États-Unis : une résolution bipartisane présentée au Congrès appelle à abandonner les poursuites contre Julian Assange

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France-Soir
Publié le 19 décembre 2023 - 11:47
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Assange Affiche Australie
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William West / AFP
Affiche de soutien à Julian Assange, Melbourne (septembre 2023).
William West / AFP

MONDE - Des députés du Congrès ont présenté mercredi 13 décembre 2023 une résolution appelant le gouvernement américain à mettre fin aux poursuites engagées contre Julian Assange, journaliste et lanceur d'alerte australien. Inculpé pour espionnage, le fondateur de WikiLeaks est incarcéré depuis 2019 au Royaume-Uni et fait l’objet d’une procédure d’extradition demandée par les États-Unis. Julian Assange, qui encourt 175 ans de prison outre-Atlantique, doit rentrer chez lui en Australie, considèrent les députés républicains et les démocrates dans leur résolution, évoquant le premier amendement de la Constitution des États-Unis.

Depuis la divulgation en 2010 par WikiLeaks de documents classifiés liés à la guerre menée par les États-Unis en Irak et en Afghanistan, Julian Assange est privé de sa liberté. Ciblé par une enquête des autorités américaines pour “espionnage”, il est en liberté surveillée au Royaume-Uni après un mandat d’arrêt européen lancé par la justice suédoise. Celle-ci l’accuse d’avoir commis un délit sexuel sur son territoire en 2010 mais Assange, sur ce point, a toujours clamé son innocence. En 2012, la Cour suprême du Royaume-Uni a rejeté sa demande de ne pas être extradé vers Stockholm, considérant la procédure comme un prétexte pour se faire extrader aux États-Unis.

Les révélations de WikiLeaks “ont favorisé la transparence”

Julian Assange s’est alors réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres et y est resté durant 7 ans, durant lesquels il a obtenu l’asile politique et sa naturalisation. Celle-ci lui est ôtée en 2019 par le nouveau président équatorien, Lenín Moreno, qui a annoncé la fin de son droit d’asile. Le cybermilitant est alors arrêté par la police londonienne et Washington demande immédiatement son extradition. Il est condamné à 50 semaines de prison pour violation des conditions de sa liberté provisoire en 2012 et la justice suédoise clôt le dossier le concernant, faute de preuves.

Assange est incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh depuis le 11 avril 2019 et de nombreux observateurs font état de la dégradation de sa santé en raison de son isolement et dénoncent une détention arbitraire à laquelle ils appellent à mettre fin. Si la justice britannique refuse en janvier 2021 son extradition vers Washington, elle se prononce en sa faveur en juin 2022.

Le fondateur de WikiLeaks encourt une peine de 175 ans de prison aux États-Unis qui dénie le caractère journalistique de son travail pour le juger sans tenir compte du Premier amendement, qui garantit la liberté d’expression et de la presse outre-Atlantique.

Une résolution bipartisane présentée mercredi 13 décembre 2023 à la Chambre des représentants reconnaît le caractère journalistique des travaux de Julian Assange. Le document, rédigé par le représentant républicain de l’Arizona, Paul Gosar, est parrainé par de nombreux députés républicains et démocrates.

La résolution rappelle que les “activités journalistiques régulières, y compris l'obtention et la publication d'informations”, sont protégées par le premier amendement de la Constitution des États-Unis. Les signataires considèrent que la divulgation, par WikiLeaks, de centaines de milliers d'informations, “notamment des rapports d'évaluation des détenus de Guantanamo et des télégrammes du département d'État”, a “favorisé la transparence publique”. Les révélations de WikiLeaks en 2010 ont dévoilé au grand public “l'embauche d'enfants prostitués par des contractants du ministère de la Défense, les violations des droits de l'homme, les meurtres de civils et l'utilisation par les États-Unis de la guerre psychologique”, lit-on.

Les députés appellent à l’abandon des accusations

Le document rappelle que “de nombreux défenseurs des droits de l'homme, de la liberté de la presse et du respect de la vie privée” ont exprimé “leur soutien sincère et indéfectible” à Julian Assange. En Australie, “son pays natal et un allié essentiel des États-Unis”, 70 sénateurs et membres du Parlement soutiennent les actions qui lui permettraient au fondateur de WikiLeaks de rentrer chez lui.

Lors de sa visite à la Maison-Blanche le 26 octobre dernier, le Premier ministre australien, Anthony Albanese, dont le soutien à Washington pour contrer l’influence chinoise en Asie-Pacifique est sollicité, a abordé cette affaire avec le président Joe Biden. Il a exprimé ses préoccupations concernant son compatriote. “Trop c'est trop, je l'ai dit clairement. Il est temps de conclure cette affaire”, a-t-il expliqué aux médias australiens.

Le gouvernement des États-Unis “devrait abandonner toutes les accusations portées contre Julian Assange et toutes ses tentatives d’extradition, et le gouvernement fédéral devrait l’autoriser à rentrer chez lui, dans son Australie natale, s’il le désire”, conclut la résolution.

En septembre, le tribunal de Créteil a rejeté la demande en référé de l’association Robin des lois visant à contraindre l’État français à permettre à Julian Assange d'enregistrer sa demande d’asile politique depuis le Royaume-Uni. Un mois plus tard, c’est le Rassemblement national (RN) qui profite de sa niche parlementaire à l’Assemblée nationale pour proposer d’accorder l’asile politique au lanceur d’alerte. La proposition, noyée au fond d’une liste de six autres, n’a pas été abordée.

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