Allemagne : ces manifestants qui descendent dans la rue à l'appel de Pegida
Le mouvement "Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident" (Pegida) ne cesse de progresser en Allemagne. Chaque lundi depuis le mois d'octobre, il organise dans les rues de Dresde, en particulier, des manifestations appelées en allemand "Montagsdemo". Une référence aux manifestations anticommunistes de l'ex-RDA.
Au fil des mois, un nombre croissant de personnes se sont rendues aux rassemblements. Lundi 12, soit 5 jours après la fusillade de Charlie Hebdo à Paris, 25.000 personnes ont défilé, réclamant une politique migratoire plus restrictive. Depuis 2012, le pays est la principale destination d'Europe pour les migrants, venus notamment des terres de conflits comme la Syrie, l'Irak ou l'Afghanistan.
Les organisateurs ont cependant annoncé ce dimanche que la 13e manifestation, prévue lundi 19, était annulée pour "des raisons de sécurité", après qu'un de leurs organisateurs a fait l'objet d'une menace de mort. Le journal allemand Der Spiegel avance même que des services de renseignement allemands auraient été informés par leurs homologues étrangers que des djihadistes connus avaient évoqué de "possibles attaques contre les marches hebdomadaires de Pegida".
Les personnes qui se rendent aux manifestations de Pegida ne seraient pas des islamophobes radicaux. Le Spiegel Online titrait même le 14 janvier "A Dresde, c'est la marche de la classe moyenne".
Des chercheurs de l'université technique de Dresde ont interrogé pendant 3 semaines 400 participants de ces manifestations qui dénoncent "l'islamisation de pays". Les conclusions de l'étude dressent un profil type du manifestant: un homme de 48 ans, de niveau bac +4, dont le salaire se situe au dessus de la moyenne de la Saxe.
Mais l'élément le plus frappant est qu'en réalité l'Islam ne revêt pas une importance particulière pour les Allemands interrogés. Le principal message qu'ils veulent faire passer en descendant dans la rue est leur mécontentement général face à la politique et aux médias nationaux. Ces éléments font dire à certains que le nom du mouvement ("Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident") ne colle pas tout à faire avec la cause défendue.
Mais si ces résultats donnent des pistes, ils ne peuvent pas servir de base réelle pour expliquer clairement le mouvement. Deux tiers des manifestants ont refusé de répondre aux questions des chercheurs et le mouvement Pegida est soutenu par divers courants d'extrême droite ou néonazis et par le jeune parti anti-euro AfD (Alternative pour l'Allemagne).
Selon un sondage publié par l'hebdomadaire allemand Die Zeit en décembre, près d'un Allemand sur deux (49%) montre de la sympathie pour les manifestations de Pegida. 30% disent même les soutenir "totalement".
A l'inverse, une autre fraction de la population s'insurge contre le mouvement initié par Pegida et le fait savoir. Des contre-manifestations sont régulièrement organisées dans le pays et fédèrent des milliers de personnes.
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