"Aucune preuve" ne lie la Russie au sabotage des gazoducs Nord Stream, selon le Procureur fédéral allemand
“Aucune preuve” ne lie la Russie aux explosions des gazoducs sous-marins Nord Stream 1 et 2. Le procureur fédéral d’Allemagne, Peter Frank, a déclaré le 4 février au quotidien Die Welt que le rôle de Moscou dans cet acte de sabotage “n’est actuellement pas vérifiable”. Une version qui corrobore jusqu'à ce jour les premières conclusions d’une enquête dévoilées en décembre par The Washington Post.
Peter Frank a déclaré à l’édition dominicale du quotidien allemand, “Welt Am Sonntag”, que “les enquêtes se poursuivaient”. Le Procureur fédéral d’Allemagne a expliqué que des “échantillons d’eau et de sols ainsi que des restes de pipelines ont été prélevés sur la scène du crime, qui a été largement documentée. Nous évaluons actuellement cela au niveau pénal”, a-t-il déclaré.
L’Allemagne, qui mène sa propre enquête sur ces explosions, “est en contact avec la Suède et le Danemark”, poursuit le magistrat. Les deux explosions sont survenues dans les zones économiques exclusives (ZEE) de ces deux pays nordiques.
Dans la même interview, Peter Frank a par ailleurs annoncé que Berlin avait recueilli “des preuves de crimes de guerre commis en Ukraine” et plaidé pour une “action judiciaire à l’échelle internationale contre la Russie”. "Nous nous concentrons actuellement sur les massacres perpétrés à Boutcha ou sur l’attaque contre les infrastructures civiles en Ukraine”, a-t-il ajouté.
La Russie “reste un suspect majeur”
En décembre, le Washington Post révélait que “les premières conclusions” d’une enquête démontraient que “rien ne liait, de manière concluante, la Russie à l’attaque”. Moscou “n’est peut-être pas responsable du sabotage” et sa “condamnation a été rapide et généralisée”, lit-on.
L’enquête indiquait que “les détails médico-légaux” ne permettaient pas d’affirmer que la Russie était derrière le sabotage. Les résidus des explosifs récupérés ainsi que la profondeur relativement faible des tuyaux endommagés maintenaient un vaste champ de possibilités quant aux auteurs de cet acte. “Différents acteurs auraient pu réussir l'attaque”, à l’aide de “drones submersibles” ou de “navires de surface”, relayait le Washington Post. La “Russie restait un suspect majeur”, selon les déclarations de responsables au quotidien américain, compte tenu de “ses récents bombardements d’infrastructures civiles en Ukraine”.
Les explosions des deux gazoducs ont immédiatement laissé place à des accusations mutuelles entre la Russie, les États-Unis et d’autres pays membres de l’Otan. Les accusations contre Moscou suscitaient un scepticisme chez certains, estimant que la Russie “avait peu à gagner à endommager les gazoducs” qui lui génèrent des “milliards de dollars de revenus annuels”.
Les accusations portées contre “la Russie ont été jugées précipitées”, n’ayant pas “tenu compte d'autres pays, ainsi que des groupes extrémistes, qui pourraient avoir la capacité et un motif pour mener l'attaque”, relayait encore le Washington Post.
Les États-Unis ont qualifié de “ridicules” les accusations de Moscou selon lesquelles Washington était derrière ce sabotage. Pour autant, l’administration Biden ne cache pas sa “satisfaction” à ce que le Nord Stream “ne soit plus qu’un morceau de métal au fond de la mer”.
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