L’aide humanitaire de l’UNRWA à Gaza risque de s’arrêter. Le chef du Hamas au Caire pour discuter d’une proposition de trêve

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France-Soir
Publié le 02 février 2024 - 12:09
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Gaza
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Anas Baba / AFP
Vue du camp paslestinien de Maghazi, après des bombardements israéliens (1er février 2024).
Anas Baba / AFP

MONDE - Les combats se poursuivent toujours à Khan Younès. L’ONU a évoqué jeudi 1er février 2024 “d’intenses bombardements” menés par l’armée israélienne, principale ville du sud de la bande de Gaza. Une information confirmée par des témoins, qui localisent ces frappes à proximité de l’hôpital Nasser. Le Hamas fait état de 119 morts dans la nuit du mercredi à jeudi, portant le bilan total à 27 019 décès et 66 140 blessés depuis le début du conflit, le 7 octobre. Tel-Aviv intensifie ses opérations au moment où le chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, était attendu en Egypte pour discuter d’une proposition de trêve, formulée le week-end passé à Paris entre des dirigeants américains, égyptiens, israéliens et qataris. Douze pays ont suspendu leur financement de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (URNWA), qui évoque le risque d’une cessation de ses activités “d’ici fin février”.

Au nord et au centre de l’enclave palestinienne, l’armée de Tsahal a annoncé jeudi l’élimination de “dizaines” de membres du Hamas. Ses troupes poursuivent surtout leurs opérations au Sud, à Khan Younès, qu’elles considèrent comme un bastion des chefs locaux du mouvement palestinien. L’armée israélienne affirme avoir “encerclé” cette localité, épicentre de combats acharnés depuis plusieurs semaines.

119 morts en une nuit

Les Nations unies ont dénoncé “d’intenses bombardements” à Khan Younès, où la situation humanitaire, comme ailleurs à Gaza, est très critique. Elle dénombre 184 000 Palestiniens déplacés et inscrits pour demander une aide humanitaire. Selon des témoins, ces raids aériens ont ciblé des zones proches de l’hôpital Nasser. Le bilan de cette nuit, communiqué par le Hamas, est très élevé, avec 119 morts dans l’enclave palestinienne.

Son ministère de la Santé local un nouveau décompte de 27 019 personnes tuées, en majorité des femmes, enfants et adolescents, et 66 139 blessés. “En ce moment, ce qui est en train de se passer, c’est un massacre”, témoigne Léo Cans, chef de mission pour Médecins sans frontières (MSF) dans les territoires palestiniens. “Ce n’est pas possible qu’aujourd’hui, dans une guerre où les gens n’ont pas le droit de sortir, où les gens sont assiégés, où ils n’ont nulle part où aller, on accepte de tuer 150 femmes et enfants par jour (…). Donc, la première demande, c’est un cessez-le-feu immédiat et total”, a-t-il ajouté.

L’autre agence de l’ONU, l’OMS, tire la sonnette d’alarme. La population à Gaza “meurt de faim” et “est poussée au bord du gouffre”, selon un de ses responsables. L’Office de coordination humanitaire des Nations unies décrit une “apocalypse”.

La moitié de tous les bâtiments du territoire palestinien, qui est “inhabitable”, est endommagée, poursuit l’ONU. Sa conférence sur le commerce et le développement (CNUCED) chiffre sa reconstruction à des dizaines de milliards de dollars. A cela, s’ajoutent les pénuries de nourriture et de médicaments, notamment dans les hôpitaux de l’enclave.

Le même jour de jeudi, des heurts violents ont éclaté à Toubas, en Cisjordanie occupée. A l’hôpital de Jénine, des Israéliens, déguisés en Palestiniens, ont réussi à entrer et tuer trois hommes.

200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages encore retenus à Gaza

Les appels à un cessez-le-feu se font de moins en moins insistants, au moment où des dirigeants américains, qataris et égyptiens poursuivent, avec des hauts responsables de Tel-Aviv, leurs négociations. Celles-ci ont abouti, le week-end dernier, à une proposition, formulée à Paris. Le chef politique du Hamas, Ismaël Haniyeh, basé au Qatar, était attendu jeudi au Caire pour examiner une proposition composée de trois phases. La première trêve de six semaines devrait permettre la libération de 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages encore retenus à Gaza.

Le Hamas réclame un cessez-le-feu total, sa condition à tout accord. Le gouvernement israélien et son Premier ministre, Benjamin Netanyahou, qui rejette toute cessation de combats et toute reconnaissance de l’État palestinien, évoquent une pause, mais pas la fin des opérations à Gaza. Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est une nouvelle fois attendu, “dans les prochains jours” au Moyen-Orient, pour soutenir cette initiative. Son ou ses pays de destination n’ont pas été dévoilés.

Ces discussions interviennent au moment où l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, risque de cesser ses activités. Cette semaine, douze pays parmi ses plus gros donateurs ont suspendu leurs financements. Tel-Aviv accuse l'agence d’employer plusieurs personnes impliquées dans les attaques du 7 octobre.

L'UNRWA est "totalement infiltrée" par le Hamas, déclarait Netanyahou. "Nous avons besoin d'autres agences des Nations unies et d'autres organisations humanitaires", a-t-il estimé. 

Des accusations prises au sérieux par le chef de l’institution, Philippe Lazzarini, qui a déclaré que tout employé impliqué dans des actes de terrorisme devrait en répondre, y compris à travers des poursuites judiciaires.

Il a néanmoins souligné que l'UNRWA risquait de mettre la clé sous la porte “d’ici fin février”. “Si les financements restent suspendus, nous devrons très probablement cesser nos opérations d’ici fin février, non seulement à Gaza, mais aussi dans toute la région”, c’est-à-dire en Cisjordanie, au Liban, en Syrie et en Jordanie. L’ONU précise de son côté que "le retrait des fonds à l'UNRWA est périlleux et entraînerait l'effondrement du système humanitaire à Gaza, ce qui aurait des conséquences considérables".

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