Réforme de l'Education nationale : Jean-Michel Blanquer multiplie les axes de travail (et les risques de contestation)
Première rentrée pour Jean-Michel Blanquer, et elle s'annonce musclée. Le ministre de l'Education nationale a donné une longue interview à L'Obs publiée mercredi 23 où il a développé les grands axes de sa politique pour l'année scolaire à venir.
Premier point, Jean-Michel Blanquer compte renforcer la formation des enseignants. "Dès l'année à venir, nous allons faire monter en puissance la formation initiale et continue des professeurs", promet-il, ambitionnant que "70 à 80% des intervenants soient des enseignants chevronnés ayant fait leurs preuves sur le terrain - ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui". Surtout, le ministre revient sur l'autonomie des établissements scolaires "que nous allons encourager progressivement" et la possibilité pour les chefs d'établissements de recruter eux-mêmes leurs enseignants, alors qu'ils n'ont pour l'instant pas de rapport hiérarchique: "Mon objectif est simple, des établissements avec des équipes unies, partageant un projet éducatif fort".
Gros chantier également: l'assouplissement des rythmes scolaires. Depuis le 28 juin, date de publication du décret, le gouvernement laisse désormais la liberté aux collectivités de repasser à la semaine de quatre jours ou conserver l'organisation actuelle sur quatre jours et demi. Reste à savoir si la mesure sera appréciée par les enseignants, les parents d'élèves et les premiers concernés, les enfants. Plus d'un tiers des écoles ont décidé de revenir à l'ancien système.
Le locataire de la rue de Grenelle s'engage également sur un chemin glissant en évoquant un changement des méthodes de lecture en CP. En effet, le ministre plaide contre la méthode globale: "Pour la lecture, on s'appuiera sur les découvertes des neurosciences, donc sur une pédagogie explicite, de type syllabique, et non pas une méthode globale, dont tout le monde admet aujourd'hui qu'elle a eu des résultats tout sauf probants".
Malgré la réduction du budget dédié à l'éducation à 75 millions d'euros en 2017, Jean-Michel Blanquer, souhaite également réhabiliter les internats, pourtant très couteux pour le ministère. "L'internat répond à un enjeu social fort. Il y a des réussites en éducation prioritaire, mais des facteurs extrascolaires - le sommeil, la nourriture, la vie de quartier - peuvent peser sur la trajectoire des élèves, parfois de manière décisive", explique-t-il. Autre poste de dépenses important: le doublement des classes de CP en zone d'éducation prioritaire. "Si dès juin prochain, grâce aux classes dédoublées, les enfants des quartiers populaires sortent tous du CP en sachant lire, écrire, compter, je pense que ce sera un facteur de confiance, et un pied de nez à tous les fatalistes", défend-t-il.
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