Pourquoi la Chine fait-elle toujours partie des pays bénéficiaires de l’aide française au développement ?
Dans le cadre des rapports de l'Assemblée pour le projet de loi de finances pour 2022, l’annexe numéro 5 concerne le budget alloué à l’aide au développement. Depuis le début de la législature, les crédits du budget pour la mission “Aide publique au développement” sont ceux qui ont le plus augmenté (de 82 % entre la loi de finances initiale pour 2018 et le projet de loi de finances pour 2022) et cela à cause de la reconstitution de l’association internationale de développement. Le député des Républicains Marc Le Fur, rapporteur spécial pour cette partie, remarque une dynamique budgétaire satisfaisante malgré quelques améliorations possibles et signale un manque de cohérence en ce qui concerne l’aide publique à la Chine, qui bénéficie toujours des subsides de l’aide française au développement, alors qu’il s’agit d’une des premières puissances économique du monde.
La Chine, en passe de devenir la première puissance mondiale et pourtant toujours bénéficiaire de l’aide au développement
En 2020, la Chine est le neuvième principal bénéficiaire de l’APD bilatérale, devant des pays comme le Burkina-Faso ou le Cameroun. Le rapporteur spécial déplore, face au constat que la Chine, en passe de devenir la première puissance économique mondiale, ait reçu 371 millions d’euros d’aide française au développement, sur la période 2018-2020. Cette aide se manifeste principalement dans la coopération universitaire. Pour l’année 2019-2020, 16 684 étudiants chinois étaient présents en France.
La Chine avantagée par son statut de pays en voie de développement
Marc Le Fur explique que si ces aides incompréhensibles sont distribuées, c’est tout simplement parce que l’OCDE la considère toujours comme un pays en voie de développement, en raison de son PIB par habitant. Cet indicateur est calculé en divisant le PIB global du pays par la population. En raison du nombre colossal de sa population (1,4 milliard de personnes), il n’est pas étonnant que la Chine n’ait pas dépassé ce seuil de "développement". Selon le député Marc Le Fur, il serait pourtant impératif de considérer aujourd’hui la Chine comme un pays développé. "Il est temps de mener une action résolue auprès du CAD afin de modifier ces critères : au regard du niveau de développement de la Chine et de son influence grandissante dans un grand nombre de pays réellement en développement".
Réorienter le budget en fonction des enjeux migratoires
Une fois que la Chine sera dépossédée de son statut de pays en développement, l’aide française pourra se concentrer vers l’Afrique, et le Moyen-Orient. Le député recommande également d’initier une réflexion concernant la valorisation dans l’aide au développement des enjeux migratoires. Il souligne par ailleurs que des indicateurs de performance devront être insérés au sein du programme 370 Restitution des « biens mal acquis », dispositif permettant de restituer les produits issus de la vente des avoirs tirés de corruption, dits « biens mal acquis », aux populations lésées. Ce dispositif, n’étant pas encore doté de crédits, ne comporte à ce jour aucune information relative à la performance.
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