Livraison des Mistral : tout comprendre sur le contrat qui embarrasse la France
C’est quoi, ces navires?
Selon le site internet du constructeur du Mistral, STX France, ce navire est un "Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) polyvalent couvrant les fonctions opérationnelles de navire amphibie, de porte-hélicoptères, de poste de commandement et de navire hôpital".
Evalué entre 300 et 420 millions d’euros pièce, ce couteau suisse des mers construit dans les chantiers-navals de Saint-Nazaire mesure 199 mètres de long (près de deux terrains de football) et pèse 20.000 tonnes. L’armée française en compte trois en activité et deux sont en cours de construction pour la Russie: le Vladivostok et le Sébastopol.
Où en est-on aujourd’hui?
Signé en juin 2011 au terme d’intenses tractations entre la France et la Russie, dans lesquelles Nicolas Sarkozy s’était personnellement impliqué, ce contrat était présenté comme une aubaine pour l’industrie navale française. D’un montant de 1,2 milliard d’euros pour deux Mistral (plus deux en option) et le transfert de la technologie nécessaire à sa construction, il s’agit du plus important contrat jamais signé entre un pays membre de l’OTAN et la Russie.
Le Vladivostok est achevé et, en juin dernier, 400 marins russes ont débarqué à Saint-Nazaire pour débuter leur formation sur ce type de BPC et le prendre en main. Le Sébastopol est encore en cours de construction sur les chantiers de Loire-Atlantique.
Pourquoi ce contrat embarrasse-t-il la France?
Depuis la signature du contrat, les relations entre la France, et plus largement les pays occidentaux, et la Russie se sont considérablement dégradées. Soutien assumé au régime de Bachar el-Assad, tensions en Ukraine, annexion de la Crimée… Vladimir Poutine se montre de plus en plus belliqueux. Ce qui a amené les Américains, notamment, à remettre en cause la livraison de ces navires sophistiqués. Barack Obama a même insisté auprès de François Hollande pour que le contrat soit suspendu.
Lors de sa conférence de presse semestrielle du 18 septembre, le chef de l’Etat français avait ainsi affirmé que les Mistral ne pourraient être livrés que "si le cessez-le-feu est respecté" en Ukraine, ajoutant aussitôt que "nous n'en sommes pas là". Depuis, c’est le statu quo.
Un enjeu économique important
L’aubaine initiale s’est donc transformée en une immense galère pour la France. Représentant l’équivalent de 1.000 emplois sur quatre ans pour les chantiers STX de Saint-Nazaire, une bouffée d’air frais pour le constructeur, les deux Mistral sont peu à peu devenus un enjeu diplomatique.
Mais certains alliés de la France, comme le Royaume-Uni, sont plus prompts à condamner ce contrat qu’à remettre en question leurs propres partenariats économiques et militaires avec la Russie.
Enfin, le coût de l’annulation du contrat pourrait être faramineux pour la France. "Si le contrat est rompu unilatéralement, l'argent devra être rendu à la Russie et des amendes et pénalités devront être payées", a ainsi récemment déclaré Oleg Botchkariov, le vice-président de la commission militaro-industrielle du gouvernement russe. Un coût que les alliés ne devraient pas se précipiter pour partager.
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