Présidentielle 2017 : Emmanuel Macron termine son "diagnostic" avant une probable candidature
Emmanuel Macron referme ce mardi 18 à Montpellier son diagnostic sur l'état de la France, prélude à une candidature, de plus en plus probable, à la présidentielle. Après "La France qui subit" à Strasbourg et "la France qui choisit" au Mans, c'est sur le thème de "la vie ensemble" que M. Macron s'exprimera devant un parterre de sympathisants.
Porté par un nouveau bon sondage (Odoxa) qui le place au deuxième rang des personnalités suscitant le plus d'adhésion chez les Français (34%, en hausse de 3 points), l'ancien ministre de l'Economie tient son troisième et dernier "meeting de diagnostic" en quinze jours, mardi à 19h au Zénith sud de Montpellier. Cette étape se veut selon son entourage un "discours d'optimisme, anti-déclin".
En guise de préparation, M. Macron a accordé un entretien fleuve au magazine Challenges, dans lequel il dessine sa vision de la politique, de la gauche, de la fonction présidentielle, mais aussi ses idées pour lutter contre les inégalités en réformant le modèle social français et en créant "une communauté française inclusive" en "réinvestissant les quartiers".
Le fondateur du mouvement "En marche", qui revendique quelque 80.000 adhérents (gratuits) doit d'ailleurs, avant son meeting, se rendre dans le quartier sensible de la Paillade à Montpellier à la rencontre des associations.
Soucieux de la "réconciliation de deux France", "celle qui vit la mondialisation comme une chance et celle qui en a peur", un de ses thèmes favoris, M. Macron doit aussi exposer quel serait selon lui un "ensemble de valeurs partagées" qui ne seraient pas "diluées dans la mondialisation".
"La question de l'identité française n'est pas une mauvaise question, mais nous l'avons abordée de façon tellement défensive!", regrette-t-il dans Challenges, alors que la plupart des candidats à la primaire de la droite placent volontiers le débat actuel sur ce terrain.
S'il rejette l'"identité heureuse" d'Alain Juppé au profit de la "volonté de faire communauté", il entend en faire son "projet politique", "un projet de société fondé sur des représentations communes, partagées, réconciliées".
"Le cœur de nos difficultés, ce n'est pas l'islam en général", rappelle-t-il, "c'est le développement d'un fondamentalisme, en particulier salafiste, qu'il soit quiétiste ou non, qui se construit contre la République et ses valeurs". Et, poursuit-il, il faut "savoir pourquoi les salafistes rencontrent un tel écho aujourd'hui y compris en particulier auprès de jeunes au départ peu versés dans la religion, nés, éduqués, employés dans notre pays".
Ce "problème de communautarisme dans toutes ses composantes, religieuses, politiques, économiques et sociales, nous ne pouvons le traiter qu'en réinvestissant ces quartiers", argumente encore l'ancien ministre.
Sur ce point, comme sur nombre d'autres, il n'épargne ni la droite, ni le Premier ministre Manuel Valls, ni François Hollande dont il a été le conseiller économique entre 2012 et 2014 avant de devenir son ministre de l'Economie jusqu'en août dernier.
Disant ne pas "croire au président normal", il dessine dans ses meetings et ses déclarations une définition de plus en plus précise de la fonction présidentielle telle qu'il entendrait l'exercer lui-même.
Il souhaite ainsi "inventer une nouvelle forme d'autorité démocratique fondée sur un discours du sens, sur un univers de symboles, sur une volonté permanente de projection dans l'avenir, le tout ancré dans l'Histoire du pays", explicite-t-il, conscient que la "strate technocratique" a pris le pas sur l'idéologie mais aussi sur "la réalité et le quotidien".
L'entretien fleuve, au cours duquel le très probable futur candidat passe également en revue sa vision d'une laïcité non "revancharde" et enterre "les méthodes inopérantes" de la "social démocratie", revient à "passer Hollande à la sulfateuse", constate un proche de M. Valls.
Mais son projet ne convainc toujours pas un ministre légitimiste, pour qui "si on est dans une phase Macron", ce dernier "est allé trop vite". "Il nous fait battre à coup sûr mais lui ne gagne jamais (...), ça va lui rapporter quoi d'être le double traître?", interroge-t-il.
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