Présidentielle 2017 : la sécurité, l'identité et le chômage au centre des débats
La sécurité, l'identité et les questions économiques et sociales dominent le début de la campagne présidentielle. Et aucun des principaux candidats ne peut se soustraire à ces thématiques qui recoupent les préoccupations des Français. Après une montée en flèche des thèmes sécuritaires et identitaires au lendemain des attentats de Nice et Saint-Etienne-du-Rouvray, l'emploi et la lutte contre le chômage sont revenus au premier plan. "Tant à droite qu'à gauche, faire campagne sur ses deux jambes c'est appuyer à la fois sur le régalien et l'économique et le social", relève Yves-Marie Cann, directeur des études politiques de l'institut Elabe.
En campagne pour la primaire de novembre, les candidats de droite mettent l'accent sur ce qui les différencie. "Nicolas Sarkozy ne va pas chercher à se différencier d'Alain Juppé sur le chômage ou les questions économiques et sociales, mais sur des thèmes identitaires", souligne Emmanuel Rivière, directeur France de Kantar Public (ex-Sofres). La sortie de l'ex-chef de l'Etat sur les Gaulois - "dès que l'on devient Français, nos ancêtres sont gaulois" - a obligé ses concurrents à droite à se démarquer, ses adversaires de gauche à réagir. Mais aucun d'entre eux ne peut faire l'impasse sur la lutte contre le terrorisme, la sécurité, la laïcité ou la place de l'islam dans la République.
François Hollande, en pré-campagne, se positionne sur ces questions. "C'est la bataille pour l'Etat de droit, dont il espère être le garant face aux dérives de candidats de droite, notamment d'un Sarkozy, qui seraient prêts à renier ce que nous sommes et nos valeurs au nom du combat contre le terrorisme", analyse Matthieu Chaigne de Délits d'Opinion. A rebours de toute la gauche, Jean-Luc Mélenchon a jugé pour sa part que le débat sur les Gaulois n'était pas "nul" et permettait de réfléchir.
Au moment où de plus en plus de Français se déclarent "sans sympathie politique", la gauche a besoin de montrer ce qui la différencie de la droite sur le terrain économique et social. "Il y a une tentative de recréer du clivage droite-gauche, de dire: +regardez ce qu'ils proposent économiquement et comment avec nous ce serait différent+", souligne Emmanuel Rivière. Défense du système de protection sociale, commande publique en faveur d'Alstom..., François Hollande veut se faire entendre sur ces sujets pendant la primaire à droite. Quant à Arnaud Montebourg, il en a fait l'axe principal de sa campagne.
Si leurs propositions sont souvent diamétralement opposées, les candidats à la primaire à droite occupent également le champ économique et social: réduction du nombre de fonctionnaires, remise en cause des 35 heures, report de l'âge de la retraite...
"Des thèmes sont beaucoup travaillés par les candidats, comme l'organisation du mode de travail : qu'en est-il de notre compétitivité, de notre capacité à innover, à maintenir les emplois en France?", note Emmanuel Rivière. Quant à la thématique de l'"assistanat" développée à droite, elle fait déjà polémique et Manuel Valls y voit une "injure à des femmes, des hommes, des enfants pour qui la vie est dure". Marine Le Pen joue elle-même sur les deux tableaux. Social, elle dénonce la non-revalorisation des retraites, "la paupérisation des Français", sans oublier pour autant les fondamentaux du Front national contre le multiculturalisme et la perte d'identité.
A six mois du 1er tour, des éléments extérieurs, en particulier un regain de tension sur le front du terrorisme, peuvent rebattre les cartes. Mais le régalien (sécurité, police, justice) et l'économique et le social laissent aujourd'hui peu de place à d'autres thèmes de campagne, comme l'éducation, la santé ou la protection de l'environnement.
"Si les candidats veulent se faire entendre sur ces sujets, il va falloir qu'ils réussissent à les rattacher aux thématiques dominantes", estime Yves-Marie Cann: "On voit que la tentation est forte à droite de rattacher l'école à la question identitaire, des signes religieux, à la laïcité. A gauche, ce sera plus l'école qui assure la promotion sociale, la formation pour un emploi". Les candidats en campagne sont attentifs aux attentes des électeurs et selon les dernières enquêtes d'opinion, la sécurité et le chômage sont aujourd'hui au top des préoccupations des Français. Viennent ensuite l'immigration, le pouvoir d'achat et les inégalités sociales, loin devant la mondialisation ou le rôle de l'Europe.
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