Tout en critiquant Hollande l'indécis, Macron cultive l’ambiguïté sur sa candidature en 2017 (VIDEO)
Sa marche ressemble de plus en plus à une course au pouvoir. "Un pied dedans, un pied dehors" (Le Canard Enchaîné), le "semi-candidat" (Le Figaro) "n'a plus de limite" (Le Monde). La presse est unanime, Emmanuel Macron a poussé encore un peu plus ouvertement ses pions vers une candidature à la présidentielle de 2017, mardi 12 lors de son meeting à la Maison de la Mutualité de Paris. Mais celui qui a tout appris aux côtés de François Hollande, s'il a au passage critiqué le président qui "avance à couvert" et affiché son ambition, n'a pour autant pas annoncé clairement une candidature qui apparaît inéluctable. Vraiment?
"Imaginez où nous serons dans trois mois, dans six mois, dans un an!", a ainsi lancé l'encore ministre de l'Economie aux quelques 2.000 à 3.000 de ses marcheurs et supporteurs réunis dans la grande salle parisienne, haut lieu de la gauche. Sans note, mais avec des prompteurs, sans cravate et un micro accroché à la veste, Emmanuel Macron a livré une heure de discours ressemblant fort à un meeting de campagne. "Je vais prendre tous les risques", a-t-il ainsi promis, fustigeant le "système" (lui qui est ministre), les "blocages" et ringardisant les combats de l'exécutif, par exemple sur la loi Travail ("ce n’est plus le combat d’aujourd’hui"). Le tout sous les hourras de la salle et même quelques "Macron, président" (voir vidéo ci-dessous).
Mais il s'est bien gardé de déclarer ses intentions, comme le pressent pourtant ses soutiens. Certains ont même fait défection, récemment, inquiets de l'indécision de leur champion qui réduit comme peau de chagrin la fenêtre de tir pour lever les fonds, colossaux, indispensables pour se lancer dans la course à l'Elysée, selon Libération. "Je demande à Emmanuel Macron de ne plus se poser la question: j’y vais ou j’y vais pas?", lui a même lancé l'un des chauffeurs de salle de mardi soir, l'écrivain Alexandre Jardin, sans cacher son envie de le voir se déclarer.
Las, celui qui est peut-être le plus brillant des jeunes loups formés à l'école Hollande semble avoir intégré un des défauts du président: l'ambigüité. Voire l'indécision. Son choix est-il seulement fait? Oui, non, peut-être... la question pourrait même ne plus être primordiale à court terme. Une campagne présidentielle se prépare ainsi longtemps à l'avance, dans l'opinion mais aussi, surtout, en coulisses. Or l'ancien associé de Rothschild pèche à ce stade par le flou de son programme comme de son calendrier, critiqué même en interne comme le prouve la mise en retrait "provisoire" de Marc Simoncini, patron de Meetic et jusqu'ici porte-voix d'"En Marche!".
La situation de M. Macron est donc moins confortable qu'il n'y paraît puisque, sans réelle machine de guerre à son service, il ne peut se permettre de quitter le confort et l'exposition de son ministère si tôt, d'autant que le risque serait grand de se transformer en une hydre mi-Montebourg mi-Brutus. Et comme François Hollande semble avoir bien conscience qu'il ne peut le débarquer sans lui offrir une rampe de lancement, et compte bien mettre à son profit l'aura de son ministre, le show Macron, un pied dedans, un pied dehors, pourrait durer encore un temps.
("Macron, président", voir ci-dessous un extrait du discours du ministre lors du meeting de mardi)
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.