Gaza : Tsahal affirme avoir éliminé le chef de la branche armée du Hamas, l’Iran et le Hezbollah promettent une riposte “douloureuse” à la mort d’Ismaïl Haniyeh
Insaisissable depuis les attaques du 7 octobre dernier, Mohammed Deif a été tué dans une frappe aérienne israélienne à Gaza cela fait deux semaines. Selon Tsahal, qui a affirmé jeudi 01 août avoir éliminé, lors de son opération à Khan Younes, le chef de la branche armée du Hamas. L’annonce par Tel Aviv intervient au lendemain de la mort du chef politique de l’organisation palestinienne, Ismaïl Haniyeh, qui a été tué en Iran, où il s’était rendu à l’occasion de l’investiture du nouveau président iranien. Le risque que la guerre se propage au Moyen-Orient est plus élevé que jamais, notamment après les bombardements israéliens de Tyr et d’un quartier de Beyrouth, au Liban. Washington appelle à la désescalade mais le Hezbollah tout comme Téhéran promettent surtout une vengeance. Selon le Pentagone, la riposte iranienne aura lieu dans les “prochaines 72 heures”.
Mercredi, le Hamas a annoncé dans un communiqué la mort de son chef, Ismaïl Haniyeh. “Notre frère, le dirigeant, le moudjahid Ismaïl Haniyeh, le chef du mouvement, est mort dans un raid sioniste contre son quartier général à Téhéran après sa participation à l'investiture du nouveau président”, explique le mouvement, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qualifiant cet événement de “grave escalade” qui “ne resterait pas impunie”.
Même réaction du côté iranien, qui a condamné cet assassinat, accusant Israël et promettant des représailles. Le guide suprême Ali Khamenei tout comme le corps des Gardiens de la Révolution ont promis “une punition sévère” et une réponse “dure et douloureuse”. Le tout nouvel élu président, Pezeshkian, s’est engagé quant lui à défendre l'intégrité et l'honneur de son pays et “de faire regretter cette action aux agresseurs”.
C’est en Iran que les funérailles officielles d’Ismaïl Haniyeh, ont été organisées en présence d’une importante foule, avant que sa dépouille ne soit transférée à Doha, au Qatar, où il résidait, exilé, depuis de nombreuses années.
Le même jour de sa mort, Israël annonçait la mort d’un haut dirigeant militaire du Hezbollah libanais, Fouad Chork, dans une frappe à Haret Hreik, dans la banlieue sud de Beyrouth. Tel Aviv a affirmé avoir répliqué à une attaque à la roquette sur le plateau du Golan, qui avait fait 12 morts, des jeunes. La frappe aérienne a également causé la mort de trois civils, dont une femme et deux enfants, et blessé 74 autres personnes. Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a dénoncé une "agression flagrante" contre la souveraineté du Liban et a appelé la communauté internationale à réagir pour mettre fin aux hostilités.
Mais l’organisation du Hezbollah se montre plus ferme dans sa réaction. "Les Israéliens sont joyeux, ils ont tué Fouad Chokor et Ismaïl Haniyeh en quelques heures. Riez maintenant, mais vous pleurerez beaucoup", a déclaré le chef du mouvement, Hassan Nasrallah. "Vous ne savez pas quelle ligne rouge vous avez franchie ! L'ennemi doit maintenant s'attendre à la colère et à la revanche", promet-il à son tour.
Hier, l’armée israélienne a annoncé avoir éliminé un autre dirigeant du Hamas. Il s’agit de Mohammed Deif, déclaré mort avant que le mouvement palestinien ne démente l’information. Le chef de la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, est considéré comme l’architecte des attaques du 07 octobre dernier. “L'armée israélienne annonce que le 13 juillet 2024, des avions de combat ont mené des frappes dans la région de Khan Younès, et à la suite d'une analyse de renseignements, il peut être confirmé que Mohammed Deif a été éliminé”, a indiqué Tsahal dans un communiqué.
Appels à la désescalade, les négociations compromises
Le Hamas a encore une fois de plus nié la disparition de son haut gradé, membre de l’organisation depuis presque 30 ans, réputé pour son savoir-faire en matière de fabrication de bombes et très actif dans le développement des réseaux de tunnels.
Mais ce démenti semble être moins convaincant que les précédents. Le communiqué d’un membre du bureau politique du Hamas, Izzat al-Richk, ne levait pas le voile sur la mort ou non de Mohammed Deif. “La confirmation ou l'infirmation du martyre de Deif relevait de la responsabilité des Brigades al-Qassam et de la direction du Hamas (...) À moins qu'un des dirigeants du mouvement et des brigades al-Qassam ne l'annoncent, aucune des informations publiées dans les médias ou par d'autres parties ne peut être confirmée”, a-t-il écrit.
Ces frappes du 13 juillet, menées lors d’une opération des troupes israéliennes, avaient fait plus de 90 morts selon le ministère gazaoui de la Santé. Les soldats israéliens poursuivent toujours leurs opérations dans l’enclave palestinienne et 15 personnes au moins ont été tuées et 29 autres blessées dans une frappe menée jeudi contre une école dans la ville de Gaza. La même autorité sanitaire fait état de 35 décès au cours des dernières 24 heures, portant le bilan total des victimes palestiniennes à 39 480 depuis le 7 octobre dernier. Environ 91 130 autres personnes ont été blessées.
La situation suscite l’inquiétude dans la communauté internationale et Israël est accusée au Conseil de sécurité d’avoir violé la souveraineté de l’Iran et du Liban. Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a appelé jeudi “toutes les parties” au Moyen-Orient à la désescalade, pour parvenir, “urgemment”, à un cessez-le-feu à Gaza. Les négociations, toujours au point mort après l’échec de nouvelles discussions à Doha cela fait deux semaines, semblent néanmoins compromises de manière sérieuse, du moins pour un certain moment, puisque Ismaïl Haniyeh était considéré comme étant un acteur clé du côté palestinien.
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