Séisme au sein de la PJ avec l'éviction du patron de la zone Sud en pleine réforme

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FranceSoir avec AFP
Publié le 07 octobre 2022 - 19:30
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NICOLAS TUCAT / AFP
Des membres de la police judiciaire forment une haie d’honneur afin de montrer leur soutien au directeur de la police judiciaire, Eric Arella, après qu’il a été démis de ses fonctions, devant leur siège, à Marseille, le 7 octobre 2022.
NICOLAS TUCAT / AFP

L'éviction vendredi du patron de la police judiciaire pour le sud de la France, Eric Arella, au lendemain d'une action de ses troupes contre la réforme de la PJ qui ont organisé jeudi une « haie du déshonneur » contre le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a résonné comme un coup de tonnerre et fait descendre des centaines de policiers dans la rue.

Le directeur zonal de la PJ pour le sud de la France, Eric Arella, a été démis de ses fonctions, vendredi 7 octobre, par le directeur général de la police national (DGPN), Frédéric Veaux. Eric Arella pilotait depuis sept ans les enquêtes sur la grande criminalité et notamment sur le narcobanditisme de Perpignan à Nice en passant par la Corse et Marseille, une des villes les plus touchées par ce fléau.

Cette décision intervient après le coup d’éclat de 200 enquêteurs, la veille, lors de la visite de M. Veaux dans les locaux de l’Evêché, le siège de la police marseillaise. Dans les couloirs du bâtiment, les fonctionnaires de tous grades, revêtus de leur gilet noir où les mots « police judiciaire » apparaissaient barrés en signe de deuil, ont organisé une « haie du déshonneur » avant le départ du patron de la police. Ce dernier était venu convaincre du bien-fondé de sa réforme : le placement de toutes les forces de police sous l’autorité d’un seul chef dans chaque département.

Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, n'a visiblement pas apprécié sa réception jeudi à Marseille par quelque 200 officiers mobilisés contre la réforme.

M. Arella sera remplacé par Dominique Abbenanti, actuellement attaché de sécurité à Alger, a-t-on précisé à la DGPN. Eric Arella lui sera chargé de mission à la DGPN et non à l'IGPN, la police des polices, comme annoncé dans un premier temps.

"Merci patron"

Immédiatement après l'annonce, des centaines d'officiers se sont rassemblés dans toute la France. À Marseille, ils étaient environ 200 à crier des "bravo", "merci patron".

"Tout le monde est remonté, y compris la hiérarchie", a confié un officier à Nice, où une centaine de policiers se sont rassemblés en présence du patron de la PJ de Nice. À Montpellier, ils étaient une centaine, à Toulouse 70, à Strasbourg une trentaine.

Une certitude : la réforme de la PJ suscite une énorme réticence.

Porté par Gérald Darmanin et Frédéric Veaux, le projet prévoit de placer tous les services de police d'un département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et PJ - sous l'autorité d'un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.

Les commissariats "croulent sous les dossiers. Si on demande à une partie des enquêteurs de la PJ de prendre en charge des dossiers qui relèvent de la sécurité publique, on ne sera plus en mesure de faire notre boulot", s'inquiétait vendredi à Toulouse un enquêteur, membre de l’Association nationale de la police judiciaire (ANPJ).

"Cette réforme est porteuse de danger à brève échéance, dans moins de 10 ans, (...) puisqu'elle expose nos concitoyens au crime organisé et aux cartels", a estimé de son côté Thomas, porte-parole de l'ANPJ à Marseille.

"Il y a des difficultés d'organisation dans la police, mais à la PJ ça fonctionne, malgré le manque de bras et de moyens", analyse Jean-Baptiste Perrier, professeur en droit privé et sciences criminelles à l'Université d'Aix-Marseille, en soulignant le caractère exceptionnel de cette mobilisation : "À la PJ, ce sont plutôt des taiseux".

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