La Chine et la Russie en faveur d'une version centralisée de la gouvernance d'Internet
L'Assemblée mondiale de normalisation des télécommunications (AMNT), responsable de la gouvernance d’Internet, décide tous les quatre ans des grandes orientations pour la période suivante. Cette année, la Chine pourrait faire pression en insistant sur un modèle de gouvernance d’Internet plus centralisé, donc moins démocratique.
La Chine souhaite instaurer un nouvel modèle d’adresse IP
L'architecture Internet est souvent décrite comme un réseau de réseaux, avec une gouvernance décentralisée, qui ne donne à aucune entité le pouvoir de le fermer. Ce cadre actuel a été critiqué, car il peut être considéré comme un territoire déréglementé, dominé principalement par de grandes entreprises américaines. La Chine profite de cette "faiblesse" pour proposer un système de réseaux avec des règles spécifiques, appliquées via un VPN (Virtual Private Network) massif. Cela créerait des points de contrôle capables de déchiffrer les communications, d'appliquer une surveillance ou d'arrêter le trafic, détaille Euractiv. Les fournisseurs d'accès à Internet (qui dans de nombreux pays appartiennent à l'État) auraient donc la capacité de surveiller chaque appareil connecté au réseau.
La proposition chinoise est soutenue par les régimes autoritaires
Malgré les avantages indiscutables de l'Internet ouvert, ce système d’adresse IP proposé par la Chine est soutenu par d'autres pays. Selon des informations de la Commission européenne, plusieurs pays africains y sont favorables, car la Chine contrôle à ce jour l'infrastructure TIC dans de nombreux pays du continent. La Commission a averti qu'aucun investissement de l'Union européenne ne serait réalisé si un pays suivait l'exemple de la Chine. Mais, le pays communiste s'appuie aussi sur le soutien de la Russie, avec laquelle elle a signé une déclaration le 4 février dernier, soulignant leur volonté commune de protéger leur droit souverain, notamment en réglementant les segments nationaux d'Internet. Il s'agit là seulement d'un des pans de leur opposition commune face à l'expansion de l'OTAN.
Ont-ils besoin de nouvelles normes ?
Tant en Chine qu'au Cambodge, le contrôle accru des réseaux se fait indépendamment des processus de normalisation internationaux. Si un tel changement d’infrastructure est complexe à instaurer, les régimes autoritaires (qu'ils soient d'Orient ou d'Occident) ne peuvent pas attendre une telle transformation pour mener à bien leurs politiques de censure. Un tel changement pourrait signifier une grande transformation au niveau technique et une grande mobilisation de ressources, car la nouvelle adresse IP proposée n'est pas compatible avec l'adresse IP actuelle. « Cela obligerait le développement de nouvelles applications, de nouveaux matériels, de nouveaux logiciels partout dans le monde », a déclaré Alain Durand, technologue principal à l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN).
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