Marion Maréchal-Le Pen se retire de la vie politique
Quelques jours à peine après la nette défaite de sa tante au second tour de la présidentielle, Marion Maréchal-Le Pen se retire temporairement de la vie politique, affaiblissant un peu plus le Front national et Marine Le Pen en vue des législatives.
Dans une lettre à paraître dans Vaucluse Matin mercredi, la benjamine de l'Assemblée nationale annonce qu'elle "sort quelque temps" du monde politique, "aspirant à travailler" dans "le monde de l'entreprise" mais aussi à "consacrer plus de temps" à sa vie familiale. Une décision annoncée mardi aux instances frontistes et ces jours-ci à ses proches.
"Si nous voulons rendre ses lettres de noblesse à la politique, il faut prouver aux Français qu’il existe aussi des élus libres et désintéressés refusant de s’accrocher coûte que coûte à leur statut et à leurs indemnités", justifie-t-elle. Son grand-père Jean-Marie Le Pen a mené cinq campagnes présidentielles, sa tante Marine Le Pen deux.
Pour autant, "Marion", comme tous l'appellent au Front national, "ne renonce pas définitivement au combat politique": "je ne pourrai jamais rester indifférente aux souffrances de mes compatriotes".
La benjamine des "Le Pen" quitte donc son mandat de cheffe FN de l'opposition au Conseil régional de Paca et renonce à briguer un nouveau mandat de députée du Vaucluse.
A de nombreuses reprises, elle avait exprimé son envie de se lancer dans le privé et de s'occuper de sa vie familiale. Elle avait aussi laissé poindre sa lassitude quant aux relations compliquées au sein du FN avec sa tante Marine Le Pen, comme avec le vice-président du FN Florian Philippot.
-- "Séisme" --
La candidate FN l'avait jugée trop "inexpérimentée" pour devenir ministre en cas de victoire, et M. Philippot la trouvait en décembre "seule et isolée" au sein du parti.
Sommée en 2012 par son grand-père Jean-Marie Le Pen d'être candidate dans la 3e circonscription du Vaucluse, qu'elle avait emportée, Marion Maréchal-Le Pen avait, selon lui, "lavé l'affront" de Carpentras, quand le FN avait fait figure d'accusé après la profanation de tombes juives en 1990.
Seule députée FN au Palais-Bourbon en 2012 au côté de l'apparenté Gilbert Collard (Gard), Marion Maréchal-Le Pen était arrivée première au congrès du FN fin 2014, devant les historiques Louis Aliot et Steeve Briois et le plus récent Florian Philippot.
Celui qui est redevenu président d'honneur du FN par décision de justice a immédiatement dénoncé au Figaro une "désertion" de "l'une des vedettes les plus aimées et admirées du mouvement" aux conséquences potentielles "terribles".
Plusieurs élus FN ont évoqué à l'AFP un "séisme" à venir: la jeune élue était vue par beaucoup comme une porte d'entrée du FN sur l'électorat de droite traditionnel, sur lequel Marine Le Pen s'est cassée les dents au second tour.
"Ca fait très longtemps que ça couve (...). Elle ne servait que de caution, au moins les gens ne seront pas dupes", a assuré à l'AFP un élu FN sudiste, dépité. "Maintenant, c'est à nous de réfléchir. Je ne veux pas rester pour maintenir les 35 heures, la retraite à 60 ans, l'ISF, et défendre une sortie de l'euro sous huitaine", a-t-il ajouté.
"On dira que Philippot aura gagné", s'est inquiété un membre de la campagne, un conseiller régional FN Paca voyant aussi "des gens que ça va arranger".
Mais, "dans le Sud ça va être compliqué, les gens vont pas forcément comprendre", a redouté le même élu. "On va perdre énormément d'adhérents et de militants qui sont là pour elle", a abondé un autre.
Alors que la légitimité interne de Marine Le Pen est remise en cause par certains frontistes après le débat d'entre-deux-tours raté, et alors que certains voyaient la jeune députée comme la seule alternative possible, Jean-François Touzé, ancien dirigeant FN, s'est désolé sur Twitter: "Celle qui devrait quitter la politique, ce n'est pas Marion."
Proche d'Emmanuel Macron, Richard Ferrand a lâché sur Public Sénat: "Une Le Pen qui arrête de faire de la politique, moi, ça ne me fâche pas (...) Vouloir le renouvellement, c'est aussi faire en sorte que l'on n'ait pas une PME de l'extrême droite qui prospère trop".
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