Loi Travail : nouvelles grèves et blocages des opposants ce jeudi
Face à la fermeté de François Hollande et de Manuel Valls, les opposants à la loi Travail maintiennent la pression ce jeudi 19 avec la suite des grèves de routiers et à la SNCF, et de nouveaux blocages et manifestations, dans un contexte toujours tendu.
Après l'incendie d'une voiture de police mercredi 18 à Paris, en marge de la manifestation des forces de l'ordre contre "la haine anti-flics", le Premier ministre Manuel Valls a appelé les syndicats à s'"interroger sur la pertinence" de certaines manifestations. Il s'est dit, ce jeudi, prêt à faire lever par les forces de l'ordre les blocages des ports, raffineries et aéroports.
Pas question de renoncer à cause des violences, a estimé le numéro un de la CGT Philippe Martinez. "On ne peut pas empêcher la démocratie de s'exprimer parce qu'il y a des problèmes en marge des manifestations". Selon les syndicats, le "retrait" reste d'actualité, comme au premier jour de la mobilisation, le 9 mars.
Les organisations qui appellent à manifester pour la deuxième fois en 48 heures (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, FIDL et UNL) assurent que "la mobilisation, loin de faiblir, va se poursuivre et s'amplifier jusqu'au retrait du projet de loi travail".
Pourtant, François Hollande a été clair. La loi "va passer", avait-il dit mardi 17 au matin sur Europe-1 à destination des syndicats qui jugent le texte trop favorable aux entreprises et peu protecteur pour les salariés.
A Paris, le cortège s'ébranlera à 14h de la place de la Nation en direction de la place d'Italie.
Cette septième journée de contestation s'inscrit dans un contexte tendu. Mardi, comme lors des précédentes manifestations contre la loi El Khomri, des débordements ont à nouveau eu lieu.
Pour encadrer le cortège de ce jeudi, les services d'ordre des syndicats, violemment pris à partie une semaine plus tôt, vont venir en nombre et équipés de "matériel varié", selon une source syndicale. Fait inédit depuis le début de la mobilisation en mars, mardi certains étaient armés de bâtons et matraques pour répondre aux casseurs. "Il faut savoir se protéger", a justifié Philippe Martinez.
Le préfet de police de Paris Michel Cadot a mis en garde les syndicats. Il est "inquiétant" et "pas souhaitable" que les services d'ordre aient sur eux des matraques ou des bâtons, a-t-il dit.
Parallèlement, des grèves de routiers et de cheminots, entamées en début de semaine, vont appuyer le mouvement.
Dans la région de Marseille, jeudi matin, les routiers menaient une opération de blocage près de la zone industrielle de Fos-sur-mer.
Dans l'Ouest, plusieurs barrages filtrants ont été mis en place à Rennes, dont un sur un axe d'accès à un dépôt pétrolier, un autre à Nantes.
Dans la région du Havre, la mobilisation a pris de l'ampleur: deux raffineries étaient bloquées dans la matinée et la pénurie de carburants gagne. Dans le centre-ville, des pneus brûlaient. A Cherbourg, de premiers barrages ont été mis en place.
Dans le Sud-Ouest, des manifestants bloquaient aussi les entrées du centre de fret de Mouguerre (Pyrénées-Atlantiques) et l'accès à l'aéroport de Blagnac à Toulouse a été fermé.
Un appel à la grève des contrôleurs aériens devait légèrement affecter le trafic, notamment à Orly où 15% d'annulations préventives étaient prévues.
En fin de journée de ce jeudi, une intersyndicale doit fixer une nouvelle date de mobilisation.
Adopté en première lecture après un recours à l'article 49-3 de la Constitution, le projet de loi instaure la primauté des accords d'entreprises sur les accords de branche, un casus belli pour ces syndicats.
Il ouvre aussi la possibilité de référendums d'entreprise, d'accords "offensifs", crée le compte personnel d'activité et étend la garantie jeune.
La CFDT et la CFTC jugent ce projet "équilibré" et porteur de "droits nouveaux" pour les salariés, salue Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
La CFE-CGC, traditionnellement classée du côté des syndicats réformistes, juge elle, ce texte "inquiétant" et parie sur le Sénat pour le faire évoluer.
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