Manifestation du 1er mai : les black blocs dans le box des accusés
En groupe, tout de noir vêtus -cagoules et casques compris- ils sont impressionnants. Les "black blocs" ont atteint leur objectif en faisant dérailler la manifestation parisienne du 1er mai: faire parler d'eux, déstabiliser la police, et s'en prendre aux symboles du capitalisme qu'ils honnissent. Au point que ce mardi 2, l'opposition n'hésite pas à dénoncer une supposée "faillite" du pouvoir qui a échoué à prévenir les débordements et à les canaliser. Difficile toutefois pour la police de cerner cette mouvance à la fois multiple et obscure qui est tout sauf un groupe organisé classique.
Ce "groupe affinitaire", comme le décrivent les services de renseignement, est ainsi plus une forme d'action qu'un organe de contestation en tant que tel. Le black bloc n'existe ainsi tout simplement pas avant ou après être passé à l'action. Ses membres sont tout à fait volatiles et aucune hiérarchie autre que celle de l'action n'a court dans le groupe. Les échanges mêmes entre ses membres se font exclusivement par oral ou messagerie instantanée sécurisée, ce qui rend très difficile de les infiltrer, et par conséquent d'anticiper leurs actions.
Anarchistes, autonomes, voire antifascistes composaient ainsi le groupe de 1.000 à 1.200 militants en noir qui ont affronté les forces de l'ordre mardi à Paris. Ils ont été rejoints par des activistes venus d'un peu partout en Europe, principalement d'Allemagne (précurseur de cette forme d'action), d'Espagne, de Grèce ou d'Italie.
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Il serait toutefois erroné de voir le black bloc comme un simple déchaînement de violence. Ceux qui choisissent d'endosser "l'uniforme" du groupe et s'équiper pour l'affrontement sont très politisés. Leurs idéaux sont marqués par l'anticapitalisme et le libertarisme, ainsi que la volonté de médiatiser leur action violente pour susciter l'adhésion. Un de leurs objectifs et ainsi de prouver que la police "ne tient pas la rue".
Bien que diffus et sans hiérarchie, le black bloc est très organisé. Ses membres adoptent des tactiques de combat urbain, leur champ de bataille de prédilection, et sont maîtres dans l'art de brouiller les pistes. Ils sont ainsi capables de changer de vêtements et de physionomie au cours d'une même manifestation, n'utilisent pas ou peu de téléphones portables pour éviter que leurs conversations soient captées ou que la police ne remontent leurs complicités en exploitant leur répertoire par exemple. Autant de méthodes compulsées dans de nombreux textes par exemple un manuel pratique disponible sur le site des éditions Atelier de création libertaire, écrit par des black blocs pour ceux qui voudraient les rejoindre.
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Adoptée par la gauche la plus contestataire, la mouvance black bloc a forgé sa réputation à force d'affrontements. L'exemple le plus marquant a été le contre-sommet de l'OMC de 1999 à Seattle, lors duquel les manifestants ont réussi pour la première fois à bloquer un sommet international. Un film a même été tiré de ces événements, Bataille à Seattle (voir la bande annonce). Depuis, en 2001 à Gênes (G8), 2009 à Strasbourg, 2017 à Hambourg, et, donc, mardi à Paris, notamment, le black bloc a continué à faire parler de lui. Et continuera de le faire.
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