Nouvelle-Calédonie : dans l'attente d'une victoire du non à l'indépendance, sur fond d'abstention record

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Par Emmanuelle TRECOLLE - Nouméa (AFP)
Publié le 11 décembre 2021 - 10:55
Mis à jour le 12 décembre 2021 - 12:34
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Panneau électoral le 10 décembre 2021 à Nouméa avant le vote dimanche d'un troisième et dernier référendum d'autodétermination
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© Theo Rouby / AFP
Panneau électoral le 10 décembre 2021 à Nouméa avant le vote dimanche d'un troisième et dernier référendum d'autodétermination
© Theo Rouby / AFP

La période très attendue de transition vers un nouveau statut s'ouvre dimanche soir pour la Nouvelle-Calédonie, alors que le non à l'indépendance devrait sans surprise l'emporter lors du troisième référendum d'autodétermination marqué par une forte abstention en raison de l'appel des indépendantistes à bouder le scrutin.

Le résultat de ce référendum ne fait guère de doute, alors que les bureaux de vote viennent de fermer dans cet archipel français stratégique de 270.000 habitants dans le Pacifique-sud.

Depuis Paris, Emmanuel Macron doit s'exprimer à 13h00, après la publication des résultats partiels, pour une allocution d'une dizaine de minutes, a confirmé l'Elysée à l'AFP.

Quel que soit le résultat du référendum, "le jour d'après il y aura une vie ensemble" avec la France, notamment "compte tenu de la réalité géopolitique de la région", avait assuré le chef de l'Etat jeudi.

Deux précédents scrutins les 4 novembre 2018 et 4 octobre 2020, organisés dans le cadre du processus de décolonisation de l'accord de Nouméa, ont été remportés par les pro-France avec 56,7% puis 53,3% des suffrages.

Cette fois, les indépendantistes ont décidé de ne pas participer au vote dont ils souhaitaient le report à septembre 2022, invoquant l'impossibilité d'organiser "une campagne équitable" alors que l'archipel est touché depuis septembre par l'épidémie de Covid-19, et que la population kanak est plongée dans le deuil.

Le mot d'ordre de non-participation du FLNKS et de tous les nationalistes semble avoir été suivi à la lettre au vu de la participation à 17H00 qui s'établit à 41,60%, en chute libre par rapport aux précédents référendums où elle s'établissait à la même heure à 73,68% pour la première consultation en 2018, et à 79,63% en 2020.

Dans la commune indépendantiste de Thio (est), les deux bureaux situés dans les tribus kanak n'avaient enregistré que deux et quatre votants, selon le responsable des bureaux de vote de la mairie, qui pense que "le dépouillement ira vite".

- Période de stabilité -

Dans ce contexte, la victoire des loyalistes sera sans surprise et tous les états-majors sont déjà en train de réfléchir à leurs propositions pour la suite dans cet archipel qui garantit à Paris une vaste superficie d'eaux territoriales et un point d'entrée en Indo-Pacifique.

En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l'Etat qu'après le 12 décembre s'ouvrirait "une période de stabilité et de convergence" avant un "référendum de projet" d'ici juin 2023, qui, en cas de victoire du oui dimanche, porterait sur la constitution d'un nouvel Etat et, en cas de victoire du non, sur un nouveau statut dans la République.

Le dialogue ne sera cependant pas si facile. Le FLNKS et les nationalistes ont déjà prévenu jeudi qu'ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa, avant l'élection présidentielle française en avril 2022.

Les indépendantistes ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils ne reconnaîtraient pas le résultat du scrutin et qu'ils le contesteraient devant les instances internationales.

La Nouvelle-Calédonie est inscrite depuis 1986 sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser de l'ONU, qui a d'ailleurs dépêché des experts pour veiller à la bonne tenue du scrutin.

"Il n'y a eu aucun débordement, aucun incident, aucune entrave à la circulation et à l'accès aux bureaux de vote", a indiqué le Haut-Commissariat, ajoutant que le "dispositif de sécurité demeure renforcé jusqu'à la proclamation des résultats" définitifs lundi.

Des habitants de quartiers populaires de Nouméa ont critiqué cette débauche de moyens sécuritaires, qu'ils considéraient comme une "provocation".

- "On dirait qu'il y a la guerre" -

Alors que l'Etat avait déployé un impressionnant dispositif de sécurité - 2.000 gendarmes et policiers, 130 véhicules, 30 engins blindés et des moyens aériens - par crainte de voir s'enflammer cet archipel qui a déjà connu des épisodes de troubles, le scrutin s'est déroulé sans incidents.

"Pour nous, c'est un jour normal. On ne comprend pas ce déploiement de forces de police et de militaires alors qu'il ne se passe rien (...) on dirait qu'il y a la guerre", ont déclaré à l'AFP des jeunes à Montravel, cité populaire kanak au nord de Nouméa, assis sous un flamboyant en fleurs, se disant plus préoccupés par l'alerte cyclonique que par le scrutin.

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