Combats incessants à Gaza, échange de frappes à la frontière libanaise et “inquiétude” de l’ONU pour les “violations” israéliennes du droit de la guerre
Aucun répit à Gaza. Des bombardements ont ciblé cette semaine la ville de Rafah ainsi que le centre de l’enclave palestinienne, où l’armée israélienne y mènent deux opérations simultanément. Les combats entre les combattants palestiniens et les soldats de Tsahal se poursuivent tandis que les confrontations s’intensifient à la frontière libanaise, entre Tel Aviv et le Hezbollah. Le ministère gazaoui de la Santé a fait état jeudi de 35 morts les dernières 24 heures précédant son annonce, portant le bilan total à 37 431 décès depuis le début de la guerre. L’armée israélienne a publiquement désavoué le gouvernement Netanyahou dans son objectif d’éradiquer le Hamas et imposer une autre autorité à Gaza après la guerre, au moment où l’ONU fait part de ses "sérieuses inquiétudes" en matière de respect du droit de la guerre par Israël.
Les affrontements font rage, escalade à la frontière libanaise
Des tirs d’artillerie et des bombardements ont été constatés mercredi et jeudi à Gaza, du nord au sud. A Rafah, l’armée israélienne, qui y mène des manœuvres terrestres depuis plus d’un mois, a annoncé poursuivre des opérations "de précision”, affirmant, jeudi, avoir "éliminé” la veille plusieurs membres du Hamas “dans des combats rapprochés".
Ces derniers sont confirmés par la branche armée du Jihad islamique, un groupe armé allié du Hamas, ainsi que par des témoins qui évoquent la présence de plusieurs véhicules militaires dans le quartier Saoudien, soutenus par des tirs de drones et de chars. Ces frappes, qui ont aussi ciblé des tentes d’un camp de réfugiés situé dans la zone d’Al-Mawasi, ont provoqué mercredi la mort de sept personnes à en croire les secouristes.
La ville de Nousseirat (centre), théâtre, la semaine dernière, d’une opération commando israélienne qui a mené à la libération de quatre otages détenus par le Hamas et la mort de plus de 270 Gazaouis selon l’organisation palestinienne, a été ciblée par une frappe aérienne. Deux morts ont été constatés par un médecin. Plus au nord, à Gaza City, un quartier de la ville, Zeitoun, a été ciblé par des tirs d’artilleries et de chars.
Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé hier un nouveau bilan de 37 431 morts depuis le début de la guerre, dont 35 personnes les dernières 24 heures. Le nombre de blessés dans le territoire palestinien s’élève à 85 653 personnes, selon la même source.
Les craintes de la communauté internationale de voir le conflit s’enliser dans un autre front, à la frontière libanaise, se confirment. Plusieurs frappes israéliennes ont visé mercredi le sud du Liban. Le Hezbollah a annoncé la mort de deux combattants. Son chef, Hassan Nasrallah, a prononcé un discours pour revendiquer une attaque de drone sur des soldats israéliens à Metula, dans le nord d'Israël.
Il a affirmé “qu’aucun lieu” en Israël ne serait épargné par les missiles si Tel Aviv exécutait ses menaces d'attaquer le Liban. “L'ennemi sait parfaitement que nous nous sommes préparés au pire (...) Il sait qu'aucun lieu (...) ne sera épargné par nos missiles”, a-t-il déclaré. L’État hébreu doit “nous attendre par la terre, par la mer et par les airs”, ajoute-t-il.
Les violations israéliennes du droit de la guerre inquiètent l’ONU
L’échange de frappes aériennes intervient quelques jours après le rejet, par le gouvernement Netanyahou, d’une initiative française visant à apaiser les tensions à la frontière israélo-libanaise. Tel Aviv accuse Paris “d’hostilité”. “Alors que nous menons une guerre juste, en défense de notre peuple, la France a adopté une politique d’hostilité à l’égard d’Israël. Ce faisant, la France ignore les atrocités commises par le Hamas”, a écrit le ministère de la Défense, Yoav Gallant, dans un post X.
La guerre à Gaza continue, par ailleurs, de provoquer “une catastrophe humanitaire” et l'aide internationale entre en quantité insuffisante, selon Farhan Haq, porte-parole de l'ONU. Les points de passages restaient fermés depuis des semaines à Rafah, où le passage israélien Kerem Shalom “a fonctionné en capacité limitée, notamment à cause des combats”.
“Ces dernières semaines, la situation s'est améliorée dans le nord, mais s'est considérablement détériorée dans le sud”, déplore le porte-parole de l’ONU. Des produits de base “étaient certes disponibles sur des marchés du sud et du centre de Gaza, mais à des prix inabordables pour beaucoup de gens”, en raison de la pénurie.
L'armée avait annoncé dimanche dernier une “pause tactique” quotidienne dans ses opérations le long d'une route d'une dizaine de kilomètres de Rafah, perpendiculaire au corridor de Philadelphie, afin de permettre l'entrée de l'aide humanitaire depuis le point de passage de Kerem Shalom. L'ONU a déclaré mardi à ce que cette pause permette l’entée “davantage d'aide arrivant jusqu'aux populations".
Sa remarque se joint à l’appel des dirigeants du G7 vendredi dernier, qui estiment que les agences de l’ONU, dont l’UNRWA, “doivent opérer sans entraves dans la bande de Gaza”. Les États-Unis ont par la même occasion annoncé des sanctions contre un groupe extrémiste israélien, accusé d’entraver la distribution de l’aide humanitaire aux Palestiniens à Gaza.
L’ONU a également publié avant-hier une enquête sur six bombardements “emblématiques” de cette guerre, exprimant son inquiétude quant au respect du droit de la guerre par Tsahal. “L'obligation de choisir des moyens et des méthodes de guerre” qui minimisent “les dommages causés aux civils semble avoir été systématiquement violée”, a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l'homme.
Pour ces frappes, qui ont fait plus de 200 morts, Israël a eu recours à “l'utilisation présumée” de bombes dont la charge explosive atteignait une tonne “sur des immeubles habités, une école, des camps de réfugiés et un marché”.
L’État-major israélien désavoue Netanyahou
Le conflit, qui dure depuis huit mois et demi, provoque également des divergences entre l’état-major de l’armée israélienne et le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, à propos de l’objectif de ce dernier “d’éradiquer le Hamas” et de planifier l’après-guerre à Gaza. “Le Hamas est une idéologie, on n'élimine pas une idéologie. Prétendre le détruire, le faire disparaître, c'est jeter de la poudre aux yeux du public”, a martelé Daniel Hagari, porte-parole de l'armée.
“Le Hamas, dit-il, c'est une idée qui est profondément enracinée dans le cœur du peuple [palestinien] et quiconque pense que l'on peut l’éliminer se trompe”, poursuit-il.
Daniel Hagari a vite été rappelé à l’ordre. “La destruction des capacités gouvernementales et militaires du Hamas est l'un des buts de guerre définis par le cabinet de sécurité, présidé par le Premier ministre Benyamin Netanyahou”, a réagi le bureau du PM. “Tsahal y est bien évidemment tenu”.
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