Montebourg : "les Européens sont les idiots du village mondial"
"Pro-européen", Arnaud Montebourg veut "sauver" l'Union. Un objectif ambitieux de la part du candidat à la primaire du PS qui a répondu ce vendredi 21 aux questions des journalistes internationaux lors d'une conférence de presse organisée par l'Association de la presse étrangère. L'ancien ministre du Redressement productif a ainsi sonné de nouveau la charge contre une UE qui ferait le lit de l'extrême droite par sa politique d'austérité et, pire, qui se construirait sur "l'humiliation des peuples" et serait un "triangle des Bermudes démocratique".
Arnaud Montebourg a donc analysé la montée du Front national en France comme une conséquence de l'austérité menée par les dirigeants européens car elle aurait eu pour seul résultat l'appauvrissement des populations, selon lui. "Exactement ce que la crise des années 1930 avait produit", n'a pas hésité à avancer celui qui a assuré un peu plus tard que le rôle des politiques est de "lutter contre la peur".
Car oui, "nous allons vers le chaos européen" a insisté le héraut du Made in France en fustigeant la gouvernance de l'Union. Faut-il alors un "Franxit"? "Mais on a déjà voté!" en ce sens, s'est-il exclamé en référence au référendum européen de 2005, puis de reprendre la fameuse phrase de l'ancien président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker: "Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens" (pour être précis: "Dire que tout va changer parce qu’il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c’est prendre ses désirs pour des réalités. (…) Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens", avait dit Juncker après la victoire de Syriza en Grèce, en janvier 2015, NDLR). Les européens, "idiots du village mondial", auraient également failli à défendre l'industrie du continent, contrairement aux Américains, par exemple, qui savent manier le "protectionnisme raisonnable".
Entre la refonte des traités, notamment pour abandonner la règle des 3% de déficit, le retour de la "maîtrise des frontières par chaque pays" ("inéluctable", selon lui), ou encore la protection de l'industrie européenne pour se "défendre et exiger la réciprocité sur les marchés internationaux": le plan d'Arnaud Montebourg est prêt. Il ne lui reste donc qu'à gagner la primaire, puis la présidentielle, pour "sauver l'Europe".
Un détail, presque, pour le candidat qui revendique une position et un projet "centraux, (qui sont) le point de rencontre de l'ensemble des gauches". Ses adversaires seraient ainsi tous hors jeu. Et de lister: François Hollande et Manuel Valls? "Pas en position de rassembler". Jean-Luc Mélenchon? "Trop radical". Emmanuel Macron? Évincé par son positionnement "ni de droite ni de gauche". Ce serait donc lui, Arnaud Montebourg, qui serait le seul à même de rassembler cette gauche morcelée mais qui, rassemblée, "reste forte".
Celui qui a réaffirmé ce vendredi qu'il "retournerait cultiver son jardin" si François Hollande remportait la primaire de la Belle alliance populaire de janvier prochain, joue gros. Sauf que l'ancien ministre parti sur un désaccord politique, proche des frondeurs et aux ambitions présidentielles avouées, cumule un certain nombre de points communs avec une certaine... Cécile Duflot, celle-là même qui vient de se faire éliminer de la primaire écolo dès le premier tour. Un nouveau coup de poker de la part d'Arnaud le Magnifique, donc. A moins que son véritable objectif ne soit pas la prochaine élection présidentielle.
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