non plus, c'est des classes populaires et moyennes", y a déclaré à l'AFP Georges, 35 ans, un consultant souhaitant conserver l'anonymat.
La réponse policière était ferme. Dans l'Essonne, au sud de Paris, 28 points de contrôle de gendarmerie et de police ont été déployés.
En raison de "risques de troubles à l'ordre public", la préfecture a prévu un "dispositif spécifique" pour "empêcher les blocages d'axes routiers, verbaliser et interpeller les contrevenants".
A Paris, le préfet de police Didier Lallement a lui "créé un certain nombre de fourrières provisoires qui (...) permettront avec plusieurs dizaines de véhicules de remorquage de mettre fin à tout blocage", a-t-il déclaré devant la presse.
Des véhicules blindés de la gendarmerie ont aussi été déployés dans la capitale vendredi, une première depuis fin 2018.
bur-dar-al-aco-nk-tbm-mdh/cb/dlm
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.