Pour Netanyahu, "Hitler ne souhaitait pas exterminer les juifs"
Loin de tenter d'apaiser les tensions religieuses qui provoquent les affrontements actuels en Israël, le Premier ministre de l'Etat hébreu a préféré souffler sur les braises, provoquant l'indignation jusque dans son propre camp. En effet, Benjamin Netanyahu a annoncé mardi 20 qu'Adolf Hitler ne souhaitait pas exterminer les juifs, accusant au contraire le mufti de Jérusalem de l'époque, Haj Amin al-Husseini, haut dirigeant musulman dans la Palestine alors sous mandat britannique.
"Hitler ne souhaitait pas exterminer les juifs à cette époque, il souhaitait les expulser", a souligné le Premier ministre israélien. "C'est alors que Haj Amin al-Husseini est allé à la rencontre d'Hitler et lui a dit: +si vous les expulsez, ils débarqueront tous ici (en Palestine, NDLR)+". À en croire Benjamin Netanyahu, Hitler lui aurait alors répondu : "que devrais-je faire d'eux?" Et le mufti de lui répondre: "brûlez-les".
Le Führer et le grand mufti de Jérusalem se sont effectivement rencontré en janvier 1941 alors que le responsable religieux se trouvait en exil en Allemagne après avoir été chassé de la Palestine par les Britanniques en 1937 suite à la Grande révolte arabe de 1936. Cependant, le contenu de leur conversation n'est connu.
Hitler, lors d'un discours au Reichstag (le Parlement allemand sous le IIe Reich, NDLR) le 30 janvier 1939, a déclaré: "je vais à nouveau être prophète, aujourd'hui: si la juiverie financière internationale, hors d'Europe et en Europe, réussissait à précipiter encore une fois les peuples dans une guerre mondiale, alors la conséquence n'en serait pas la bolchévisation de la terre et la victoire de la juiverie, mais l'anéantissement de la race juive en Europe".
Le projet d'élimination systématique des juifs d'Europe avait également été théorisé bien avant la conférence de Wannsee en 1942, qui a entériné le projet, par Alfred Rosenberg, idéologue du régime nazi.
Les propos de Benjamin Netanyahu ont évidemment déclenché une importante polémique. Le ministre de la Défense Moshe Yaalon a semblé prendre ses distances avec les propos du chef du gouvernement. "Bien entendu, Haj Amin al-Husseini n’a pas inventé +la solution finale à la question juive+. L’Histoire montre clairement qu’Hitler l’a initiée. Haj Amin al-Husseini l’a rejoint", a-t-il expliqué, semblant gêné.
Le chef de file du parti Travailliste (centre-gauche israélien), Isaac Herzog, a réagi ce mercredi sur sa page Facebook en évoquant "une dangereuse distorsion historique". Et d'ajouter: "je demande à Nétanyahu de la corriger immédiatement car elle minimise la Shoah, le nazisme et… le rôle d’Hitler dans le désastre terrible de notre peuple".
Faisant marche arrière, le Premier ministre israélien a déclaré à la presse ce mercredi qu’il n’avait pas voulu diminuer le rôle d’Hitler dans la solution finale: "c’est lui le responsable. C’est lui qui a pris la décision. Mais il est absurde d’ignorer le rôle du mufti al-Husseini qui était un criminel de guerre et a encouragé Hitler à exterminer les juifs d’Europe". Netanyahu a également expliqué qu’il entendait faire la démonstration qu’un antisémitisme arabe existait "sans l’occupation et sans les colonies".
De son côté le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erekat, a indiqué que "le chef du gouvernement israélien hait son voisin au point qu’il soit disposé à absoudre le plus grand criminel de l’histoire, Adolf Hitler, du meurtre de six millions de juifs pendant l’Holocauste".
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