Variole du singe, déserts médicaux, et 1 500 postes d'internes en moins à la rentrée
Tandis que la variole du singe (MPOX) fait grand bruit, une publication du Journal officiel (JO) a quant à elle tenté de se faire à pas feutrés. Publiées en juillet, les dernières données chiffrées annoncent une réduction de 1 510 postes d’internes en médecine pour la rentrée prochaine. Une information qui est remontée jusqu’aux oreilles des étudiants en médecine, qui lancent en réponse une pétition en ligne pour maintenir ces postes clefs.
La publication de cette réduction de places, passant de 9 484 postes en 2023 à 7 974 pour la rentrée 2024, s’est faite le 9 juillet, tandis que l’alerte « urgence de santé publique de portée internationale » déclarée par l’OMS pour la nouvelle variole qui sévit est tombée le 16 juillet. Des échéances malheureuses qui viennent ternir, encore une fois, la gestion sanitaire du gouvernement français.
Comme le rapporte Le Parisien, parmi les postes visés, ce serait entre autres la chrirugie plastique qui perdrait la moitié de ses effectifs, l’ophtalmologie et la médecine générale qui perdraient 18% de leurs internes, mais aussi une réduction de 15% dans le domaine de la médecine d’urgence. Un choix qui paraît pour le moins déconnecté de la réalité. Il y a un an, Le Monde reprenait les propos d'Antoine Pelissolo, chef de service en psychiatrie, et titrait « Il faut augmenter d’au moins 30 % le nombre d’étudiants admis dans le cursus médical ». Pas gagné.
Alors que nombreux sont les rapports soulignant l’inexorable augmentation des déserts médicaux en France, cette nouvelle redistribution des postes vue à la baisse va venir complexifier des épreuves déjà éprouvantes. En effet, suite à la réforme du deuxième cycle des études de santé, de nombreux étudiants auraient, selon les précisions apportées par les étudiants dans la pétition, préféré redoubler pour mettre plus de chances de leur côté au moment du concours de sixième année. Parmi les prérequis du concours : la nécessité de passer l’écrit avec une note minimale de 14/20.
Bien que le ministère de l’Enseignement supérieur défende ce choix en estimant s’adapter au nombre de candidats, ce serait en réalité la réforme qui aurait poussé les étudiants à être moins nombreux à se présenter lors du concours de l’année passée. Nous voilà avec l’amer sensation que le serpent se mord la queue.
En réponse, une pétition lancée par des étudiants en sixième année de médecine aimerait rebattre les cartes. À ce jour, elle cumule près de 14 000 signatures sur les 15 000 souhaitées, soit le double des signatures en deux jours de temps depuis que l’affaire s’ébruite.
Selon les auteurs de la pétition, la réduction de places disponibles va pousser les futures médecins à « choisir une spécialité par dépit dans laquelle ils seront moins investis et la qualité de leurs soins en pâtira. » Ce qui les mène à la conclusion que « après six ou sept ans d’études acharnées, on ne nous permet pas de choisir notre métier. » Après tant d’années d’études, nous ne pouvons qu’imaginer le désarroi de ces étudiants lorsque leur spécialité, ayant menée à choisir un cursus universitaire si chronophage, n’est rendue que peu atteignable.
D’autant que moins d’internes, cela signifie devoir faire plus d’heures avec moins. Ainsi, les étudiants craignent pour leurs tours de garde qui risquent, encore une fois, de s’allonger. Le gouvernement se veut cependant rassurant, affirmant qu’en cas de sous-effectif, les services hospitaliers vont avoir la possibilité d’embaucher des médecins avec un statut particulier, à savoir des Faisant fonction d’internes (FFI), soit des médecins venus de l’étranger qui se révèlent moins coûteux, mais aussi parfois moins bien formés... Encore une fois, les Français après.
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