Faute de gaz russe, l’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas relancent les centrales à charbon

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FranceSoir
Publié le 21 juin 2022 - 15:15
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Des tas de houille en Allemagne.
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Des tas de houille en Allemagne.
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Pour compenser la baisse des approvisionnements en gaz russe, qui pourrait conduire à une possible pénurie, l’énergéticien Gazprom coupant progressivement le robinet, l’Autriche a fait savoir dimanche soir qu’elle procéderait à la réactivation d’une centrale à charbon désaffectée. Même conduite pour l'Allemagne, qui a annoncé dimanche un probable recours accru au charbon, assurant néanmoins qu’elle comptait abandonner cette énergie polluante en 2030. Et ce lundi 20 juin, ce sont les Pays-Bas qui ont décidé de lever les restrictions de production électrique au charbon.

Aux Pays-Bas, depuis janvier, les centrales au charbon néerlandaises ne pouvaient pas fonctionner à plus de 35 % de leur capacité maximale, dans l’objectif de réduire les émissions de CO2. Aussi, « le cabinet a décidé de lever immédiatement les restrictions de production pour les centrales électriques au charbon de 2022 à 2024 », a annoncé le ministre batave du Climat et de l'Énergie Rob Jetten au cours d'une conférence de presse, relate le Figaro. « Cela signifie que les centrales électriques au charbon peuvent à nouveau fonctionner à pleine capacité au lieu du maximum de 35 % ». 

En mai, le gazier russe Gazprom avait annoncé l’arrêt des livraisons au fournisseur néerlandais GasTerra, appartenant en partie à l'État néerlandais, suite au refus de la firme de payer en roubles.

« Je tiens à souligner qu'il n'y a pas de pénurie aiguë de gaz pour le moment », aux Pays-Bas, a insisté Rob Jetten. « Cependant, davantage de pays sont maintenant sous pression [de la Russie] », a-t-il affirmé. Et d'ajouter : « Cela nous inquiète. En raison de ces préoccupations, j'annonce aujourd'hui une crise du gaz de niveau un : l'alerte précoce ». Même si le niveau le plus élevé est le niveau trois, a-t-il indiqué, « pour le moment, le risque de ne rien faire est trop grand ». Le ministre néerlandais a aussi souligné que son pays avait « préparé cette décision avec [ses] collègues européens ces derniers jours ».  

Lire aussi : La Hongrie compte maintenir ses importations de gaz russe

L’Autriche réactive la centrale thermique de Mellach

Le gouvernement autrichien, quant à lui, compte redémarrer une centrale à charbon située à Mellach, fermée au printemps 2020, rapporte BFMTV. Il voulait pourtant éliminer cette source d'énergie en produisant 100 % d'électricité d'origine renouvelable d'ici à 2030.

« Il a été convenu [avec le groupe Verbund, principal fournisseur d'électricité du pays] de réactiver la centrale thermique » actuellement à l'arrêt, le but étant « qu'elle puisse à nouveau produire de l'électricité, à partir du charbon, en cas d'urgence », a annoncé la chancellerie dans un communiqué. Un processus qui devrait prendre plusieurs mois, a indiqué le ministère de l'Environnement interrogé par l'agence de presse APA.

« Notre but premier est de sécuriser l'approvisionnement du pays », dont le gaz provient à 80 % de Russie, a justifié le chancelier conservateur Karl Nehammer, qui gouverne avec les Verts. « Il s'agit de remplacer le gaz russe manquant par d'autres sources ou fournisseurs afin de pouvoir continuer à constituer des réserves ».

Un revirement « à court terme » pour l'Allemagne

« La situation est grave », a déclaré dimanche dans un communiqué le ministre de l'Économie et du Climat, Robert Habeck. L'Allemagne va aussi accroitre son usage des centrales à charbon pour pallier le risque de rupture de gaz russe, relate les Échos. Un revirement pour le gouvernement de coalition d'Olaf Scholz, qui projetait lui aussi une sortie du charbon d'ici à 2030. Un objectif que le gouvernement allemand tient néanmoins à maintenir. « La sortie du charbon en 2030 n'est pas du tout vacillante [...] nous devrons peut-être redémarrer des centrales à charbon [...] ce qui entraînera naturellement une augmentation des émissions de CO2, il est donc d'autant plus important que nous nous en tenions fondamentalement à notre calendrier », a déclaré un porte-parole du ministère de l'Économie et du Climat, lors d'une conférence de presse à Berlin.

Dans cet intervalle, « pour réduire la consommation de gaz, il faut utiliser moins de gaz pour produire de l'électricité. À la place, les centrales à charbon devront être davantage utilisées », a fait savoir dimanche le ministère allemand de l'Économie. « C'est amer, mais c'est indispensable pour réduire la consommation de gaz », a fait valoir le ministre écologiste de l'Économie et du Climat Robert Habeck, qui promet que ce recours au charbon ne sera que « provisoire ». La relance des centrales à charbon sera « une mesure à court terme », sur une période « limitée », jusqu'en 2024, a également assuré lundi le porte-parole du ministère de l'Économie et du Climat, Stephan Gabriel Haufe.

Gazprom ayant réduit cette semaine les livraisons via le gazoduc Nord Stream de 40 %, puis de 33 %, le gouvernement allemand a adopté ces mesures d'urgence pour sécuriser son approvisionnement. Même si l’Allemagne a diminué son exposition au gaz russe, elle continue d'importer près de 35 % de son gaz depuis la Russie (contre 55 % avant le début du conflit).

Si les États membres de l’Union européenne ont dénoncé un chantage au gaz de Vladimir Poutine, alors que le continent veut profiter de l'été pour remplir ses stocks, le Kremlin a plusieurs fois expliqué que les suspensions ou diminutions de livraisons de gaz russe sont la conséquence des « actes hostiles » menés à l'encontre de la Russie, notamment dans le domaine économique et financier.

Lire aussi : Aux Etats-Unis, des voix dissidentes sur l'Ukraine dans le camp conservateur

En France, pour des personnalités politiques comme François Asselineau, président de l’UPR, les accusations de chantage portées à l’encontre de la Russie constituent une inversion accusatoire (une technique de manipulation psychologique bien connue, particulièrement dans les prétoires, qui consiste à faire porter à autrui la responsabilité des conséquences de ses propres actes).

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