La Russie mise sur la surveillance du web avec son projet Oculus
Au début du mois d'août, la Russie a investi 57 millions de roubles (près d'un million d'euros) dans un projet de surveillance sur Internet : Oculus. Désormais, une intelligence artificielle sera chargée d’analyser l'entièreté du web et de signaler les informations interdites. La liste est longue, mais le projet a peu de chances d'aboutir réellement.
Le Kremlin n'est pas le premier à miser sur la surveillance internet ; partout dans le monde, les États s'appuient de plus en plus sur l’intelligence artificielle pour détecter le comportement qu’ils jugent "illégal" sur le web.
En Russie, c'est la société Eksikyushn qui a bénéficié des 57,7 millions de roubles pour le développement d’une technologie de "deep learning", capable d’analyser photos, vidéos et textes sur des sites web, des réseaux sociaux et des messageries instantanées. Tout cela à une vitesse théorique de deux images par seconde. L'idée est simple : détecter tant que faire se peut des informations interdites, telles que la promotion de l'homosexualité, la fabrication de drogues et d'armes, ou encore les signes d'extrémisme.
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Le système devrait être mis en place d'ici à décembre 2022... Un délai que les experts jugent trop court, surtout par rapport au budget alloué.
Selon le média russe Kommersant, des spécialistes proches du projet affirment qu'en réalité, il est presque impossible de mettre en œuvre un tel système, non seulement à cause du délai trop court pour entraîner les algorithmes et mettre en place la technologie, mais aussi parce que le but semble inatteignable. Le PDG de Smart Engines, Vladimir Arlazarov, estime qu’une marge d’erreur doit être prise en compte. Au niveau actuel de développement informatique, les tâches indiquées pourraient être résolues, selon le spécialiste, avec une qualité d'environ 90 %, c'est-à-dire avec 10 % d'erreurs. Par ailleurs, comme le signale le site Numerama, un tel système de censure ne peut être réellement efficace que si les utilisateurs naviguent sur un même réseau. En Chine, par exemple, "les Chinois surfent exclusivement sur Baidu et discutent sur WeChat", ce qui facilite la surveillance. Or, en Russie, le moteur de recherche Yandex ne fait pas encore l'unanimité ; les utilisateurs disposent d'autres outils pour naviguer sur le web à l'abri de l'œil de Moscou.
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