Netanyahou promet une “puissante” opération à Rafah et inquiète les Occidentaux
MONDE - Malgré les avertissements des pays occidentaux, dont la France, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, promet une “puissante” opération terrestre à Rafah, dans la bande de Gaza. Les bombardements se poursuivent et les troupes israéliennes concentrent toujours leurs efforts dans le sud de l’enclave palestinienne. L’hôpital Nasser de Khan Younès, principale ville du sud et épicentre des combats depuis des semaines, a fait l’objet jeudi 15 février 2024 d’un raid de Tsahal, suite à "des renseignements crédibles" indiquant que le Hamas y avait retenu des otages "et qu'il y aurait peut-être des corps d'otages" sur place.
Les pressions de la communauté internationale pour un cessez-le-feu se multiplient tandis que les négociations menées par Le Caire, Washington et Doha, se poursuivent. Ces trois pays travaillent sur un plan de paix durable, qui inclurait une trêve, la libération des otages et un calendrier pour l'établissement, à terme, d'un État palestinien.
Bombardements, frappes d’artillerie et raid sur l’hôpital Nasser
Mardi 13 février, un bulldozer militaire israélien a détruit la porte nord du complexe hospitalier Nasser de Khan Younès. Les troupes ont ordonné aux personnes déplacées et réfugiées dans cette structure de sortir, autorisant les patients et une partie du personnel médical à y rester. Selon Médecins sans frontière (MSF), des tirs d’obus ont tout de même ciblé l’hôpital mercredi, tuant un patient et blessant six autres personnes. Des témoins, parmi lesquels les membres du personnel, ont décrit “une nuit noire, avec un flot de frappes et d’explosions”, en plus des tireurs embusqués sur les toits des bâtiments voisins qui ont aussi tiré et tué trois personnes déplacées.
Dans la foulée, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale pour la santé (OMS), s'est dit "alarmé" par les informations provenant de l'hôpital Nasser, "l'épine dorsale du système de santé dans le sud de Gaza". Il a rappelé que “l'OMS s'est vu refuser l'accès à l'hôpital ces derniers jours”, révélant que ses services ont “perdu le contact avec le personnel”.
Jeudi matin, les forces israéliennes ont fait irruption dans le bâtiment. L'armée israélienne a affirmé disposer de "renseignements crédibles" selon lesquels le Hamas avait retenu des otages à l'hôpital et que les restes des otages pouvaient encore se trouver à l'intérieur. Daniel Hagari, porte-parole en chef de l'armée, a déclaré que l’opération était "précise et limitée" sur place et que les médecins ou les patients ne seraient pas évacués de force.
Un porte-parole du Hamas dénonce des "mensonges" de la part de Tel-Aviv, qui accuse régulièrement le mouvement palestinien de se servir des hôpitaux comme quartiers généraux et des civils comme boucliers humains. Le ministère gazaoui de la Santé a annoncé jeudi un bilan de 28 663 personnes tuées, en majorité des femmes, enfants et adolescents, depuis le début de la guerre à Gaza. La même source dénombre 87 morts entre mercredi et jeudi et 68 395 blessés depuis le 7 octobre.
Hier, l’armée israélienne a également annoncé avoir mené des frappes sur l’autre front, à savoir le Liban, tuant un commandant du Hezbollah, Ali al-Debs, et deux autres de ses associés.
Le Premier ministre israélien, qui a déclaré la semaine dernière avoir ordonné à l’armée de se préparer à se déployer à Rafah, située près de la frontière égyptienne, avait promis la veille, c’est-à-dire mercredi, une “puissante” opération terrestre, faisant fi des avertissements de la communauté internationale. "Nous combattrons jusqu'à la victoire complète, ce qui implique une action puissante à Rafah et ce, après avoir permis à la population civile de quitter les zones de combat", a déclaré Benjamin Netanyahou.
La France avertit contre une opération israélienne à Rafah
Les Nations unies rappellent qu’environ 1,4 million de personnes, soit plus de la moitié de la population de Gaza, s'entassent à Rafah. Cette ville surpeuplée du sud vit depuis quelques semaines dans l'angoisse de l'offensive israélienne. Les États-Unis, l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande ou encore la Norvège ont mis en garde jeudi 15 février le gouvernement Netanyahou contre une opération "catastrophique" à Rafah.
Emmanuel Macron a exprimé à son tour “l’opposition ferme de la France à une offensive israélienne” dans cette ville, évoquant “l'extrême urgence qu’il y avait à conclure, sans plus de délai, un accord sur un cessez-le-feu”. Pour le chef de l’Etat français, il est “impératif d’ouvrir le port d’Ashdod, une voie terrestre directe depuis la Jordanie et tous les points de passage”, pour acheminer de l’aide pour le territoire palestinien.
Il affirme que les opérations israéliennes à Gaza “devaient cesser” car “le bilan humain et la situation humanitaire” sont “intolérables”.
Ces mêmes pays occidentaux ont appliqué une série de mesures contre des colons israéliens, considérés comme les plus violents. La France en a sanctionné 28, jugés extrémistes. "Il n'y a aucune raison que la France ou un quelconque pays extérieur vienne et fasse de l'ingérence", déclare l'un des colons sanctionnés.
Après le refus de la proposition du trio Le Caire-Doha-Washington et de la contre-proposition du Hamas par Israël, les trois pays poursuivaient cette semaine leurs négociations, en compagnie de quelques autres pays arabes. Les États-Unis et leur chef de la diplomatie, Antony Blinken, disent travailler sur un plan destiné à établir une paix durable entre Israël et les Palestiniens, comportant une trêve dans les combats, la libération des otages et un calendrier pour l'établissement à terme d'un État palestinien.
Un cessez-le-feu "d'une durée prévue d'au moins six semaines" est primordial pour la mise en œuvre de ce plan, précise-t-on du côté américain. Deux ministres israéliens d'extrême-droite ont vite réagi, rejetant jeudi l'éventualité d'un plan de paix menant vers la création d'un État palestinien.
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