Cuba : un petit paradis sous embargo américain

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Anne Philippe, pour FranceSoir
Publié le 25 avril 2022 - 18:17
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La Havane Cuba
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La Havane, Cuba.
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CHRONIQUE — À deux heures de route de La Havane, Varadero et ses hôtels cinq étoiles s’alignent le long d’une magnifique plage de sable fin. Ce décor paradisiaque n’échappe toutefois pas aux conséquences des sanctions illégales américaines, et la nourriture proposée reflète une certaine pénurie. La gentillesse du personnel cubain permet d’oublier le manque de variétés des repas servis. Les touristes commencent à revenir après le triste épisode du Covid-19, même si le niveau d’occupation des hôtels n’est pas encore satisfaisant (il serait autour de 50 %).

L'embargo des États-Unis met à mal le pays

Chargée d’histoire, La Havane (notamment son vieux quartier La Habana Vieja) appartient au patrimoine de l’humanité (UNESCO). La capitale cubaine est un petit bijou mélangeant différents styles allant principalement du XIXème siècle à l’ère actuelle, en passant par la période soviétique.

La situation économique est difficile, surtout depuis janvier 2022, avec une inflation galopante sans que les salaires soient sensiblement revus à la hausse. En déambulant dans les rues, on note de nombreux magasins fermés, faute de produits à vendre. Ceux restant ouverts sont très chers et vides de clientèle, ou abordables mais pris d’assaut avec de longues files d’attente. Le peuple cubain fait face et supporte les conséquences de l’embargo américain, prix de sa liberté. L’éducation et le système de santé sont deux atouts majeurs du régime, avec une réelle qualité, bien que mis à la disposition de la population gratuitement.

Face à cette crise économique, une solution en complément de l’activité touristique semble possible et passerait par l’agriculture. Les terres cubaines sont extrêmement fertiles naturellement, et sous-exploitées, faute de main d’œuvre. Très qualifiés, les Cubains ne souhaitent pas travailler la terre et la vie à la campagne peine à les séduire. L’activité agraire pourrait toutefois permettre de satisfaire les besoins locaux, mais également être une source de devises, grâce à l’exportation qui serait portée par les prix agricoles mondiaux élevés.

Le gouvernement cubain mise sur l'agriculture... et la démocratie

Cette idée n’a pas échappé au gouvernement cubain. Si bien que depuis 2008, des changements significatifs de politiques ont été amorcés afin de "viabiliser le socialisme cubain". Ce processus est connu sous le nom "d’actualisation du modèle économique et social". En 2016, s’est tenu le VIIème congrès du Parti, qui a vu la naissance, entre autres, du Plan de développement 2030. Tous les documents placent le développement du secteur agricole dans leurs priorités. Les mesures établissent un programme vraiment novateur pour Cuba. Ainsi, de nombreux changements se sont produits dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage, tels que la distribution de terres en usufruit, l’extension du microcrédit, la vente libre d’intrants et d’équipements, l’augmentation du prix du lait, de la viande bovine et de certains produits agricoles, la vente directe à des établissements, hôtels et restaurants travaillant dans le secteur du tourisme, la décentralisation de la commercialisation des produits agricoles sur des marchés ouverts au public, la libre embauche de la force de travail et l’ouverture de marchés agro-pastoraux gérés par des coopératives relevant d’autres secteurs.

Les paysans cubains ont toujours dû manœuvrer entre des marchés strictement contrôlés par l’État et des marchés "libérés" de taille variable selon les époques — et parfois même en marge de la légalité. Cette situation n’a pas aidé le secteur paysan à développer une capacité autonome d’organisation autour des questions communes. Mais son développement a aussi été bloqué pendant quatre décennies en raison de l’impossibilité d’agrandir les zones qu’il contrôlait et qu’il pouvait travailler.

Il a fallu attendre 2008 pour que cette situation commence à changer de manière significative, grâce à l’attribution de terres en friche à des petits producteurs. La modalité de l’octroi est en usufruit et non en propriété.

En conclusion, le défi pour le gouvernement cubain est de construire des mécanismes de régulation sur mesure permettant de mettre en adéquation intérêt individuel et intérêt collectif. La population cubaine, pleine de ressources, soutient son gouvernement. C’est également ça, une certaine forme de démocratie, n’en déplaise aux États-Unis.

Souce : Open Edition (Dayma Echevarría et Michel Merlet)

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