Police de sécurité du quotidien : le grand oral de Gérard Collomb

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Par Gregory DANEL - Paris (AFP)
Publié le 06 février 2018 - 18:55
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Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb à Bordeaux, le 17 novembre 2017
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© NICOLAS TUCAT / AFP/Archives
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb à Bordeaux, le 17 novembre 2017
© NICOLAS TUCAT / AFP/Archives

Grande réforme de la sécurité publique ou recyclage de mesures déjà actées ? Gérard Collomb va lever le voile jeudi sur la promesse du candidat Macron d'instaurer une police de sécurité du quotidien (PSQ).

Dix mois après son arrivée à Beauvau, marqués par l'adoption d'une loi antiterroriste et la réforme à venir de l'asile et de l'immigration, le ministre de l'Intérieur va officiellement dévoiler sa PSQ dans le grand amphithéâtre de l'Ecole militaire, à Paris, un exercice aux allures de grand oral pour le premier flic de France.

"Police sur mesure", "mieux équipée", "davantage connectée", "plus proche des attentes de nos concitoyens" ou "plus partenariale" : depuis plusieurs semaines, Gérard Collomb égrène les grands principes de la future police de sécurité du quotidien sans dissiper le flou entourant cet engagement de campagne d'Emmanuel Macron.

A l'Ecole militaire, le ministre est censé dévoiler une quinzaine de sites pilotes pour ce nouveau dispositif. Des dizaines de communes (Aulnay-sous-Bois, Lille, Grenoble, Toulouse, etc.) se sont portées candidates, avec bien souvent l'espoir de glaner des effectifs supplémentaires au regard des 10.000 créations de postes annoncées sur le quinquennat.

Au sein des forces de l'ordre, d'aucuns craignent que les annonces ministérielles se limitent à labelliser "PSQ" des mesures déjà actées - comme la forfaitisation de la consommation de cannabis ou la création d'un délit d'outrage sexiste punissant le harcèlement de rue - voire préalablement engagées sous le précédent quinquennat, telles que l'utilisation par les forces de l'ordre de tablettes numériques et de caméras mobiles enregistrant leurs intervention ou le développement des brigades de contact en gendarmerie.

Avant même d'en connaître son contenu, l'opposition de droite a déjà fait un sort à la réforme en fustigeant, à l'image du député LR Eric Ciotti, un "retour à la police de proximité", symbole de l'échec de la politique sécuritaire du gouvernement Jospin, "à la sauce macronienne".

Dès l'automne, l'exécutif avait voulu parer à cette accusation. La PSQ, "ce n'est pas jouer au foot avec les jeunes", avait déclaré le chef de l'Etat devant les 500 plus hauts responsables de la police et de la gendarmerie.

- "Bribes d'information" -

Née dans le contexte brûlant de "l'affaire Théo" - le viol présumé à la matraque d'un jeune homme lors de son interpellation à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)- et du mouvement de mécontentement des policiers après une attaque au cocktail Molotov à Viry-Châtillon (Essonne) en octobre 2016, la PSQ doit permettre de "lutter contre les délits, les nuisances, les incivilités ressenties au quotidien", avait expliqué M. Macron pendant sa campagne.

Le candidat appelait alors à "replacer le service du citoyen au coeur du métier de gendarme et de policier" tout en exhortant les forces de l'ordre à être "fortes et justes", "jamais faibles".

Pour les syndicats policiers, les grandes ambitions de la PSQ ont cependant déjà été mises à mal par une concertation qui s'est ouverte avec plusieurs semaines de retard, fin octobre. "La PSQ reste inconnue dans sa définition. On demande de la cohérence. On est déçu sur la méthode, il y a eu des bribes d'information mais pas de concertation", affirme le secrétaire général de l'Unsa-Police, Philippe Capon.

Gérard Collomb fait au contraire valoir l'envoi d'un questionnaire aux 250.000 policiers et gendarmes auquel quelque 70.000 d'entre eux ont répondu. "C'est à partir de ces 70.000 réponses que nous avons construit notre projet", en partant "de la base", a vanté le ministre devant les députés.

Selon M. Collomb, les résultats de ce questionnaire font apparaître le souhait largement partagé au sein des forces de l'ordre de voir disparaître les "tâches indues", d'alléger les contraintes administratives et de simplifier la procédure pénale.

La PSQ répondra-t-elle à ces attentes ? "Gare aux faux espoirs", prévient Frédéric Lagache du syndicat Alliance. "Les collègues veulent voir les choses évoluer très rapidement. On a une police qui s'asphyxie et à qui il faut donner de l'oxygène".

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