Nouveau gouvernement : Macron la joue et de gauche, et (surtout ?) de droite

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Pierre Plottu
Publié le 18 mai 2017 - 11:49
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Le candidat d'En Marche! à l'élection présidentielle, Emmanuel Macron, à Paris, le 18 avril 2017, a
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© THOMAS SAMSON / POOL/AFP
Le premier gouvernement de l'ère Macron est riche d'enseignements.
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L'annonce du premier gouvernement du quinquennat d'Emmanuel Macron permet de tirer des premiers enseignements de l'orientation du nouveau président. Et si cette équipe est susceptible d'évoluer en fonction du résultat des législatives de juin, force est de constater que les rôles sont déjà répartis entre une gauche ayant le monopole du cœur et une droite celui des cordons de la bourse.

A LA LOUPE - Le premier gouvernement de l'ère Macron a été dévoilé mercredi 17. Très exactement 22 ministres, plus le premier d'entre eux Edouard Philippe, strictement paritaire et foisonnant de nouveaux visages ainsi que de plus connus. Il y a donc Hulot, Le Drian et Collomb, à gauche, mais aussi Le Maire et Darmanin, à droite, et Bayrou et de Sarnez pour le centre. Sans oublier les nombreux nouveaux ministres issus de cette "société civile" qu'avait promis de promouvoir Emmanuel Macron. Des personnalités qui ne seraient pas engagées? À voir, tant le profil de Muriel Pénicaud, DRH de carrière et réputée proche du Medef, peut donner lieu à toutes les interprétations. À l'arrivée, un gouvernement tel que s'y était engagé le nouveau président: "ni de gauche, ni de droite", bien au contraire serait-on tenté de rajouter. De quoi contenter tout le monde? À voir tant les Français ne sont pas habitués à cette méthode.

Dans le détail d'autres enseignements peuvent être tirés. Ainsi des ministères régaliens qui échouent tous à des personnalités de gauche (Collomb à l'Intérieur, Le Drian aux Affaires étrangères), voire du centre (le MoDem précisément avec Bayrou à la Justice et Sylvie Goulard aux Armées). Les portefeuilles sociaux également tombent presque tous dans l'escarcelle de ministres dont le parcours est teinté de rose.

Pour autant LR, dont l'allié UDI a été snobé, est bien servi avec les maroquins stratégiques de Bercy. Le premier, sorte de super portefeuille regroupant l'Economie et les Finances, est ainsi confié à Bruno Le Maire tandis que le second ("l'Action et les Comptes publics", à savoir le Budget) va voir débarquer à sa tête Gérald Darmanin, trentenaire transfuge des Républicains où il a navigué entre sarkozysme et soutien à Xavier Bertrand. Le Travail également passe à droite avec la patronat-compatible Pénicaud.

La gauche à la défense de l'Etat et la droite à celle du portefeuille, en somme. Le tout chapeauté par un Premier ministre LR.

Et si l'objectif affiché par Emmanuel Macron et son Premier ministre Edouard Philippe est bien de refonder le paysage politique, un autre transpire de ce premier casting gouvernemental du quinquennat: gagner les législatives. Et le plus largement possible, en draguant ouvertement les électeurs d'un centre élargi allant du PS social-démocrate à la droite gaulliste-sociale. Au risque de s'aliéner tous les autres? Probablement tant, mis à part Hulot -mais restera-t-il longtemps?-, la "vraie" gauche est écartée et la droite, juppéiste notamment, semble encore rechigner à franchir le Rubicon. Quant au FN il a déjà ressorti sa rengaine de "l'UMPS" pour dénoncer la collusion de feu les deux grands partis de gouvernement qui seraient désormais fondus dans En Marche.

Un premier sondage publié ce jeudi matin tend toutefois à confirmer que la stratégie pourrait être gagnante. Il en ressort ainsi que 61% des Français sont satisfaits de la composition du gouvernement, contre 38% de mécontents et 1% seulement d'indécis, qui préfèrent voir venir avant de se faire un avis. Et si ce chiffre ne signifie pas forcément qu'autant sont prêts à voter pour La République en Marche aux législatives, les premières enquêtes (réalisées avant l'annonce du gouvernement) créditent néanmoins le parti du président de 32% des intentions de vote, loin devant Le FN et l'alliance LR-UDI (19%) tous deux en recul d'un point. A voir, donc.

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