Boko Haram : qui est ce groupe terroriste qui massacre en toute impunité au Nigeria ?

Difficile d'estimer l'ampleur du massacre commis par la secte islamique Boko Haram dans le nord-est du Nigeria depuis un peu plus d'une semaine. Le gouvernement nigérian parle de 200 victimes alors que certaines ONG dont Amnesty International estime le nombre de morts à plus de 2.000. Un tel degré de violence (certains témoignages parlent de files de cadavres ininterrompues sur plusieurs kilomètres ou de meurtres de femmes en train d'accoucher), est l'un des symboles de l'extrémisme absolu dans lequel évolue cette organisation islamiste depuis sa création.

Fondé en 2002 par Mohammed Yusuf, un islamiste nigérian qui s'inspire de la doctrine des talibans afghans, Boko Haram (qui peut se traduire par "l'éducation occidentale est un péché" en langue haoussa) entend instaurer la charia (loi islamique) au Nigeria et de proclamer un califat islamique. Boko Haram défend une version radicale de l'islam, qui interdit aux musulmans de prendre part à toute activité politique ou sociale associée aux sociétés occidentales, comme voter lors des élections, s'habiller à l'occidentale ou recevoir une éducation séculière. Il s'oppose également à l'instruction des femmes.

Son action se caractérise par une violence sans retenue à l'égard des représentants de l'Etat nigérian mais aussi des civils, toutes confessions confondus (chrétiens, musulmans et animistes). A la mort de Mohammed Yusuf en 2009 suite à une attaque menée par l'armée nigériane, c'est Abubakar Shekau qui devient le leader de Boko Haram. Depuis, il apparaît sur de nombreuses vidéos où il revendique les exactions commises par son groupe. Parmi celles-ci, l'enlèvement de plus de 276 lycéennes à Chibok en avril 2014 avait suscité une vague d'indignation dans le monde à travers le message "Bring Back Our Girls" ("Rendez nous nos filles" en anglais). Le groupe terroriste s'en prend régulièrement aux lieux d'enseignement, massacrant élèves et professeurs et incendiant les écoles. Depuis 2011, la capitale du pays, Abuja, située au milieu du pays où se rencontre le nord majoritairement musulman et le sud chrétien, est la cible de plusieurs attentats suicide dont un qui a touché le siège des Nations-Unis.

Outre les attaques conventionnelles, comme celles de la semaine dernière sur la ville de Baga au nord-est du pays qui a fait plusieurs centaines de victimes et des milliers de déplacés, Boko Haram effectue également des attentats suicides comme à Maiduguri le 10 janvier où une bombe portée par une fillette de 10 ans a explosé en plein marché.

Il est difficile d'estimer le nombre de combattants affiliés à Boko Haram tant l'organisation reste nébuleuse, mais il pourrait disposer d'entre 8.000 et 30.000 hommes. Il recruterait particulièrement chez les paysans très pauvres et assez jeunes de l'ethnie Kanouri dont est issu Abubakar Shekau, qui sont ensuite embrigadés et fanatisés. En plus de ces attaques au Nigeria, le groupe lance depuis le milieu de l'année 2013 des incursions au sud du Niger et au nord du Cameroun.

On estime que depuis sa création Boko Haram a provoqué la mort de plus de 30.000 personnes, ce qui illustre toute la difficulté qu'éprouve le  Nigeria à lutter contre la secte islamiste. Les massacres de ces derniers jours ont par ailleurs provoqué une prise de conscience de la communauté internationale sur la situation dramatique du nord-est du pays. Le sujet de la lutte contre Boko Haram devrait être abondement abordé lors de la prochaine conférence internationale contre le terrorisme à Washington le 18 février prochain.