COP21 : "C'est déjà trop tard", dit le ministre de l'Agriculture fidjien

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Propos recueillis par Pierre Plottu
Publié le 03 décembre 2015 - 17:46
Mis à jour le 05 décembre 2015 - 12:21
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Inia Seruiratu.
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©Capture d'écran Fiji One
"Nous avons dû commencer à reloger les habitants de certains villages inondés par la montée du niveau de la mer", explique le ministre fidjien de l'Agriculture.
©Capture d'écran Fiji One
"Le réchauffement climatique ce n'est pas quelque chose qui va arriver, c'est déjà en cours", assure le ministre de l'Agriculture fidjien Inia Seruiratu qui a répondu aux questions de "FranceSoir" à la COP21 de Paris. Il réclame ainsi "des actions", estimant toutefois qu'il est "trop tôt" pour dire si les petits Etats insulaires, regroupés au sein d'une même délégation dont il fait partie, sont entendus par leurs partenaires internationaux.

Il se sent écouté, mais pas forcément entendu. Le ministre de l'Agriculture de la République des Fidji (Pacifique sud), Inia Seruiratu, a répondu aux questions de FranceSoir depuis la COP21 de Paris. "Le réchauffement climatique ce n'est pas quelque chose qui va arriver, c'est déjà en cours" pour les habitants du Pacifique sud, dit-il notamment. C'est pourquoi il réclame que cette Conférence climat aboutisse un accord "légalement contraignant".

Montée du niveau des océans, destruction des terres agricoles à cause des infiltrations de l'eau de mer salée, catastrophes climatiques plus fréquentes et plus fortes, déplacements de populations: tout ceci est, insiste-t-il, déjà une réalité pour les habitants des petits Etats insulaires. Des pays, dont les Fidji, les Maldives, Samoa, Cuba ou encore le Cap Vert, qui se sont réunis au sein de l'AOSIS (Alliance of Small Islands States) pour mieux faire entendre leur voix.

> Quels sont les effets concrets du changement climatique pour les habitants des Îles Fidji?

"Je parle spécifiquement en tant qu'habitant du Pacifique. Nous sommes probablement parmi les plus touchés par le changement climatique et les désastres qu'il engendre. La plupart des pays du Pacifique sud sont constitués d'atolls et beaucoup de nos habitants vivent le long des côtes, la montée des eaux nous affecte donc directement. A Fidji spécifiquement, nous avons dû commencer à reloger les habitants de certains villages inondés par la montée du niveau de la mer pour les mettre en sécurité.

"De plus, la montée des eaux menace notre sécurité alimentaire car les infiltrations d'eau salée détruisent nos cultures. Nous subissons également de sévères sécheresses qui, si elles ont toujours existé dans le Pacifique sud, sont de moins en moins prévisibles. Tout ceci affecte gravement la vie des populations du Pacifique sud, qui vivent à 60 ou 70% en zone rural, et donc notre économie.

"Un autre effet majeur que nous commençons à vivre, c'est que les cyclones deviennent plus fréquents et forts. Cette année un cyclone de catégorie-5 (la plus élevée avec des vents de plus de 250 km/h, NDLR) a pratiquement tout détruit au Vanuatu et dans les îles alentours".

> Qu'attendez-vous de la COP21?

"Nous sommes venus ici avec des grandes attentes. Nous savons qu'il y aura des négociations mais il y a des points qui ne sont pas négociables et nous verrons les résultats. Principalement, nous voulons une réduction des émissions de gaz à effet de serre et un accord légalement contraignant, pas uniquement des déclarations".

> Mais aucun tribunal mondial en mesure de faire respecter ce genre d'accord n'existe.

"Ceux qui ne respecteraient pas l'engagement prendront leurs responsabilités. Une déclaration, c'est juste des mots. Nous, nous voulons des actions".

> Compte tenu de l'élévation du niveau des mers et du réchauffement climatique que vous avez déjà constatés, cet accord ne viendra-t-il pas de toute façon trop tard?

"C'est trop tard car les nations industrialisées traînent les pieds. Le réchauffement climatique, pour nous dans le Pacifique sud, ce n'est pas quelque chose qui va arriver. C'est déjà en cours pour nous. (...) C'est déjà trop tard".

> Réclamez-vous plus de financements pour lutter contre la montée des eaux par exemple?

"Ce n'est pas un besoin, ils existent déjà. La question est celle de leur accessibilité, très difficile aujourd'hui".

> Enfin, vous, l'alliance des petits Etats insulaires, vous sentez-vous écoutés, considérés à votre juste valeur à cette COP21?

"Nous espérons être écoutés. Nous espérons être écoutés car nous venons dans de bonnes dispositions. Mais, quand viendront les négociations, nous verrons les positions de nos partenaires. Ils peuvent venir avec de très bons discours, comme des politiciens, mais les résultats seront plus durs à obtenir. Alors nous espérons être écoutés par nos partenaires qui sont sympathiques, ont de l'empathie".

> Et êtes vous entendus?

"(Il a un rire nerveux). C'est trop tôt pour le dire".

 

 

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