Primaire PS : Valls et Peillon tentent le hollandisme sans Hollande
"Un droit d'inventer" sans le droit d'inventaire: Manuel Valls, tout comme son rival Vincent Peillon, misent sur une sauce hollandaise débarrassée de toute trace de François Hollande pour remporter la primaire de la gauche. Ce mardi 2, chacun de leur côté, les anciens ministres ont ainsi présenté leur projets respectifs. Deux copieux plats (entre 50 et 60 pages chacun) sociaux-démocrates goûtant fort et de manière assumée l'émulsion au beurre citronnée, mais dont les cuistots ont revendiqué une certaine distance avec l'inventeur de la recette, tout en se réclamant de son héritage. Un exercice d'équilibriste qui a dû laisser un arrière-goût amer au chef de l'Etat, accusé en filigrane de n'être rien d'autre que le principal défaut du hollandisme.
Qu'il s'agisse de "refondation de l'Europe" pour Manuel Valls ou d'un "New Deal européen" pour Vincent Peillon, de rénover les institutions, du droit de vote des étrangers (Peillon) ou encore de la création d'un revenu universel (Valls): les deux hommes ont ainsi largement pioché dans la boîte à outils idéologique de François Hollande pour bâtir leurs projets. Inspirés par le quinquennat qui touche à son terme ou directement issus des 60 propositions de la campagne de 2012, ces promesses, parfois non tenues (celles qui ont peut-être coûté le plus cher au chef de l'Etat), sont désormais "vallsistes" ou "peilloniennes".
Et qu'importe que certaines ne soient pas plus réalisables aujourd'hui qu'il y a cinq ans. Refonder l'Europe? François Hollande l'avait promis comme première pierre de son mandat. Parti pourfendre le pacte budgétaire (celui de la fameuse "règle d'or") à Berlin moins de 10 jours après son élection, le président était rentré bredouille. Tout un symbole: l'histoire n'a retenu de ce premier déplacement que l'avion présidentiel frappé par la foudre, forçant le chef de l'Etat a revenir précipitamment pour changer d'appareil...
Inscrire dans la Constitution le droit de vote aux élections locales? Faute de majorité des 3/5e au Parlement, Hollande a été condamné à renoncer. Et si Vincent Peillon propose aujourd'hui de passer par un référendum pour contourner le problème, le risque est grand compte tenu de l'atmosphère actuelle dans le pays de voir la proposition rejetée. La reléguant ainsi pour des décennies au fond des tiroirs...
Peillon et Valls veulent ainsi faire du Hollande sans Hollande, expurger la "fraise des bois" du ragoût social-démocrate pour le rendre plus digeste, mieux le vendre aux Français. Et mettre à leur crédit les résultats positifs de ces dernières semaines, notamment sur le front du chômage. Reste à savoir si les deux anciens ministres ont bien cerné les erreurs qui ont conduit le chef de l'Etat dans les tréfonds de l'impopularité l'ayant empêché de se représenter. Sous peine que l'histoire ne se répète.
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