Le déclin démographique de la Chine défie toutes les prédictions
Pendant les six premiers mois de l'année 2021, le taux de natalité chinois a diminué de 16 % ; une nouvelle qui a fait le tour du monde. Cette baisse significative par rapport à l’année précédente montre un tournant historique vers la croissance démographique négative de la population chinoise. Selon Xiujian Peng, qui travaille pour le Centre d'études politiques de l'Université Victoria, cette décroissance aura un impact profond sur l'économie chinoise, et donc sur l'économie mondiale.
Une diminution démographique qui ne correspond pas aux estimations
L'année dernière, la population totale de la Chine a connu une croissance de seulement 0,34 pour mille. Selon les dernières projections préparées par une équipe de l'Académie des sciences sociales de Shanghai, cette croissance devrait chuter cette année encore, de 0,49 pour mille, ce qui la rendrait négative. Ce changement de tendance n’était pourtant pas attendu avant une décennie. En 2019, l'Académie chinoise des sciences sociales prévoyait que la population culminerait en 2029 à 1,44 milliard d’habitants, et les Nations Unies prévoyaient dans un rapport un pic vers les années 2031-32 à 1,46 milliard de personnes.
Mesures anti-covid, habitude de l’enfant unique, manque de femmes…
Les prédictions se basent sur le taux de fécondité total de la Chine, qui pourrait baisser d'ici à 2030, puis rester stable jusqu'en 2100. Mais malgré une politique nataliste de Xi Jinping, avec l’introduction d'une politique de trois enfants, soutenue par des incitations fiscales l'année dernière, le changement de paradigme s’explique par une réticence inattendue à avoir des enfants à cause des mesures anti-COVID très strictes, qui ont pu contribuer au ralentissement des naissances.
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Selon Xiujian Peng, les théories divergent quant aux raisons pour lesquelles les femmes chinoises restent réticentes à avoir des enfants face aux incitations de l'État : une habitude trop importante à avoir des petites familles, l'augmentation du coût de la vie, ou l'augmentation de l'âge du mariage, qui retarde les naissances et freine le désir d'avoir des enfants. Obligés de n'avoir qu'un seul enfant depuis 1980, de nombreux couples ont opté pour un garçon, ce qui a aussi eu pour résultat un nombre de femmes en âge de procréer plus faible. Le rapport entre les sexes à la naissance est de 106 garçons pour 100 filles.
Des conséquences économiques mondiales
D'ici à 2100, pour 100 Chinois en âge de travailler, il y aura 120 Chinois âgés à la retraite, ce qui provoquera une croissance économique beaucoup plus faible, “à moins que la productivité ne progresse rapidement”, ou qu’un changement significatif dans la politique de retraite n'ait lieu, explique la chercheuse. Le volume des pensions de retraite sera multiplié par cinq, passant de 4 % du PIB en 2020, à 20 % du PIB en 2100.
En outre, la Chine devra consacrer une plus grande partie de ses ressources productives à la fourniture de services de santé, médicaux et de soins aux personnes âgées pour répondre aux demandes d'une population vieillissante. Le commerce mondial devrait en être bouleversé, avec un transfert des centres de fabrication à main d'œuvre bon marché vers des pays comme le Vietnam, l’Inde, et d’autres nouveaux centres de fabrication émergents.
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