Procès Cahuzac : l'ex-ministre assure ne pas avoir "menti" à Hollande

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 13 septembre 2016 - 20:39
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Jérôme Cahuzac.
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©Benoît Tessier/Reuters
"Je n'ai pas menti au président les yeux dans les yeux", a déclaré l'ancien élu socialiste.
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Dans le cadre de son procès pour fraude fiscale, Jérôme Cahuzac a affirmé ce mardi n'avoir "pas menti" au président François Hollande sur son compte caché en Suisse. L'ex-ministre du Budget encourt jusqu'à sept ans de prison et un million d'euros d'amende.

C'est une des dernières fois qu'il prend la parole à son procès pour fraude fiscale et il fait sensation: l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac a affirmé ce mardi 13 n'avoir "pas menti" au président François Hollande sur son compte caché en Suisse. "La question précise, +as-tu oui ou non un compte à l'étranger?+, on ne me l'a jamais posée. Je n'ai pas menti au président les yeux dans les yeux", a déclaré l'ancien élu socialiste.

Il affirme avoir eu deux entretiens avec le président, le premier en tête-à-tête, et le second en présence du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 5 décembre, alors que le site d'information Mediapart venait de révéler l'existence de son compte à l'étranger. "Il (le président) me demande: +Qu'est-ce que c'est que cette histoire?+ Je réponds: +C'est rien, c'est des conneries+", relate le ministre déchu. Jérôme Cahuzac explique que ce mois de décembre est un cauchemar pour lui, alors ministre du Budget préparant la loi de finances, et sous-entend que le président lui a demandé de rester, au moins le temps de finir l'année.

"Cet entretien, j'en sors avec la conviction que je dois continuer à faire ce que je dois faire... Même à un président de la République, il faut savoir dire non. Je n'ai pas su dire non. Ce n'est pas de sa faute", dit-il. L'ancien ministre a refusé d'être plus précis, ajoutant seulement: "le responsable politique qu'il est n'a pas commis de faute. Humainement, c'est autre chose."

Le premier jour, Jérôme Cahuzac avait à la surprise générale annoncé que son premier compte ouvert en Suisse en 1992 était destiné à "financer les activités politiques" de feu Michel Rocard. Mardi, l'ancien héraut de la lutte contre l'évasion fiscale, devenu le fraudeur se faisant livrer du cash sous le nom de code "Birdie", raconte aussi la "tourmente qui a dévasté la famille" avec le scandale. Il nie pendant des mois. "L'enfer". Quand une information judiciaire est ouverte en mars 2013, il se dit qu'il lui "reste trois solutions: continuer à nier, avouer ou..." Les mots se brisent, les larmes montent. Il reprend, après une brève suspension de séance. C'est un entretien avec son avocat, Jean Veil, qui le convainc de "renoncer au suicide", de "dire la vérité et d'en payer le prix".

Le ministre star du gouvernement démissionne le 19 mars 2013, avoue le 2 avril. Cette affaire fut le plus retentissant scandale politico-financier du quinquennat et conduisit au renforcement des outils de lutte contre la fraude fiscale, avec notamment la création d'un parquet national financier. Trois ans et demi plus tard, Jérôme Cahuzac dit sa "douleur" de voir sa vie résumée à cette minute où il nie avoir eu un compte à l'étranger, à l'Assemblée nationale: "ces images qui passent en boucle, jusqu'à la nausée, résument ce que je suis censé être aux yeux de tous". "Je demande à être jugé pour ce que j'ai fait, ce que je suis. Je croyais en ce que je faisais", lance-t-il.

Depuis huit jours, il répond, avec son ex-épouse Patricia, de fraude fiscale et blanchiment pour des comptes en Suisse, à Singapour et sur l'île de Man. Dans la matinée, ils ont aussi répondu de l'utilisation des comptes de la mère de l'ancien élu, sur lesquels ils ont, de 2003 à 2010, déposé pour près de 240.000 euros de chèques de patients de la clinique d'implants capillaires qu'ils tenaient alors ensemble.

Un argent qui a servi à des "dépenses familiales", selon les ex-époux. "Une facilité" devenue "une habitude", a reconnu le prévenu, qui a toutefois nié tout "système organisé". A eux deux, ils ont subi un redressement majoré de plus de 2,5 millions d'euros. "J'ai extrêmement honte d'avoir fait cela", a lâché Patricia. Son ex-mari, lui, n'a cessé d'évoquer une "faute impardonnable".

Jugés avec leurs anciens conseillers, ils encourent jusqu'à sept ans de prison et un million d'euros d'amende. Avant les réquisitions mercredi, le président a une dernière question sur l'avenir politique de l'homme aux multiples visages. La réponse tombe: "j'ai 64 ans, ma vie politique est terminée".

 

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