Loi Travail : la fronde s'intensifie avec de nouvelles grèves, Valls résiste
La fronde contre le projet de loi Travail, menée par la CGT et Force ouvrière, entre ce lundi 30 dans son quatrième mois, avec de nouvelles grèves prévues cette semaine affectant les trains et le transport aérien, à douze jours du début de l'Euro de football. Pierre Gattaz, président du Medef, a mis de l'huile sur le feu ce lundi en accusant des syndicalistes CGT de se comporter comme "des voyous" et "des terroristes", suscitant des critiques tant du côté de la CGT que des politiques. Le patron des patrons a invité le gouvernement à ne pas céder "au chantage, aux violences, à l'intimidation, à la terreur".
Le 29 février, Manuel Valls annonçait un nouveau round de discussions pour calmer l'opposition syndicale. Trois mois, huit journées de manifestations et un 49-3 plus tard, le Premier ministre a certes gagné le soutien précieux de la CFDT, au prix d'un recul partiel, mais affronte une contestation qui tente de paralyser le pays pour obtenir le retrait du texte. La situation s'est améliorée ce week-end sur le front de l'approvisionnement en carburants. Mais c'est maintenant la perspective de grèves dans les transports que l'exécutif va devoir affronter, avant la grande journée d'action préparée par l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl, UNL), le 14 juin.
Les opposants à la loi en appellent, eux, de plus en plus à François Hollande, alors que le Premier ministre Manuel Valls, soucieux de sauver la réforme majeure de son bail à Matignon, a répété ce week-end qu'il irait "jusqu'au bout". "La balle est dans le camp du président de la République. On voit bien que la méthode du Premier ministre est à bout de souffle. A force de toujours vouloir passer en force, ça ne marche plus", a attaqué l'ex-ministre PS Benoît Hamon.
A la SNCF, où de délicates négociations sur le temps de travail des cheminots entrent dans leur phase finale, trois des quatre syndicats représentatifs (CGT, Unsa, Sud-Rail) ont déposé des préavis de grève reconductibles à partir de mardi 31 soir (la CFDT a levé le sien). Aux motifs internes, la CGT et Sud ont ajouté l'opposition à la loi Travail. Pour les Franciliens, des difficultés sont aussi à prévoir à partir de jeudi à la RATP, avec un appel à la grève "illimitée" de la CGT.
La centrale tente d'étendre le mouvement à d'autres secteurs: lundi matin, le plus gros incinérateur de déchets de région parisienne, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) était bloqué. Tous les syndicats représentatifs de l'aviation civile ont également appelé à la grève les 3, 4 et 5 juin, même si le conflit n'est pas directement à la loi travail. Le principe d'une grève "longue" a également été voté à Air France contre la baisse des rémunérations des pilotes.
Malgré des échanges entre le Premier ministre et les leaders syndicaux ce week-end, dont le dirigeant de la CGT Philippe Martinez, une sortie de crise peine à se profiler : le gouvernement tient fermement à l'article 2, le plus contesté, qui fait passer les accords d'entreprise avant les accords de branche. "Dialoguer, oui, cela a toujours été ma position, dénaturer le texte, non", a redit la ministre du Travail Myriam El Khomri à Matignon, invitant à "respecter la philosophie" de la loi, "et notamment son article 2". Quelques semaines après la débâcle de la déchéance de nationalité, un nouveau recul signifierait pour Manuel Valls "finir avec un destin à la Villepin (...) complètement démonétisé", avertit le politologue de l'Ifop Frédéric Dabi.
Entre le recul et le risque du pourrissement en plein Euro de football (10 juin-10 juillet), "je pense qu'il y a moins de coups à prendre à garder le projet, tout en ouvrant la porte à des modifications, des aménagements", dit-il. S'il tient face à la fronde de la rue, le Premier ministre devra aussi survivre à un probable nouveau 49.3 en juillet, en deuxième lecture, et à la ou les motions de censure qui iront avec. "S'il n'y a pas d'avancées sur la loi travail, "nous redéposerons une nouvelle version de notre motion de censure", a prévenu dimanche 29 Aurélie Filippetti, député PS de Moselle.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.