Loi Travail : les syndicats un temps unis dans la fronde

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 30 mars 2016 - 13:52
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Manifestations loi travail jeunes
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De nouvelles grèves et manifestations contre la loi Travail sont prévues jeudi 31 mars.
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Si la fronde contre le projet de loi Travail a pendant un moment rassemblé tous les syndicats français, les divergences de fond ont vite repris le dessus entre "réformistes" et "contestataires".

La loi Travail a eu le mérite de souder un très court moment le paysage syndical français, mais les divergences de fond ont vite repris le dessus entre les organisations dites "réformistes" et les "contestataires". Jeudi 31 mars, la CGT, FO, FSU et Solidaires vont battre le pavé pour réclamer le retrait d'un texte qui "généralisera la précarité et aggravera les inégalités professionnelles". A leurs côtés, les organisations de jeunesse Unef, UNL et FIDL. En revanche, CFDT, CFE-CGC, CFTC et Unsa, bien qu'insatisfaites de la nouvelle version du texte, ne manifesteront pas, préférant "discuter des modifications" avec le gouvernement et les parlementaires.

En résumé, pour Laurent Berger, numéro un de la CFDT, cette réforme est "potentiellement porteuse de progrès, même si elle reste à parfaire"; pour Philippe Martinez, numéro un de la CGT, "c'est un projet mal construit, mal fait". Pourtant il y a un mois, le 23 février, ils étaient réunis tous ensemble pour "faire bouger" un projet qui risquait, selon eux, d'augmenter les licenciements. Cette intersyndicale des principales organisations de salariés, c'était une première depuis 2013: "C'est le signal que la situation est préoccupante", avait alors déclaré Bernadette Groison, numéro un de la FSU. Quelques semaines auparavant, elle avait appelé les syndicats à "se parler" malgré "les divergences", à un moment où les sondages montrent un manque de confiance des Français dans l'action syndicale.

Dans un fascicule rédigé conjointement en octobre 2015, la CGT, la CFDT, FO, la CFTC et l'Unsa ont reconnu que "la division syndicale peut être considérée comme une des raisons de la moindre syndicalisation de la France par rapport à ses voisins européens". Et de fait, l'intersyndicale du 23 février a donné des résultats, assure Florence Dodin, de l'Unsa. "Nous avons obtenu le report de l'examen de l'avant-projet en conseil des ministres du 9 au 24 mars, ainsi que les concertations à Matignon" des partenaires sociaux du 7 au 9 mars. Elle met également au crédit de l'intersyndicale la suppression des mesures unilatérales de l'employeur pour les entreprises de moins de 50 salariés et l'annulation du plafonnement des indemnités prud'homales pour licenciement abusif. Pour Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, ce sont "plutôt" les grèves et manifestations du 9 mars qui ont incité le gouvernement à revoir la copie.

Dans tous les cas, l'entente syndicale a explosé dès le 3 mars, lorsque sur les dix syndicats réunis au siège de l'Unsa, seuls cinq, les "réformistes", ont accepté de signer un texte commun. "Il nous semblait important d'avoir une unité, mais on a décidé de ne plus participer à une intersyndicale qui ne demandait pas le retrait du texte", a expliqué M. Beynel. "On est toujours prêts à discuter avec les autres organisations, mais pas à baisser notre niveau d'exigence", déclare de son côté Fabrice Angéi (CGT). Depuis, les "contestataires" continuent de se voir chaque semaine.

Cette "désunion" s'explique par une raison "structurelle", analyse Dominique Labbé, sociologue des syndicats. "Depuis 2008, la représentativité des centrales dépend du nombre de voix qu'elles obtiennent aux élections professionnelles et, comme il y a toujours une élection quelque part, elles sont en permanence en campagne, ce qui pousse à la surenchère et aux attaques plutôt qu'à l'unité". A noter aussi que la CGT, tient son congrès trisannuel à la mi-avril. Toutefois, les frontières entre "réformistes" et "contestataires" ne sont pas imperméables. Des militants de la CFE-CGC et de la CFDT devraient figurer dans les rangs des manifestations du 31 mars, comme le 9 mars. "Nous avons des remontées de délégués syndicaux qui ne comprennent pas la position nationale, ils sont très réticents", assure Norbert Raffolt, responsable d'un syndicat CFDT métallurgie. "Beaucoup d'adhérents" ne comprennent pas le soutien de la centrale au référendum. A l'inverse, le patronat lui, se prépare au débat parlementaire en faisant bloc. Sept organisations, dont le Medef et la CGPME, viennent de faire un appel "solennel" à Manuel Valls pour modifier le texte.

 

 

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