Procès Cahuzac : le parquet requiert trois ans de prison ferme et cinq ans d'inéligibilité

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 14 septembre 2016 - 15:35
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Jérôme Cahuzac.
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©Benoît Tessier/Reuters
Trois ans de prison ferme ont été requis à l'encontre de Jérôme Cahuzac.
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Après dix jours de procès, le parquet a requis ce mercredi trois ans de prison ferme et une peine d’inéligibilité de cinq ans à l'encontre de l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac pour fraude et blanchiment. Sa femme, elle, risque deux ans d'emprisonnement."Le seul élément qui distingue vos situations, c'est que lui était ministre", a déclaré le procureur.

Le parquet a requis ce mercredi 14 trois ans de prison ferme à l'encontre de l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac pour fraude fiscale et blanchiment, estimant que c'était le juste prix de la "trahison" pour avoir "sacrifié tous les principes pour l'appât du gain". La procureur Eliane Houlette a aussi demandé une peine d'inéligibilité de cinq ans contre l'ex-étoile montante de la galaxie socialiste, ancien maire et ancien député, qui a "trahi tous ses serments". Elle a requis deux ans de prison ferme à l'encontre de Patricia Cahuzac, qui a "surpassé" son mari "dans la dissimulation de ses avoirs au fisc". "Le seul élément qui distingue vos situations, c'est que lui était ministre", a-t-elle lancé.

L'ancien héraut de la lutte contre l'évasion fiscale, à l'origine du plus retentissant scandale du quinquennat, est jugé depuis le 5 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour ses comptes cachés à l'étranger, au côté de son ex-épouse et de leurs anciens conseillers, le banquier François Reyl et l'homme d'affaires Philippe Houman. A l'encontre du banquier suisse et de l'intermédiaire, accusés d'avoir "organisé l'opacité" des avoirs, passés de Suisse à Singapour via des sociétés offshore, le parquet a requis 18 mois de prison avec sursis et 375.000 euros d'amende. Contre la banque Reyl, qui a "mis sa technicité au service" de la fraude, il a demandé 1,875 million d'amende et une interdiction d'exercer toute activité bancaire en France pendant cinq ans.

Pendant dix jours, le procès a mis à nu les secrets bancaires d'un couple dans la tourmente, "conscient de l'illégalité" de montages toujours plus sophistiqués. Patricia et Jérôme Cahuzac ont reconnu une fraude "familiale", une plongée dans l'opacité offshore comme une fuite en avant, mais nié avoir construit "un système organisé". Au contraire, le procureur Jean-Marc Toublanc a dénoncé "l'organisation d'une vie familiale enracinée dans la fraude pendant 20 ans": "à aucun moment il n'y a eu une prise de conscience. Pas même quand M. Cahuzac est devenu président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale" en février 2010 et "se fait remettre 20.800 euros en espèces sur le trottoir parisien". Jusqu'au bout, Jérôme Cahuzac a ménagé ses effets. Mardi, il a affirmé n'avoir "pas menti au président les yeux dans les yeux" car François Hollande ne lui avait "jamais demandé" s'il avait "oui ou non un compte à l'étranger". L'Elysée a démenti.

Dès le premier jour, il avait fixé une nouvelle ligne de défense, affirmant à la surprise générale avoir ouvert un premier compte à l'Union des banques suisses (UBS) de Genève en 1992 par l'intermédiaire d'un ami pour "financer les activités politiques" de feu Michel Rocard. Une stratégie risquée au procès du mensonge, celui d'un homme enferré dans ses secrets et dont la "vérité" sera jugée "sur pièces", comme l'a prévenu le président Peimane Ghaleh-Marzban.

Au fil des jours, l'ex-ministre s'est expliqué sur les circuits de l'argent: l'ouverture dès 1993 d'un compte en son nom propre chez UBS, nom de code "Birdie". Compte très vite géré par la banque Reyl, qui organise en 2009 le transfert de tous les avoirs - quelque 600.000 euros - à Singapour, via des sociétés offshore au Panama et aux Seychelles. La banque Reyl a nié toute "volonté d'opacité", assurant n'avoir répondu qu'au désir de "confidentialité accrue" du client. Patricia Cahuzac a décrit une fraude familiale bien rodée: "De même que je savais qu'il y avait un compte en Suisse - sur lequel j'avais procuration -, le compte à Man était pour nous deux, à nos deux noms", a dit l'ex-épouse. "On était très conscients de l'illégalité de tout cela."

Le couple de médecins versera aussi, de 2003 à 2010, des chèques de patients de leur clinique d'implants capillaires sur les comptes de la mère du chirurgien gagné par le virus de la politique. A eux deux, les Cahuzac ont subi un redressement majoré d'environ 2,5 millions d'euros. Quand l'affaire éclate en décembre 2012, Jérôme Cahuzac, qui a "peur de tout perdre", nie. Il finira par démissionner le 19 mars 2013, par avouer le 2 avril. Trois ans et demi plus tard, il assume "une faute impardonnable" et assure qu'à 64 ans, sa "vie politique est terminée".

 

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