L'unique sénateur RN part chez Zemmour, Marine Le Pen fragilisée
L'extrême droite continue de se diviser avec le ralliement dimanche à Eric Zemmour de l'unique sénateur du Rassemblement national Stéphane Ravier, figure de longue date du parti, fragilisant Marine Le Pen à moins de deux mois du premier tour de la présidentielle.
"Elles (mes idées) ne sont plus portées par Marine Le Pen et elles sont portées par Eric Zemmour. A partir de là, il est évidemment cohérent, logique, de soutenir Eric Zemmour", a déclaré l'élu des Bouches-du-Rhône sur Europe1/CNews/Les Echos, en critiquant le "manque de combativité" de la candidate RN.
Il précisé que son parrainage irait à la candidate d'extrême droite pour "solde de tout compte" mais qu'il "quittait le RN" où il militait depuis "30 ans".
Le président du RN Jordan Bardella a minimisé dimanche ce nouveau départ, après celui de trois eurodéputés et plusieurs conseillers régionaux.
Il s'agit d'une "dizaine d'élus" sur 1.000 environ, "cela fait partie des péripéties de campagne", a-t-il dit sur RTL/LCI/LeFigaro, saluant même "une clarification" par des "amoureux de la provocation" et des partisans d'une "ligne peut-être plus brutale que celle du RN".
Or cette ligne "ne permet pas de gagner une présidentielle" qu'Eric Zemmour "n'a aucune chance de remporter", a jugé le chef par intérim du RN. Marine Le Pen, la candidate LR Valérie Pécresse et Eric Zemmour se disputent dans les sondages la place du second tour face à Emmanuel Macron.
"Eric Zemmour est en train de se récréer un plafond de verre dont nous avons nous réussi à nous débarrasser", a-t-il fait valoir.
- "Plus la niaque" -
Marine Le Pen avait elle-même souhaité que "ceux qui veulent partir partent" dès "maintenant", lors d'un déplacement à Madrid avec l'eurodéputé Nicolas Bay, cité lui aussi parmi ceux tentés par Eric Zemmour.
Stéphane Ravier, qui avait accompagné Eric Zemmour lors d'une visite chahutée à Marseille fin novembre, a salué chez l'ancien chroniqueur du Figaro et de CNews un "vrai rassembleur", évoquant un "retour aux sources" de l'ancien président du FN (devenu RN) Jean-Marie Le Pen.
Il a sévèrement critiqué Marine Le Pen qui selon lui "manque de combativité", "n’a plus la niaque" et est "en permanence en train de composer, de reculer avant d’être élue", sur l'immigration ou l'islam.
Ce proche de Marion Maréchal, qui "penche" désormais pour Eric Zemmour, a fustigé la "non gestion" du parti qui "n'a que faire de l'implantation locale" et a pris "l'habitude" de "couper les têtes de tous ceux qui n’ont pas mis un genou devant Marine Le Pen", autant de critiques qui avaient surgi au sein du mouvement après l'échec du RN aux élections régionales en juin 2021.
Stéphane Ravier avait pressé mercredi Marine Le Pen de "clarifier la situation" de son parti à Marseille, qui s'est déchiré autour d'un parrainage en faveur d'Eric Zemmour.
- Recomposition -
Il n'a pas caché être dans l'optique d'une recomposition de son camp au-delà de la présidentielle, "Mon temps politique ne s’arrête pas au 24 avril", date du second tour, et après ce scrutin "il va bien falloir à un moment donné que nous discutions (…), que la grande famille nationale se réunisse", a-t-il dit alors que Eric Zemmour promeut "l'union des droites" entendue comme la réunion de l'extrême droite et d'une partie de la droite classique.
Quelle que soit l'issue de la présidentielle, "cette élection aura des conséquences politiques sur la recomposition du groupe de pensée des nationaux", a récemment affirmé à l'AFP Jean-Marie Le Pen, qui soutient sa fille mais dont le conseiller Lorrain de Saint Affrique votera pour Eric Zemmour.
"Le problème n’est pas de bâtir le futur parti mais de changer l’avenir de notre enfants le plus vite", a jugé pour sa part vendredi l'ancien ministre sarkozyste Thierry Mariani, qui soutient Marine Le Pen mais est cité parmi ceux tentés par Eric Zemmour, pour lequel il ne cache pas sa "sympathie".
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