Lycées et collèges : Matignon refuse d'assouplir l'interdiction de fumer
L'interdiction de fumer dans l'enceinte des collèges et lycées restera strictement appliquée, a indiqué Matignon lundi, malgré les inquiétudes quant à d'éventuels attentats visant les attroupements à la sortie des établissements.
"C'est une très bonne chose, on s'en félicite" a réagi Clémence Cagnat-Lardeau, directrice de l'Alliance contre le Tabac qui regroupe vingt-cinq associations (Ligue contre le cancer, Fédération française de cardiologie, Fondation du souffle, Comité national contre le tabagisme, Droit des non fumeurs…).
"A l'heure où le gouvernement va engager une campagne de lutte contre le tabagisme, et alors que la sécurité aux abords des établissements a été renforcée dans le cadre de la nouvelle posture Vigipirate Attentats, il n’est pas question d'affaiblir le décret du 15 novembre 2006 qui interdit de fumer à l’intérieur des établissements", a indiqué Matignon à l'AFP.
La question de ces pauses-cigarette pendant les récréations avait été soulevée la semaine dernière par le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, qui en avait saisi le Premier ministre Edouard Philippe.
La piste avait été évoquée d'autoriser les chefs d'établissement à permettre aux élèves de fumer dans l'enceinte des lycées, afin d'éviter des attaques visant les élèves regroupés devant l'établissement, par exemple à la voiture-bélier.
Depuis les attentats de 2015, les ministères de l'Education et de la Santé avaient envoyé des messages contradictoires aux chefs d'établissement, le premier vers un assouplissement, le second maintenant l'interdiction absolue.
La décision annoncée lundi a été prise par Edouard Philippe à la suite d'une réunion avec la ministre de la Santé Agnès Buzyn, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, et le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, a précisé Matignon.
Depuis deux ans, 1.795 communes ou établissements privés (écoles, collèges, lycées) ont bénéficié de crédits de l'Etat pour renforcer la sécurisation de leurs locaux.
"Bien entendu, protéger les enfants dans les établissements scolaires est la condition sine qua non de l'émergence des générations sans tabac", a dit à l'AFP Clémence Cagnat-Lardeau, directrice de l'Alliance contre le tabac.
"Cela permet aussi de contrer la stratégie de l'industrie de recrutement des fumeurs", poursuit-elle.
Le recrutement de cette "cible prioritaire", les jeunes, a "malheureusement beaucoup de succès, puisque près de 200.000 jeunes Français entrent dans l'addiction tabagique chaque année", a récemment déploré l'Alliance.
Avant d'être élu, "Emmanuel Macron s'était engagé à continuer et renforcer le programme national de lutte contre le tabagisme et cela été réaffirmé avec la nomination d'Edouard Philippe et de Mme Agnès Buzyn, ministre de la Santé", note-t-elle
"Si on veut vraiment diminuer le tabagisme dans ce pays, sachant qu'on est l'un des mauvais élèves de l'Europe, il faut vraiment sanctuariser les établissements scolaires et protéger les enfants. Il faut surtout pas revenir là-dessus, on reviendrait 30 ans en arrière" sinon, estime-t-elle.
"Le tabac en France entraîne plus de 80.000 décès (par an). C'est la première cause de mortalité évitable, et la consommation quotidienne de tabac augmente chez les adolescents. Ne rien faire est exclu", avait souligné le Premier ministre lors de son discours de politique générale, en juillet, en indiquant que le prix du paquet de cigarettes serait porté"progressivement" à 10 euros.
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