"Nous voulons une séparation de l’État et de la religion" : des Iraniens commémorent à Paris le 40e jour de la mort de Mahsa Amini
REPORTAGE - Mercredi 26 octobre, des membres et sympathisants du Comité national de la résistance iranienne (CNRI) ont organisé, à Paris, une cérémonie en hommage à Mahsa Amini, à l’occasion du quarantième jour de son décès, évènement qui a déclenché le mouvement de révolte en Iran en septembre dernier. Ne portant pas convenablement son hijab selon la police des mœurs, la citoyenne iranienne a été arrêtée puis tuée par les autorités. Dès le lendemain, une grande partie de la population s'est soulevée afin de protester contre le régime des mollahs.
Sur place, des membres du CNRI expliquent à notre micro que ce mouvement s’inscrit dans un contexte de plus de 30 années de lutte contre ce gouvernement qui a pris la succession du régime du Chah d’Iran : « Le peuple iranien demande juste une République libre et démocratique, basée sur la séparation de l’État et la religion », nous confie Hamid Assadollahi, sympathisant du Comité et organisateur de la cérémonie de mercredi.
Les revendications de septembre portaient davantage sur la question des conditions de vie des femmes en Iran, mais le mouvement a évolué aujourd’hui pour devenir « un soulèvement généralisé, à l’échelle nationale. Il porte sur l’ensemble des éléments de la répression en Iran », explique Behzad Naziri, membre du Comité et journaliste emprisonné avec sa sœur dans son pays dans les années 1990. Pendant cette période d'emprisonnement, elle sera assassinée.
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Certains manifestants rappellent que sous la dictature du Chah, dans une volonté de modernisation le pays, les femmes étaient davantage considérées que sous le régime des mollahs. Les participants à la cérémonie rappellent qu’ils ne souhaitent pas de retour en arrière : « Je pense qu’il ne faut pas oublier que nous avions renversé une dictature, parce que c’était une dictature. Je ne peux pas dire que les femmes y étaient considérées et libres. Oui, elles avaient le choix de vivre sans hijab, […] mais il ne faut pas oublier que quelque mois avant la révolution iranienne le Chah avait tué une jeune femme qui s’appelait Fatima Amini. Elle a été tuée après avoir été torturée. Ça, le peuple ne l’oubliera pas », rappelle Azadeh Alemi, membre de l’association des femmes iraniennes en France.
Les Iraniens et Iraniennes présents lors de cette manifestation espèrent voir une démocratie émerger à la suite de ces mouvements. Le Comité national de résistance iranienne prône le suffrage universel comme seul choix d’élection politique : « Nous voulons aller de l’avant. Nous voulons une démocratie et un pays laïque ».
Suite aux arrestations d’étrangers présents dans les manifestations en Iran, les autorités iraniennes ont accusé Israël et les États-Unis d’être à l'origine du mouvement de révolte afin de déstabiliser le régime des Mollahs, sans s’intéresser aux conditions de vie de la population. Selon le CNRI, ces affirmations sont des tentatives du gouvernement iranien pour manipuler l’opinion publique.
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