Gaza-Israël : les combats acharnés se poursuivent au sud, Benjamin Netanyahou reste inflexible
MONDE - Israël accroît la pression sur le Hamas à Gaza. Des combats acharnés dans la principale ville du sud de l’enclave palestinienne, Khan Younès, se poursuivent. Dans le nord, 15 Palestiniens ont perdu la vie lors des combats. Selon le ministère de la Santé du Hamas, les bombardements aériens et l’offensive terrestre menée par Tel Aviv a provoqué plus de 25 100 morts et 62 680 blessés. Au 107e jour de la guerre à Gaza, le Premier ministre israélien reste inflexible, rejetant toute solution à deux États à laquelle appelle la communauté internationale, dont la France et le Royaume-Uni. Benjamin Netanyahou entend “contrôler l’ensemble du territoire” comprenant la Cisjordanie occupée et Gaza mais selon les renseignements américains, “seuls 20 à 30 % des combattants du Hamas ont été tués depuis le 7 octobre” et l’organisation palestinienne peut encore résister pendant des mois.
Le Hamas a rapporté dimanche des dizaines de frappes aériennes et des tirs d’artillerie à Khan Younès, épicentre des combats depuis plusieurs semaines. L’organisation, qui contrôle Gaza depuis 2007, affirme que les offensives israéliennes ont visé les deux hôpitaux de la ville, Nasser et Al-Amal. Israël, de son côté, a annoncé que ses tireurs d’élite, appuyés par un soutien aérien, ont “éliminé un certain nombre de terroristes”. Dans le nord de l’enclave, les soldats de Tsahal ont également tué 15 Palestiniens lors des combats, annonce-t-on de même source.
L'intransigeance de Netanyahou agace
Les opérations israéliennes ne se limitent pas à Gaza puisque des patrouilles et des arrestations ont eu lieu en Cisjordanie occupée, où deux maisons, qui appartenaient à des combattants palestiniens selon Tel Aviv, ont été démolies.
Les chiffres communiqués par Israël font état de 531 soldats éliminés depuis le début de la guerre, le 7 octobre. Le ministère gazaoui de la Santé a mis à jour ce dimanche son bilan, évoquant plus de 25 105 décès, en grande majorité des civils, et 62 681 blessés. "Les opérations militaires d'Israël ont semé la destruction massive et tué des civils à une échelle sans précédent depuis que je suis secrétaire général", a déploré Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, à l'ouverture d'un sommet du G77 + Chine dans la capitale ougandaise Kampala. "C'est déchirant et tout à fait inacceptable. Le Moyen-Orient est une poudrière, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher qu'un conflit ne s'embrase dans la région", a-t-il averti.
Mais le Premier ministre israélien ne l’entend pas de cette oreille, loin de là. Jeudi 18 janvier, il a estimé qu’Israël doit contrôler la sécurité “dans l’ensemble du territoire situé à l’ouest du Jourdain”, c’est-à-dire la Cisjordanie occupée et Gaza. Tel-Aviv, poursuit-il, doit “s’assurer que Gaza ne constituera plus une menace” et ceci “contredit la demande de souveraineté palestinienne”, a-t-il expliqué au président américain Joe Biden lors d'un entretien téléphonique vendredi.
La déclaration a agacé Antonio Guterres ainsi que les hauts dirigeants de nombreux pays du G7. "Le droit du peuple palestinien [à un État] doit être reconnu par tous" et tout "déni", ajoute-t-il, est "inacceptable".
Dimanche, le ministre britannique de la Défense, Grant shapps, a qualifié la déclaration de Benjamin Netanyahou de “décevante”. “Il n'y a pas d'autre option qu'une solution à deux Etats pour résoudre le conflit dans la région”, affirme-t-il.
Côté français, Stéphane Séjourné, récemment nommé ministre des Affaires étrangères, a rappelé sur X que "les Palestiniens ont le droit à la souveraineté et à un État" et que "la France restera fidèle à son engagement pour atteindre ce but”. Son collègue, le ministre des Armées Sébastien Lecornu, est attendu à Tel-Aviv.
Seuls 20 à 30% des combattants du Hamas tués
Les ministres des Affaires étrangères de l'UE rencontrent ce lundi leurs homologues Israël Katz, et Riyad al-Maliki, pour s’enquérir sur les moyens de mettre un terme à la violence à Gaza.
Quant à Joe Biden, qui plaide, avec son chef de la diplomatie, Antony Blinken, pour une solution à deux États, dit “croire toujours à cette perspective” mais "reconnaît qu'il faudra beaucoup de travail pour en arriver là".
Mais le Hamas ne se félicite pas de cette déclaration, la qualifiant “d’illusion” qui “ne dupera pas le peuple” palestinien. Quant au projet de Netanyahou, l’organisation, qui exige la fin de “l’agression israélienne”, rappelle son rejet catégorique de “tout projet international ou israélien visant à décider de l’avenir de la bande Gaza”. Dans un document de 20 pages consacrées à l'attaque du 7 octobre, celle-ci est qualifiée d’"étape nécessaire" et de "réponse normale" face à "tous les complots israéliens contre le peuple palestinien".
Son chef, Ismaïl Haniyeh, basé au Qatar, a rencontré samedi Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères, pour aborder la “libération des otages” encore retenus à Gaza, “l’instauration d’un cessez-le-feu le plus rapidement possible” et “l’instauration de deux États pour une paix permanente”.
La libération des otages est bien sûr demandée par les Israéliens. Ceux-ci exigent également la tenue d’élections anticipées pour mettre fin au mandat de Benjamin Netanyahou.
Celui-ci a sans cesse promis “d’aller jusqu’à la victoire”, c’est-à-dire “l’anéantissement” de l’organisation palestinienne. Les opérations israéliennes ont déjà été qualifiées “d’échec” par le Hamas et le Hezbollah comme par de nombreux médias israéliens, devront durer plus que ce que prévoyait l’état-major israélien.
Selon le Wall Street Journal, citant des agences de renseignement américaines, “seulement” 20 à 30% des combattants du Hamas ont été tués depuis le 7 octobre. Pour Washington, l’organisation palestinienne dispose encore de suffisamment de ressources pour la poursuite des combats.
Sur le plan humanitaire, la Croix-Rouge décrit une situation qui va "au-delà du catastrophique. Nous savions depuis le début que le manque de nourriture, d’eau potable et d’abris allait conduire à ce qui se passe actuellement, c’est-à-dire la propagation des maladies respiratoires et de la diarrhée", explique-t-on. L’ONU et ses agences mettent sans cesse en garde contre la famine, évoquant Gaza comme "un lieu de mort et de désespoir”.
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