Sommet du G20 : une journaliste russe persona non grata à la conférence de Macron, Moscou exige des excuses pour un acte "raciste" et "discriminatoire"
INFORMATION - Une journaliste russe a été empêchée de couvrir la conférence de presse du président Emmanuel Macron lors du sommet du G20, qui s’est déroulée les 9 et 10 septembre à New Delhi en Inde. Ekaterina Nadolskaya, rédactrice en chef du média Russia News, a été refoulée par le service presse de l’Élysée, selon une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Le ministère russe des Affaires étrangères, qui a confirmé l’information, a critiqué un acte "raciste" et "discriminatoire", exigeant des excuses de la présidence française.
Le sommet du G20, présidé par le Premier ministre indien Narendra Modi, s’est clôturé samedi 10 septembre dans la capitale indienne, en l'absence des présidents chinois, Xi Jinping, et russe, Vladimir Poutine. Les participants ont abouti, malgré les réticences des observateurs à la veille de ce rendez-vous, à une déclaration finale consensuelle, que le Président français a évoqué lors de sa conférence de presse tenue à la mi-journée. Emmanuel Macron a jugé "insuffisants" les résultats de ce sommet en matière de climat, évoquant, par la même occasion, le puissant séisme qui a fait plus de 2.100 morts au Maroc et le coup d’État au Niger.
Les journalistes russes personae non gratae
Des sujets abordés devant un parterre de journalistes, parmi lesquels ne figurait pas Ekaterina Nadolskaya. Selon une vidéo filmée par elle-même, la rédactrice en chef du média Russia News n’a pas été autorisée à assister à la conférence de presse du président français. Les images, diffusées sur les réseaux sociaux, la montraient en train d’essayer d’obtenir des explications de la part d’un homme, présenté comme un membre du service presse de l’Élysée. "Pourquoi les journalistes russes ne peuvent pas [entrer à la conférence de presse de] Macron ?", l’interroge-t-elle, sans obtenir de réponses.
La vidéo, qui dure une cinquantaine de secondes, montre ensuite les journalistes d’autres nationalités accéder sans obstacle à la salle de conférence. La séquence a été interrompue par une autre employée, qui a tenté de confisquer ou de faire tomber le téléphone d’Ekaterina Nadolskaya.
Russia demanded an apology from France to Russian journalists who were rudely not allowed to attend Macron's press conference at the G20 summit in New Delhi.
— Sprinter (@Sprinter99800) September 11, 2023
An employee of Macron’s press service even tried to break the phone of Russia News editor-in-chief Ekaterina Nadolskaya,… pic.twitter.com/7tQ0B1sCLX
Des scènes qui ont fait réagir la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russes (MAE). Dans un communiqué, Maria Zakharova a annoncé que "la rédactrice en chef de Russia News, Ekaterina Nadolskaya, s'est vue refuser brutalement l'accès à la conférence du Président français Emmanuel Macron au sommet du G20 à New Delhi. De plus, les Français ont tenté de casser son téléphone portable".
Pour Moscou, le refoulement de Nadolskaya est une "discrimination" basée sur la nationalité de cette journaliste. Un acte "raciste", affirme Mme. Zakharova, qui s’interroge si "les médias occidentaux, inquiets de la liberté d’expression et soucieux des droits (par exemple, Politico Europe), ne remarqueront pas encore une fois cette nouvelle attaque de l’équipe de Macron contre les médias russes. Seront-ils encore surpris par nos mesures de représailles ?", écrit-elle.
Moscou exige des excuses officielles
La porte-parole du MAE accuse la France, "avant-garde des pseudo-démocraties occidentales", de faire preuve de "discrimination raciale" et de "violations des principes fondamentaux de la démocratie".
"Non seulement Paris a lancé une véritable ‘chasse aux sorcières’ au sein son propre espace d’information, détruisant pratiquement la présence médiatique des radiodiffuseurs russes, ils n’hésitent pas aussi à exporter ce mépris du pluralisme des opinions et des droits des médias (...) aux pays auxquels la France prêche depuis des décennies la démocratie et la liberté d’expression", lit-on.
💬 М.В.#Захарова: Сегодня главреду Russia News Е.Надольской в грубой форме отказали в допуске на пресс-конференцию @EmmanuelMacron на саммите #G20. Причина — она представляет российское СМИ.
— МИД России 🇷🇺 (@MID_RF) September 10, 2023
❗️ Требуем извинений от Елисейского дворца в её адрес.
🔗 https://t.co/ik0jb1smwz pic.twitter.com/0v9I8FbkAy
À l’opposé d’Ekaterina Nadolskaya, "personne n’a empêché le correspondant et le cameraman de l’AFP de couvrir la conférence de presse du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à l’issue du sommet du G20". En outre, les représentants de 11 médias français sont toujours accrédités en Russie et ont "un libre accès aux événements de presse du ministère", poursuit la porte-parole du MAE.
Maria Zakharova affirme que cet incident est "une manifestation flagrante de racisme car il repose sur un acte de discrimination fondée sur la nationalité". Moscou exige des excuses de l’Élysée auprès de la journaliste Ekaterina Nadolskaya.
Quelques jours après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, la Commission européenne a annoncé l’interdiction de diffusion des médias russes comme Sputnik et Russia Today (RT) sur le territoire européen.
En France, la branche de RT a annoncé en janvier 2023 sa "fermeture", au lendemain du gel de ses comptes bancaires. "Après 5 années d’acharnement, les autorités au pouvoir sont donc parvenues à leurs fins : la fermeture de RT France (…) La Direction générale du trésor a décidé de geler les comptes bancaires de RT France rendant impossible la poursuite de notre activité", avait annoncé sur Twitter Xenia Fedorova, présidente et directrice de la chaîne.
"Le gel des comptes de RT France entraînera des mesures de rétorsion contre les médias français en Russie. Elles resteront dans les mémoires si les autorités françaises ne cessent pas de terroriser les journalistes russes", a réagi la Russie.
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